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Un des exemples les plus probants à cet égard prend la forme d’un immense bâtiment de 18 000 pieds carrés répartis sur trois étages au centre-ville de Rouyn-Noranda. Il accueillera sous peu les bureaux régionaux de la FTQ et de ses syndicats affiliés. Toujours à Rouyn-Noranda, le futur Pavillon des sciences de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) fera lui aussi fortement appel au bois.

Avantages méconnus

Selon Guy Leclerc, architecte au Groupe conseil ArtCAD, le bois comporte en effet plusieurs caractéristiques avantageuses dans la construction d’édifices d’envergure. « Outre son aspect esthétique indéniable, le bois ne capte pas le froid comme l’acier ou le béton. Il offre aussi une flexibilité sans pareil pour des modifications de dernière minute », a-t-il mentionné.

De plus, même s’il s’agit d’un combustible, le bois présente une résistance au feu supérieure à l’acier. Attaquée par les flammes, une poutre de bois prendra en effet beaucoup plus de temps à céder que sa vis-à-vis en acier. « On n’a qu’à voir comment réagit une grosse bûche jetée dans un foyer pour s’en rendre compte. Souvent, le feu finit par s’éteindre et la bûche est encore intacte, bien que noircie. Le métal, quant à lui, fond rapidement », a indiqué l’architecte.

Une question idéologique

Le recours croissant au bois en Abitibi-Témiscamingue revêt aussi une importance au niveau idéologique. « La structure en bois de notre nouveau siège social régional nous a coûté beaucoup plus cher que si elle avait été en acier. Par contre, nous avons valorisé une ressource de notre région, qui a en plus été coupée, sciée et usinée dans notre région. Notre choix a donc permis de garantir des emplois chez nous », a fait valoir Gilles Chapadeau, conseiller régional à la FTQ.

En outre, le projet de la FTQ constitue le premier cas d’immeuble d’envergure de trois étages entièrement construit en bois à l’extérieur des régions de Montréal et de Québec. « Nous avons attiré beaucoup de curieux. Reste maintenant à espérer d’avoir suscité un intérêt dans la région », a commenté M. Chapadeau.

Matière méconnue

Car, de l’avis de Guy Leclerc, même si le Québec vante sa culture forestière, le bois demeure un matériau de construction méconnu. « En Europe, c’est un matériau très courant dans les projets d’envergure. Au Québec, nous avons perdu ce savoir. Nos entrepreneurs sont peu habitués à travailler avec le bois, par exemple le couvrir quand il pleut pour éviter qu’il se déforme. Même les architectes et les ingénieurs ont de la misère à déterminer comment tel ou tel type de bois réagira sous telle ou telle condition », a-t-il déploré.

Un défi de six étages

C’est pour inviter les gens à se réapproprier le bois que M. Leclerc a mis sur pied le projet de construire à Rouyn-Noranda un édifice de six étages de haut dans lequel on retrouverait pas moins de 45 logements locatifs. Sa particularité? Tout y serait en bois, de la structure aux cloisons, en passant par les murs intérieurs et extérieurs.

Même si Ottawa a retenu ce projet comme l’un des quatre démonstrateurs du genre à travers le pays, l’architecte ne peut toujours pas aller de l’avant. C’est que le Code du bâtiment actuel n’autorise pas plus de quatre étages dans ce type d’édifice. « On essaie de changer les mentalités, de démontrer tous les avantages physiques et écologiques à recourir au bois, mais je reconnais que la bouchée est grosse à faire avaler », a soupiré l’architecte. Il y a pourtant urgence en la demeure: la subvention que doit recevoir Guy Leclerc est conditionnelle à ce que la structure soit montée au 31 mars 2011.

Le jeu en vaut la chandelle

Les deux hommes soutiennent que le jeu en vaut la chandelle. « Il est illogique qu’on recourt au Québec à de l’acier fabriqué dans le sud de l’Ontario, alors que nous avons du bois d’excellente qualité partout dans notre cour arrière, a fait valoir Gilles Chapadeau. Actuellement, le bois coûte beaucoup plus cher que l’acier parce que la demande n’est pas là, a renchéri M. Leclerc. Mais si la Régie du bâtiment accepte de modifier ses règles et qu’on change les mentalités, les projets vont se multiplier. Conséquemment, les coûts vont baisser. On risque même de voir naître de nouvelles entreprises, avec les emplois qui vont avec ».

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