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Le regroupement de Linde et de Praxair bouleverse l’industrie des gaz industriels

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Le secteur des gaz industriels a subi de grands changements qui ont bouleversé le milieu dans les derniers mois. La vente d’actifs de Linde en Amérique du Nord et en Amérique du Sud à un consortium formé par Messer pour 3,3 milliards $ (2,8 milliards d’euros) a eu l’effet de secouer les colonnes du temple. Ces cessions s’inscrivent dans le cadre de ses efforts pour obtenir l’aval des autorités de la concurrence à sa fusion avec l’américain Praxair.

Pour Karl Villeneuve, Directeur National Ventes PGP chez Messer, ces changements feront en sorte, pour l’industrie canadienne des gaz industriels, que trois grands joueurs vont continuer à se faire compétition au pays, soit : Air Liquide, Linde et Messer.

« Messer reste un joueur mondialement important. C’est aussi la plus grande société de gaz industriel à capital fermé. Cela comporte des avantages parce que nous pouvons être beaucoup plus entrepreneuriaux, plus rapides et plus innovateurs, des avantages qu’une entreprise d’envergure privée peut avoir, et nous ne sommes pas soumis aux lois de la bourse », affirme M. Villeneuve.

Cette transformation oblige l’entreprise à poursuivre son travail sur la voie de trouver des solutions innovantes de productivité pour ses clients, surtout en raison de la rareté de la main-d’œuvre.

« Nous n’avons pas le choix de nous tourner vers des solutions de compétitivité, que ce soit des machines plus performantes, de la robotique ou bien des outils qui permettent de faire plusieurs opérations en même temps. La rareté de la main-d’œuvre devient de plus en plus importante dans notre domaine. Il nous faut regarder la possibilité de diversifier les industries dans lesquelles nous sommes actifs », précise Karl Villeneuve.

Le Bureau de la concurrence s’est prononcé

Rappelons que le Bureau de la concurrence a annoncé en octobre 2018 avoir conclu une entente avec Linde et Praxair, Inc. dans le but de résoudre les préoccupations en matière de concurrence suscitée par leur projet de fusion. Cette entente a permis de préserver la concurrence dans le secteur de la fourniture de certains gaz industriels au Canada.

Après examen, le Bureau a conclu que la fusion proposée entraînerait vraisemblablement une diminution sensible de la concurrence dans les marchés de la fourniture de certains gaz industriels. Pour résoudre ces préoccupations, l’entente par voie de consentement exige la vente des actifs canadiens de Linde, y compris les installations de production, les postes de remplissage, les sites de vente au détail, les contrats d’approvisionnement et des clients, de même que certains éléments de propriété intellectuelle.

Étant donné que Linde et Praxair mènent leurs activités dans d’autres pays et considérant la nature internationale de cette transaction, le Bureau de la concurrence avait également coordonné l’examen avec d’autres organismes, entre autres la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis et la Commission européenne.

« Fournir un service continu et fiable »

Du côté de Praxair, Martin Ouellet, directeur général des ventes, estime pour sa part que la fusion entre Linde et Praxair marque « un jalon historique » qui a pour effet direct de créer un nouveau chef de file de l’industrie qui combine des effectifs de 80 000 personnes qui sont réparties dans plus de 100 pays.

« La nouvelle société Linde démultipliera tant les forces de Linde que celles de Praxair et fournira toute une panoplie encore plus complète de produits et de solutions pour nos clients, à une échelle mondiale encore plus étendue. Avec sa gamme de technologies et son expertise, la nouvelle entreprise sera en mesure de développer de nombreux produits et solutions et d’assurer la prestation des services connexes à ces produits et solutions », mentionne M. Ouellet.

« Notre priorité absolue est de continuer de fournir un service continu et fiable. Nous avons été minutieux quant aux processus que nous avons adéquatement mis en œuvre pour nous assurer d’une intégration harmonieuse et anticiper ce changement sans heurts, c’est-à-dire sans incidence sur l’approvisionnement fiable en produits et services. En ce qui concerne Praxair Canada inc., nous poursuivrons toutes nos activités d’exploitation en continuant d’utiliser notre nom de marque Praxair jusqu’à nouvel ordre », ajoute-t-il du même souffle.

Une stratégie pour rester un leader

Enfin, pour Air Liquide, cette transformation dans le secteur des gaz industriels a obligé l’entreprise à maintenir le cap pour demeurer un leader mondial et pour rester compétitive grâce à une stratégie qui se décline selon trois différents piliers : la transformation numérique, l’expérience client hors pair et l’innovation. L’entreprise entend déployer un nouveau portail client d’ici la fin de l’année 2019.

Aux dires de Sébastien Boden, qui est vice-président, Fabrication métallique, Air Liquide serait aussi déployé prochainement dans le monde, en plus du Canada, « la meilleure solution qu’il y a sur le marché » : le Exeltop.

« Il s’agit d’une solution qui offre, d’un côté, de la performance grâce à un détendeur intégré à double détente qui permet notamment une plus grande stabilité et de précision pour les opérations de soudage. Il y a la possibilité de connexion plus rapide. Enfin, c’est une nouvelle solution offrant une plus forte résistance que nos produits précédents, car il s’agit d’un chapeau métallique qui englobe cette tête, et qui est plus robuste », précise M. Boden.

Sébastien Boden rappelle aussi qu’Air Liquide a inauguré en novembre 2018 un Centre de fabrication avancé (CFA) sur le Campus Innovation Delaware, situé aux États-Unis. Ce centre d’expertise industrielle, qui soulignera son premier anniversaire, a pour mission d’accélérer le processus d’innovation, pour améliorer et développer des technologies de fabrication plus efficaces et ainsi aider leurs clients à relever durablement les défis de demain.

En dépit de tous ces changements qui secouent grandement le secteur des gaz industriels, l’industrie continue de travailler sans relâche pour trouver des solutions de productivité pour leurs clients. Cette industrie est devenue de plus en plus exigeante, particulièrement dans le contexte actuel de rareté de la main-d’œuvre. Les entreprises veulent des solutions toujours plus adaptées à leurs particularités et des équipements toujours plus performants et innovants pour augmenter l’efficacité et la sécurité de leurs opérations.

Par Alexandre Lampron

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