Malheureusement, plusieurs industriels les négligent, une bien mauvaise décision qui peut coûter très cher.
« Le bon lubrifiant peut faire la différence entre une machine qui fonctionne bien ou pas. Quand cela arrive, les frais de réparation grimpent rapidement. Comment peut-on mettre 500 000 $ sur de l’équipement, mais investir sur un litre d’huile qui n’est pas de la meilleure qualité? C’est un paradoxe que je ne comprends pas », mentionne M Cininni.
C’est donc sans relâche que les représentants travaillent à expliquer l’importance de choisir un lubrifiant adapté tant auprès des entrepreneurs que des employés de l’entretien.
« Ces employés connaissent les machines et se fient sur leur expérience. Cependant, comme dans tout, les choses évoluent. C’est à nous de bien les conseiller pour provoquer l’essai d’autres produits. La qualité et le rendement vont ensuite faire le reste », mentionne Marc Cloutier, président chez Hipertech, qui se spécialise dans la fabrication de lubrifiants haut de gamme.
Déterminer ses besoins, voici la clé qui permet de choisir le bon produit. Sur le marché, il existe trois types de lubrifiants industriels : les graisses, les pâtes et surtout, les huiles, qui sont les plus populaires et se déclinent en version minérale ou synthétique.
« Comment peut-on mettre 500 000 $ sur de l’équipement, mais investir sur un litre d’huile qui n’est pas de la meilleure qualité? C’est un paradoxe que je ne comprends pas. » Julian E. Cininni, vice-président exécutif chez Total Lubrifiants Canada.
Un lubrifiant minéral peut très bien effectuer son travail tant et aussi longtemps qu’il n’a pas atteint sa limite en matière de performance et qu’il permet de répondre aux exigences du système d’engrenage. Si cela n’est plus suffisant, on peut améliorer ses propriétés par l’ajout d’additifs.
« L’utilisation d’additifs a considérablement augmenté et s’est diversifiée au fil des ans. La concentration des additifs utilisés dans les lubrifiants varie considérablement et le fabricant d’huile peut choisir la combinaison qui est la plus utile et la mieux adaptée à l’usage précis pour lequel l’huile sera utilisée », souligne Marc Cloutier.
Cette amélioration a toutefois ses limites. Certains additifs peuvent avoir des effets favorables d’une part, et défavorables d’autre part, ou leur comportement peut être influencé par d’autres additifs.
En raison de leurs coûts élevés, l’utilisation n’est justifiée que si le rendement du produit fini s’en trouve sensiblement amélioré. « Une trop forte dose d’additifs peut devenir dommageable. Ceux-ci ne permettront pas de faire d’une huile de basse qualité, un produit de première qualité; ils peuvent cependant améliorer sensiblement une huile de haute qualité.»
Si cela n’est pas suffisant, les entrepreneurs peuvent se tourner vers les huiles synthétiques. Ce créneau est d’ailleurs en expansion dans la province. Plus avantageuses lorsqu’il y a des conditions sévères d’opération ou de températures, les prix peuvent toutefois en rebuter plusieurs puisqu’elles peuvent être jusqu’à dix fois plus chères.
« Leurs formulations requièrent des additifs qui peuvent être spéciaux et plus coûteux. Généralement, ils peuvent dépasser les performances d’une huile minérale, mais ils ne sont pas des huiles miracles », mentionne M. Cloutier.
Un autre créneau de plus en plus important est celui des lubrifiants biodégradables. Malgré leur valeur verte, ce choix n’est pas toujours un excellent choix selon M. Cloutier. « Ils offrent un moins bon rendement et sont plus onéreux. Malgré tout, les entreprises tendent vers cela pour se donner une image environnementale. »
Même si M. Cloutier se garde des réserves à l’endroit des lubrifiants biodégradables, cela ne veut pas dire pour autant que l’environnement ne soit pas au cœur des préoccupations des fabricants. Au contraire, les consciences environnementales ont beaucoup évolué au cours des 20 dernières années.
Avant 2004, selon Recyc-Québec, soit antérieurement à la mise en place des programmes de récupération, on estimait à environ 30 millions de litres d’huiles usées non récupérées par les réseaux de collecteurs certifiés.
Quand on sait qu’un seul litre d’huile peut contaminer des milliers de litres d’eau, pas étonnant que le gouvernement ait adopté le Règlement sur la récupération et la valorisation des huiles usagées, des contenants d’huile ou de fluide et des filtres usagés.
À la suite de cette réglementation, l’industrie n’a pas tardé à se prendre en main et a formé la Société de gestions des huiles usagées (SOGHU). Cette société privée à but non lucratif, fondée en 2004, regroupe aujourd’hui 263 membres venant d’entreprises détentrices de marques ou importatrices au Québec d’huiles lubrifiantes et de filtres à huile, à diesel ou à mazout léger.
« Ces entreprises se sont engagées à remettre à la SOGHU des redevances en fonction de leurs ventes, afin de financer les activités de récupération et de mise en valeur. Ces entreprises doivent rendre compte de leurs activités de récupération directement au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs », mentionne Recyc-Québec.
L’initiative fonctionne à merveille selon Gilles Goddard, directeur général de la SOGHU, puisque 90 % des huiles sont désormais récupérées. Ce qui dépasse largement l’objectif de 75 % fixé en 2008 par le gouvernement.
En plus de sauvegarder l’environnement, la récupération de ces huiles leur donne une seconde vie. L’huile usagée peut servir au recyclage, ainsi régénérée, et servira à produire un nouveau lubrifiant. Mais dans 86,5 % du temps, son usage sera surtout destiné à la revalorisation énergétique.
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