Toutefois, la directrice générale du CIBIM, Annick Van Campenhout, n’a pas dit son dernier mot. Elle a bien l’intention de relancer le projet après les élections municipales de novembre, selon les résultats qui vont en découler.
«Nous avons mis beaucoup d’énergie pendant des années. Ottawa, Québec et la Ville de Montréal nous ont soutenus depuis le début, mais les discussions ont achoppé au moment où il était question de négocier le prix d’achat du terrain. C’est alors que le maire Gérald Tremblay a considéré qu’il valait mieux investir ailleurs».
Le pôle bioalimentaire est un projet d’incubateurs pour les entreprises alimentaires sur l’Île de Montréal. Situé sur un terrain d’un million de pieds carrés, le CIBIM aurait acquis un espace de 100 000 pieds carrés, rue Hochelaga, face aux anciens entrepôts de la chaîne alimentaire Steinberg, pour y construire un immeuble comprenant toutes les installations nécessaires pour venir en aide aux entrepreneurs en démarrage et aux entrepreneurs saisonniers. L’objectif était de leur faire réaliser des économies d’échelle grâce au partage des multiples ressources mises en commun.
Le montage financier était complété et les investissements représentaient un déboursé de 12 millions de dollars des trois paliers gouvernementaux. «Pour remettre le projet en marche, il faut une réelle volonté politique. Tout est prêt et cela répondrait aux besoins d’une centaine de producteurs par année».
En comparant les statistiques de 2006 à celles de 2009, l’industrie des aliments et boissons sur le territoire montréalais se maintient. Son produit intérieur brut (PIB) équivaut à 26% du PIB alimentaire du Québec, comparativement à 28% en 2006, soit près de 3,75 milliards de dollars.
L’industrie de la transformation alimentaire compte actuellement quelque 600 entreprises de 20 employés et moins et procure de l’emploi direct et indirect à plus de 100 000 travailleurs.
Cela représente 25% des emplois de cette industrie au Québec. Montréal est toujours considérée comme la région ayant la plus grande concentration géographique de l’industrie bioalimentaire au Québec.
Selon Annick Van Campenhout, les revenus de l’industrie augmentent, mais les marges de profit diminuent. Et bientôt, ajoute-t-elle, les entreprises seront confrontées à de nouvelles règles environnementales qui viendront ajouter de la pression sur les prix.
Le projet de mettre sur pied une grappe métropolitaine visant à stimuler l’économie de l’industrie des aliments et boissons sur le territoire de Montréal n’avance pas aussi vite que ne le souhaiterait le CIBIM. «Il y a une volonté de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) de la réaliser. Mais pour y parvenir, le milieu doit se mobiliser. Bien que la CMM pousse très fort pour que ça se fasse, les intervenants ne partagent pas les mêmes orientations».
La CMM a un mandat qui intègre au total 82 municipalités, dont l’Île de Montréal. Chacune des régions a des besoins qui ne sont pas les mêmes nécessairement que ceux de Montréal. C’est le cas notamment de la Montérégie qui travaille avec le projet Accord. Ses priorités diffèrent. Alors que la grappe métropolitaine devait prendre forme à la fin de l’année 2008, voilà maintenant que rien ne bouge de façon significative, selon le CIBIM.
«Une région comme la Montérégie ne veut pas d’une grappe qui viendrait accomplir ce qui existe déjà là-bas. Elle ne veut pas fonctionner comme Montréal. À présent, la question qu’on se pose est la suivante: y a-t-il moyen d’avoir une grappe Laval-Montréal en travaillant en collaboration avec les projets Accord des autres municipalités? À cela, tout réside dans le financement du CMM qui représente les 82 municipalités. Il y a donc une distorsion et le milieu dit de tenir compte de ce qui se passe en régions».
En attendant la reprise des pourparlers, le CIBIM continue de déployer ses efforts entourant les produits de Montréal qui font vivre les gens d’ici. «Nous soutenons la campagne de promotion du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) «Le Québec dans son assiette», laquelle contribue nettement à faire diminuer les coûts de transport pour les manufacturiers».