Même avec le prix des métaux qui bat des records, les défis demeurent nombreux pour la seule fonderie de cuivre au Québec.
La fonderie Horne serait sans doute fermée depuis longtemps si l’entreprise n’avait pas pris le virage du recyclage des matériaux complexes, sa spécialité et sa vache à lait. Chaque mois, 2,5 millions de livres de matériel électronique, que l’on retrouve dans les ordinateurs, les cellulaires, les imprimantes et autres, aboutissent à Rouyn-Noranda en provenance de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Nord.
«De plus en plus, les dirigeants d’entreprises souhaitent que leurs produits soient disposés d’une manière verte sans aucun déchet. C’est ce qu’on leur permet de faire. Les métaux que l’on retrouve dans le matériel électronique comme l’or, l’argent, le cuivre, le platine et le palladium ont ainsi une deuxième vie», soutient le directeur de la fonderie Horne, Marcel Faucher.
La fonderie Horne peut s’enorgueillir d’être la meilleure entreprise au monde pour traiter ces matériaux complexes. «La créativité de nos employés et leur expérience avec notre réacteur, installé en 1973, permet de réussir là où nos compétiteurs ont de la difficulté. Pour conserver notre avantage, il faut cependant continuer à innover puisque la concurrence mondiale est forte», soutient M. Faucher.
Pour réussir à donner une deuxième vie à ces métaux, il faut cependant les mélanger avec du concentré de cuivre vierge provenant de mines de cuivre. Or, les mines de cuivre au Québec et en Ontario sont en voie de disparition. La fonderie doit donc payer pour transporter du concentré de mines provenant de l’extérieur. «Sur 840 000 tonnes de matériel traité en 2006, seulement 80 000 provenaient du Québec ou de l’Ontario. Ça nous a coûté 7M $ de plus en transport en 2006 qu’en 2005. On doit faire venir notre concentré de plus en plus loin et le coût de l’essence ne cesse de grimper», déplore M. Faucher.
Pour donner un coup de pouce à la fonderie Horne, le gouvernement du Québec a mis en place le Plan cuivre afin de trouver de nouveaux gisements. D’ici 2009, Québec réalisera différents travaux pour démontrer aux investisseurs que la région recèle encore d’importantes ressources de cuivre.
«C’est encourageant, mais ça ne donnera pas de résultats à court terme. Idéalement, il faudrait tripler nos approvisionnements locaux. En attendant, on tente de réduire nos coûts d’énergie et augmenter notre productivité», raconte M. Faucher.
Au chapitre de la productivité, la fonderie Horne a fait ses devoirs. À la suite de la grève de 11 mois qui a pris fin en 2003, le nombre d’employés est passé de 800 à 550, mais en 2006, l’usine a produit 180 000 tonnes de cuivre, soit sensiblement le même niveau qu’avant la grève.
«En 2001, chaque heure travaillée par un employé produisait 0,54 tonne de cuivre. En 2006, chaque heure travaillée en produisait 0,88. Nous avons enlevé les activités qui n’avaient pas de valeur», raconte M. Faucher.
Le cuivre et les matériaux complexes sont coulés en anode de cuivre pur à 99,1% pesant 334 kilos chacune. Elles sont ensuite transportées vers Montréal à l’affinerie CCR. À cet endroit, on purifiera le cuivre à 99,99% en séparant un à un les autres métaux comme l’or ou l’argent.
En plus de toute cette réorganisation, la fonderie Horne a vécu beaucoup de turbulence au niveau de sa direction. L’entreprise, qui appartenait depuis toujours à Noranda, a vécu en 2004 la fusion avec son concurrent Falconbridge. Cette dernière a été avalée en 2006 par la Suisse Xstrata.
Dans les années 1970, Rouyn-Noranda était considérée, à juste titre, comme une des villes les plus polluées en Amérique. En 1970, la fonderie Horne a rejeté 620 000 tonnes d’anhydride sulfureux dans l’atmosphère, acidifiant une grande partie des sols et des lacs de la région.
En 1989 cependant, la mise en opération de l’usine d’acide sulfurique a permis de réduire de plus de 90% ces émissions. En plus du cuivre, la fonderie produit ainsi 600 000 tonnes d’acide sulfurique chaque année. Et plus récemment, ce sont les retombées d’arsenic qui ont inquiété les autorités et la population.
«Nous avons mis en place des mesures qui ont permis de réduire de façon importante les retombées d’arsenic dans le quartier Notre-Dame», affirme M. Faucher. Voilà autant de bonnes nouvelles qui s’enregistrent dans un contexte à l’intérieur duquel les efforts environnementaux sont très bien accueillis socialement et qui démontrent la bonne foi d’un citoyen corporatif comme la fonderie Horne.