« L’un de nos avantages est justement que nous sommes relativement petit par rapport à plusieurs immenses fabricants de remorques des États-Unis. Eux ne peuvent avoir la flexibilité manufacturière que nous avons. Ils ont des usines hautement informatisées, ultra-performantes, pour faire d’importants volumes. Ici c’est une usine vivante, avec des gens qualifiés qui adaptent, modifient et inventent des produits de haute qualité qu’on ne retrouve pas ailleurs. Ce sont des raisons qui expliquent qu’on a vendu l’an dernier à des Américains des remorques de 200 pieds pour le transport de pales d’éoliennes. « On a fait le tour et vous avez la meilleure technologie», nous ont-ils dit. Et ça, ça fait plaisir à entendre », précise Claude de Lachevrotière, directeur général des ressources humaines de Temisko, un fabricant situé à Notre-Dame-du-Nord en Abitibi-Témiscamingue.
À Québec, la directrice commerciale de Fourgons Élite Diane Bergeron explique que c’est d’abord l’esprit créatif des Québécois qui permet de tirer son épingle du jeu.
« Nous sommes un jeune peuple, qui a réussi à s’adapter à un environnement difficile pour survivre et se développer. À cause de ça, on va souvent au delà du standard, de ce qui est habituellement fait. Par exemple on a fait récemment des véhicules pour Subaru, qui sont des ateliers mécaniques mobiles pour les courses d’auto, qui sont utilisés partout où il y a du rallye».
Diane Bergeron ajoute que cette aptitude à comprendre les besoins des gens et à s’adapter fait en sorte que nous avons les connaissances requises à propos des structures des camions sur lesquelles on assemble ces véhicules-ateliers. Et que nous n’hésitons pas à utiliser des techniques nouvelles, mais également des matériaux d’ici comme l’aluminium, qui ont fait depuis longtemps leurs preuves.
L’esprit beauceron ou scandinave d’Amérique du Nord
« Les gens de la Beauce ont réussi à développer un esprit entrepreneurial qui est probablement le plus élevé par personne de tout le Québec. Et je pense que nous sommes, le Québec dans son ensemble, les Beaucerons de l’Amérique du Nord. Sans embarquer dans des questions politiques, nous avons une saveur locale, nous sommes principalement francophones dans une mer d’anglophones. Nous avons souvent su répondre à nos propres besoins d’une façon différente. Cela se rapproche probablement de ce que les Scandinaves sont pour le reste de l’Europe, isolés au Nord», exprime Daniel Boileau, responsable des communications d’Équipements Twin, une entreprise spécialiste dans les véhicules-ateliers, entre autres importatrice des grues italiennes Ferrari.
Les Québécois sont souvent considérés comme des « patenteux », des personnes débrouillardes, ingénieuses, s’adaptant facilement aux défis d’un climat difficile ; et qui possèdent effectivement plusieurs traits en commun avec les Scandinaves. Considérons d’abord leur climat nordique ; leurs durs hivers le long de la mer Baltique. Mais également leur faible population : environ cinq millions de personnes chacun pour la Finlande, la Norvège et le Danemark ; seule la Suède en compte presque le double avec 9,6 millions d’habitants. Et pourtant leur influence manufacturière et de design se fait sentir souvent : à chaque fois que nous utilisons une scie à chaîne Husqvarna ou Jonsered, la dynamite d’Alfred Nobel, des roulements à billes créés par la compagnie SKF, des véhicules d’entrepôt ou de port Kalmar, des grues Hiab, des haut-parleurs pour la musique, des meubles variés, des ceintures de sécurité dans nos véhicules, des camions Volvo, des clés ajustables dans nos ateliers ou encore des fermetures Éclair sur nos vêtements !
S’adapter aux besoins et conditions
Quelque part entre l’Europe et l’Amérique, les Québécois sont également bien placés pour intégrer dans leurs produits et façons de faire des technologies développées ailleurs. C’est par exemple le cas chez Fourgons Leclair, dont les véhicules réfrigérés comportent de grands panneaux en une seule pièce provenant de Rolfo Plastic Gall.