Le projet s’articule autour de l’apatite, un minerai constitué de phosphate, que l’on retrouve dans la roche éruptive et qui entre dans la composition de fertilisants agricoles. Selon Mine Arnaud, la demande pour l’apatite est en forte croissance, ayant vu son prix de marché tripler au cours des cinq dernières années.
Cette croissance est notamment expliquée par une demande accrue de fertilisants dans les pays en voie de développement, le faible niveau mondial des stocks de grains, une forte demande pour des aliments de meilleure qualité, le tout conjugué à la fermeture récente de plusieurs mines d’apatite.
« Mine Arnaud envisage d’investir plus de 850 M$ au cours de la planification, la construction et l’exploitation de la mine, qui devrait s’échelonner sur une trentaine d’années. Déjà, deux partenaires majeurs participent au projet : Yara International, leader mondial en production de fertilisants, à 38 %, et Investissements Québec, par l’entremise de la SOQUEM, à 62 %. Nous recherchons un troisième investisseur », indique Kateri Jourdain, responsable des communications pour Mine Arnaud, qui avance des retombées plus qu’intéressantes pour la région immédiate.
En 2013, la ville de Sept-Îles a présenté un mémoire lors de l’enquête du BAPE entourant le projet.
Ainsi, une fois la construction terminée, la mine comptera plus de 330 employés permanents et créera quelque 425 emplois indirects, qui se partageront plus de 30 M$ annuellement en salaires et avantages sociaux. « À nos yeux, ce projet s’inscrit dans une nécessité économique pour la région. À l’amorce du projet, c’était un peu le Klondike. La population était sceptique. Environ 45 % des gens favorisaient le projet. À l’automne dernier, ce pourcentage s’établissait à plus de 65 %, selon un sondage CROP.
Certes, nous marchons dans les traces d’une industrie qui n’a pas toujours été exemplaire. Certains regroupements affichaient des craintes légitimes, basées malheureusement sur de nombreuses histoires d’horreur survenues dans le domaine minier. Ces regroupements ont d’ailleurs exigé que nous réalisions des études toxicologiques, qui n’ont présenté aucun indicateur néfaste pour la population.
Mais le contexte et l’accueil relativement au projet ont grandement évolué. La population constate que nous mettons à l’avant-plan la question environnementale et que nous affichons une grande transparence quant à la gestion des résidus (magnétite titanifère) qui seront créés par l’exploitation de la fosse ainsi qu’à la restauration du site, qui se fera de façon progressive, grâce à nos parcs de résidus développés en cellules », poursuit Kateri Jourdain.
Du côté de la Chambre de commerce de Sept-Îles, qui compte quelque 480 membres, on ne cache pas l’enthousiasme quant au projet. « Nous avons besoin d’un projet du genre. Les retombées économiques seront importantes pour la région. Nous avons d’ailleurs à cet effet mis en place un comité de maximisation qui prône notamment une politique d’achat local. Toutes nos PME sont fébriles et tournées vers ce grand projet, qui constituera une véritable relance pour la région », explique la directrice générale de l’organisme, Émilie Paquet.
En 2013, la ville de Sept-Îles a présenté un mémoire lors de l’enquête du BAPE entourant le projet, où plusieurs préoccupations citoyennes étaient émises.
« Les citoyens nous ont clairement indiqué leurs craintes quant à la détérioration possible de la qualité de l’eau potable, de l’air, de l’avenir de la Baie de Sept-Îles, véritable joyau aux yeux de tous. Selon le rapport du BAPE, le projet, dans la forme présentée, était inacceptable. Depuis, aucune explication du ministère n’est venue dissiper ces craintes. Nous avons adressé plusieurs demandes au promoteur, sur lesquelles nous avons de bons échanges. Toutefois, les retombées économiques annoncées sont nettement insuffisantes. Sept-Îles devrait obtenir beaucoup plus au niveau de la construction et de l’ingénierie, dont 27 % touche les infrastructures tels les chemins d’accès et les bâtiments. Nous avons les firmes aptes à réaliser cette importante portion du projet », précise le maire de la ville, Réjean Porlier.
Les autorités municipales ont d’ailleurs insisté, à la mi-mai, sur la tenue d’une rencontre avec les trois ministres impliqués dans le dossier pour éclaircir ces points. La réponse se fait toujours attendre.