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Le bois, matériau d’avenir : la lumière au bout du tunnel

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Son responsable, Réjean Gagnon, du département des Sciences fondamentales, est clair : «Toutes nos études démontrent qu’il n’y a pas de catastrophe écologique en vue. Nous connaissons mieux les paramètres maintenant, comme l’influence négative de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, sur la croissance des arbres.»

Prenant pour base le changement des valeurs de la société, il croit qu’une partie croissante des forêts sera utilisée pour d’autres activités que la récolte de bois telles que la conservation, le récréotourisme, les paysages forestiers, etc. Ainsi, l’accès aux ressources forestières va se modifier. Il explique que les méthodes de récolte ne seront plus celles du passé, mais que la forêt du Québec servira aussi à des usages autres, dont sa valeur environnementale.

Avenir du bois

M. Gagnon souligne d’ailleurs que les mesures de protection et de conservation prennent de plus en plus de place et que la tendance est au conservatisme, au plan des taux de prédiction de la productivité. Les courbes de croissances sont prudentes, de façon à faire intervenir les différents paramètres pouvant réduire la récolte forestière, donc la pérennité de la ressource. «Les environnementalistes s’entendent pour dire que le matériau bois est un de nos meilleurs choix : il s’agit d’un matériau non toxique, recyclable, compostable et il a l’avantage de fixer du CO2. Quand il y a une construction de bois, il y reste, transformé en cellulose. «Le bois, c’est un matériau d’avenir…»

Poursuivant sur les usages multiples du bois, il cite le gros potentiel de la biomasse que le Québec utilise encore peu, bénéficiant d’électricité à coût moindre. Il donne pour exemple l’usine SFK Pâte de Saint-Félicien, autosuffisante au plan énergétique.

À Larouche, au Saguenay, près des limites de Lac-Saint-Jean-Est, existe une usine produisant des poutrelles en «I» avec une semelle d’épinette noire et des panneaux de tremble provenant de l’usine de Chambord, une fabrication «parmi les meilleures au monde et on en vend partout, car elles allient solidité et légèreté.» C’est le fruit d’une collaboration d’Abitibi-Consolidated et de Louisiana-Pacific qui a permis de trouver un usage aux 2X3, peu utilisés auparavant.

Chez Emploi-Québec, l’économiste Clément Desbiens rappelle les objectifs de réduction des coûts de production d’Abitibi-Bowater et estime qu’il faut tout mettre en ouvre pour limiter les dégâts et miser sur l’activité de la forêt.

« Il ne faut surtout pas l’abandonner parce que cela va mal, car c’est l’un des deux poumons économiques de notre région», dit-il. Il estime aussi qu’il faut s’ajuster à la concurrence, en se positionnant dans des niches particulières où la concurrence sera moins forte. «Cela assurera une certaine stabilité à notre production et à nos emplois, ce qui permettra de traverser la crise et les ajustements qui s’y découlent.»

Il existe encore trop d’inconnues pour dire quand on verra la lumière au bout du tunnel, le résultat net du changement que l’industrie vit. Une baisse du nombre d’emplois devrait découler de la rationalisation et des réorganisations. «Une hausse de productivité n’est pas nécessairement mauvaise pour affronter la concurrence…»

Situation méconnue

Au plan environnemental, on sous-estime la production des forêts du nord du territoire, comme celles du sud estime, en substance, Réjean Gagnon. «Nos résultats montrent qu’il ne s’agit pas d’une question de température. Ce sont des territoires pouvant produire des forêts comme au sud», dit-il, enchaînant sur le fait que les baisses de 20 % sont, à son avis, injustifiées au plan de la productivité.

Il renchérit : «Il est là, le bois. Ce n’est pas parce qu’on a surexploité la forêt. Quand on montre une coupe forestière, c’est laid et on juge négativement ceux qui l’ont fait. Il faut connaître les mécanismes de régénération des forêts d’épinettes et de sapin : ils se font très bien. »

En novembre, il était de ceux qui disaient craindre les effets d’une importante réduction des approvisionnements : «Si on réduit de 20 % notre approvisionnement, cela signifie la disparition d’une usine sur cinq, ou le fait qu’une journée sur cinq, il n’entrera pas de bois à l’usine….» Il en réfère aux incertitudes dans le monde forestier, un facteur nuisant au développement de cette industrie. Aussi, comme bien des gens des milieux politiques et sociaux, il fait vite le lien avec la vitalité sociale de plusieurs petites communautés souvent mono industrielles.

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