Utilisé dans la plupart des installations de transformation alimentaire, le système HACCP demeure très vague quant à la qualité à maintenir au niveau de l’air comprimé.
La norme ISO 8573 se contente pour sa part de définir les différentes classes de qualité de l’air comprimé et les méthodes acceptées pour mesurer la concentration des différents contaminants qu’on peut y retrouver.
Devant l’absence de directives claires, le British Retail Consortium (BRC) s’est associé au British Compressed Air Society (BCAS) pour définir un code de pratique pour l’industrie. Il reprend les mêmes familles de contaminants établies par la norme ISO 8573.1 et il dicte les valeurs maximales limites à respecter selon que l’air comprimé entre ou non en contact avec les aliments.
La concentration des particules solides se mesure en nombre de particules en suspension par mètre cube d’air, selon leur diamètre. Environ 80% des particules en suspension ont un diamètre de 10 microns ou moins, dont les champignons et les bactéries qui font moins de 2 microns.
L’humidité se mesure en point de rosée sous pression, soit la température à laquelle la vapeur d’eau présente dans l’air comprimé condensera. À un point de rosée sous pression de -40°C, toute croissance bactérienne devient impossible.
Ils proviennent de la pollution atmosphérique et du compresseur (dans le cas d’une chambre de compression lubrifiée). La concentration s’exprime en milligrammes par mètre cube d’air.
Quels équipements utiliser?Le tableau suivant constitue un guide de sélection général selon le code de la BRC et de la BCAS.
Guide de sélection général selon le code de la BRC et de la BCAS
√ : nécessaire pour respecter les concentrations limiteso : approprié mais potentiellement non nécessaire pour respecter les concentrations limitesx: ne convient pas pour cette application
Les compresseurs avec chambre de compression lubrifiée libèrent en moyenne environ 2 à 3 mg/m3 d’huile dans le réseau, ce qui nécessite une filtration supplémentaire en aval. Le choix d’un compresseur avec ou sans huile demeure une question de budget et de gestion du risque. Les compresseurs sans huile représentent un risque moins élevé, quoiqu’une migration accidentelle de l’huile des chambres d’engrenages vers la chambre de compression demeure possible. Les compresseurs sans huile sont également beaucoup plus coûteux à l’achat et en entretien.
Les sécheurs réfrigérés permettent d’atteindre un point de rosée sous pression de 3°C alors que les sécheurs régénératifs peuvent descendre jusqu’à -40°C et même -70°C sous certaines conditions. Le sécheur régénératif est toutefois plus énergivore.
Il existe une grande quantité de filtres sur le marché avec des caractéristiques propres à chacun. L’ordre d’installation et l’emplacement par rapport aux autres filtres et équipements doit être planifié minutieusement.
L’acier noir doit être évité en raison de son potentiel de corrosion. L’aluminium, le cuivre ou l’acier inoxydable extrudé demeurent les matériaux de choix pour le domaine alimentaire en raison de leur fini lisse et sans corrosion.
L’huile des compresseurs lubrifiés devrait être de grade alimentaire et elle devrait respecter la norme ISO 6743.
Le code de la BRA et de la BCAS est la première norme qui vient dicter précisément les concentrations maximales de contaminants à respecter dans l’air comprimé pour le domaine alimentaire. Bien qu’encore peu connu et n’ayant pas force de loi dans la plupart des pays, ce code est une excellente ressource sur laquelle l’utilisateur d’air comprimé dans le domaine alimentaire peut s’appuyer afin de sélectionner le niveau de qualité d’air à atteindre et les équipements requis pour y parvenir.
Par Alexandre Paré,ing.Conseiller technique chez Air Industriel Inc.