La Fédération des Chambres de commerce du Québec pilote un programme qui vise à favoriser un maillage entre les entreprises en région et les travailleurs immigrants. Un emploi en sol québécois, c’est une plateforme pour stimuler l’immigration économique en région, au bénéfice de toutes et tous.
Alors que les régions ont longtemps affiché un taux de chômage plus élevé qu’en ville, ce phénomène s’est inversé au fil des ans. Aujourd’hui, certaines régions, notamment celle de la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, affichaient, avant le début de la pandémie, les taux de chômage plus bas jamais vus. Une situation préoccupante, sur laquelle s’est penchée la FCCQ.
« En 2017, quand on a fait la proposition de lancer le programme Un emploi en sol québécois, il y avait un taux de chômage trois fois plus élevé chez les immigrants que chez les personnes natives du Québec », souligne Benoit Malric, directeur du programme Immigration à la FCCQ. « 80 % des personnes immigrantes se concentraient à Montréal, alors que 55 % des emplois étaient à l’extérieur de la région de Montréal. »
Le programme Un emploi en sol québécois, appuyé par un financement du gouvernement du Québec, est une plateforme dotée de technologie d’intelligence artificielle, qui permet aux employeurs d’inscrire les postes à combler et les compétences recherchées, et aux immigrants d’indiquer leurs compétences et le type d’emploi qu’ils recherchent. À l’aide de ces algorithmes, le système crée des matchs pour réunir demandeurs d’emploi et employeurs. Pour démarrer le tout, l’équipe de la FCCQ a parcouru la province pour aller à la rencontre des milieux économiques des régions.
« La FCCQ a la chance d’avoir un réseau hyper-structuré proche du milieu des affaires. Nous avons tout d’abord fait une tournée du Québec pour stimuler l’intérêt des employeurs à embaucher des personnes immigrantes, et plus de 800 entreprises ont participé. »
Pour les chercheurs d’emplois immigrants, explique Benoit Malric, la plateforme permet de briser certaines barrières.
« L’intelligence artificielle fait le maillage entre l’employeur et une personne qui a les compétences requises pour cet emploi. On provoque des entretiens exploratoires entre l’employeur et la personne immigrante, ce qui permet de surmonter l’impression de racisme systémique, car on ne fait pas de distinction selon le nom, la provenance; ce sont les compétences qui sont analysées. Si la personne a les compétences, on planifie une entrevue avec un employeur. »
La FCCQ travaille aussi à sensibiliser les employeurs à la diversité culturelle et aux meilleures pratiques en ressources humaines. Pour Benoit Malric, le programme a déjà fait ses preuves et favorisé de belles histoires de réussite en matière d’immigration et d’employabilité en région.
« On a vraiment de beaux cas de réussite où les gens sont allés en région, et se sont intégrés dans la communauté, qui les a aidés à se trouver un logement, à faire leur première épicerie, à participer à des activités. On voit la belle ouverture des régions sur le terrain. »
Un problème soulevé : le décalage entre les immigrants avec des formations de haut niveau et les besoins de travailleurs non spécialisés.
« On a constaté que 90% des 1275 personnes inscrites au programme avaient un niveau universitaire, alors que 75% des 21 000 postes proposés par les 940 entreprises inscrites au programme dans la première année étaient de niveau non qualifié, professionnel ou technique. On a un débalancement avec la grille de sélection du ministère de l’immigration qui va chercher des gens qui ont des connaissances très poussées, alors qu’en termes de qualification, ce n’est pas ce que les employeurs recherchent en région. »
Le programme Un emploi en sol québécois se poursuit malgré les embûches causées par la pandémie, qui réduit les opportunités de déplacements en groupe dans les régions et les participations aux salons industriels et foires d’emploi. Grâce aux technologies de communication, les premiers contacts entre immigrants et employeurs se font par vidéoconférence.
« C’était un grand défi », nous confie le président-directeur général de la FCCQ, Charles Milliard. « Mais on a réussi à le relever, en collaboration avec les différents ministères avec lesquels on travaille. Évidemment, ce n’est pas la même expérience globale qu’avant. Mais on peut quand même atteindre notre objectif d’intéresser des personnes immigrantes à aller en région. »
Pour en savoir plus sur le programme Un emploi en sol québécois, consultez le site web de la FCCQ
Par Claude Boucher