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Cette coquetterie a cependant un prix environnemental qu’assument les sols et les eaux au péril de lendemains que nous souhaiterions pourtant voir en couleurs. Est-il possible, pour les décorateurs en herbe que nous sommes, de concilier souci de l’environnement et peinture architecturale?

L’initiative

La brillante initiative de feu M. Normand Maurice semble résoudre avec génie et simplicité cette question. Fondateur en 1989 du Centre de formation en entreprise et récupération de Victoriaville (CFER), il propose, en 1994, la mise en place d’un programme de récupération et de revalorisation de la peinture.

C’est ainsi que va débuter le florissant parcours de l’entreprise des Bois-Francs Peintures Récupérées du Québec Inc., introduisant de manière aussi discrète que novatrice la peinture recyclée au Québec qu’elle commercialisera autant sur le marché national que mondial. 60% des produits sont vendus à des détaillants locaux et 40% sont exportés, entre autres, au Mexique, à Cuba, à Haïti et dans plusieurs pays d’Afrique.

Aujourd’hui affiliée à la Société Laurentides, avec ses cinquante employés, elle demeure la seule usine au Québec qui se dédie à cette mission et cela, malgré l’essor que lui aura certainement permis de prendre l’entrée en vigueur du Règlement sur la récupération et la valorisation des contenants et des peintures mis au rebut du Gouvernement du Québec en 2000.

Ses produits

Les peintures produites sont au nombre de seize et sont commercialisées sous la marque Boomerang. Leurs noms, aussi poétiques qu’attrayants, sont inspirés des couleurs de la nature et permettent aux cours de vaciller entre sable, dune, nuage et planète bleue pour aboutir au clair de lune.

Les esprits imaginatifs trouveront avec aisance comment amalgamer la gamme des couleurs offertes pour combler leurs lubies décoratives. Les peintures Boomerang au latex sont à faible lustre et de première qualité.

Elles peuvent être appliquées dans la plupart des pièces de la maison incluant murs et plafonds et permettent d’obtenir une finition durable, lavable et peu lustrée, indique leur site Internet où l’on apprend aussi que pour garantir la qualité des produits Boomerang, on y ajoute environ 1% de composantes vierges, ce qui assure un taux de lustre, une viscosité et un temps de séchage adéquats et constants.

Les propriétaires soucieux de faire des économies seront d’autant plus satisfaits que cette peinture, en plus d’être considérée comme très bonne, offre un rapport qualité prix passablement imbattable! Coûtant un peu moins de quinze dollars le gallon, facile à appliquer et à laver, elle cache bien et donne des résultats probants. Que demander de plus pour s’y convertir?

La perfection n’est pas de ce monde

Les Québécois achètent annuellement plus de 60 millions de litres de peinture, c’est-à-dire près de 16 millions de gallons. Ces contenants et leur contenu – rarement utilisé à plus de 95% – constituent près de la moitié de nos résidus domestiques dangereux avec une masse de 4 millions et demi de kilos de peinture, de métal et de plastique, nous indique le site d’Éco-peinture.

C’est donc tout à notre avantage d’opter pour la solution salutaire qu’est le choix de la peinture recyclée.

Mais comme toute bonne chose ne vient jamais sans inconvénients, cette dernière ne va pas sans mises en garde. En effet, comme l’indique le site toutpourlarenovation.com, la peinture recyclée provient de produits datant parfois de dix ans et prouvent, à ce titre, contenir des produits chimiques absents des produits fabriqués aujourd’hui. Des précautions doivent alors être prises pour s’assurer de l’absence de toxicité dans les produits vendus.

Cela commence par une information complète sur les produits que peut fournir une fiche SIMDUT lorsque disponible. Il s’agit d’un Système d’Information sur les Matières Dangereuses Utilisées au travail, sorte de norme canadienne en matière de communication des renseignements sur les dangers. Le site va même jusqu’à recommander de ne pas utiliser la peinture recyclée dans les bâtiments susceptibles d’avoir une mauvaise qualité de l’air. Ce petit hic demeure toutefois mineur en regard de la qualité générale du produit.

Une popularité croissante

L’ouverture d’esprit reste le principal obstacle à la spontanéité du choix que devrait constituer ce type de peinture. Moins chère, définitivement efficace, écologiquement probante et esthétiquement acceptable, elle demeure encore méconnue du grand public et sa popularité demeure à bâtir.

Le reste du travail à effectuer consiste dans les changements d’habitudes et de mentalités des consommateurs, tout de même de plus en plus séduits par l’option Boomerang!

Myrna Chahine Professeure de philosophie Cégep Marie-Victorin

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