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La sac de plastique… le jeter ou le recycler ?

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Symbole même du gaspillage des ressources non renouvelables, le sac de plastique est aujourd’hui sur la sellette. Son utilisation et sa distribution pour les emplettes sont en effet remises en question sur toutes les tribunes tant par les gouvernements que par les groupes écologistes.

Si certains le croient indispensable dans notre vie au quotidien, d’autres ne jurent que pour son abolition. Mais malgré cet engouement soudain, un problème persiste… Pendant que l’on se questionne sur l’avenir de notre sac de plastique, plusieurs pays ont déjà pris le virage vert et ont banni son utilisation. Encore en retard, le Québec?

Les constats

Chaque année, près de deux milliards de sacs de plastique sont utilisés par les consommateurs québécois. C’est bien peu si l’on se compare aux 100 milliards de sacs consommés annuellement par les Américains. Mais c’est beaucoup trop quand on constate qu’en France, en Irlande et dans certaines provinces de l’Inde, pour ne nommer que ces pays, la consommation des sacs a été réduite de 90% à presque 100% dans certains cas!

Les mesures draconiennes entreprises pour la réduction de l’utilisation des sacs de plastique proviennent de constats assez choquants. S’il faut plus ou moins 400 ans au plastique à se décomposer, le sac est utilisé en moyenne pendant 20 minutes!

Doit-on vraiment préciser l’ampleur de la catastrophe de notre surconsommation depuis les années 50?

Si elle ne nous touche pas encore directement, partout dans le monde, de nombreux mammifères marins meurent chaque année suite à des indigestions… dues aux sacs de plastique! Mais le plus gros problème entourant la consommation des sacs de plastique est qu’il soit difficile à recycler.

Peu de gens savent qu’il est recyclable et l’utilise à tort comme sac à ordures. Ainsi, il est rapidement souillé et n’est plus recyclable. La majorité des sacs se retrouvent donc dans les dépotoirs. Par ailleurs, le procédé de recyclage du sac de plastique est coûteux et peu de compagnies acceptent de le transformer.

En plastique : oui ou non?

L’utilisation des sacs biodégradables et compostables n’est pas venue régler tous les problèmes environnementaux liés aux sacs de plastique. Au contraire, l’arrivée sur le marché il y a quelques années de ce nouveau type de sac plastique, n’a fait que compliquer la gestion des déchets des consommateurs et des entrepreneurs québécois.

Ces sacs sont constitués d’un plastique fait à base d’amidon de maïs ou de pomme de terre, ou encore, fait d’un plastique ordinaire dans lequel on introduit un additif qui permet de le dégrader en quelques semaines, sous l’action de la chaleur et des oxydants chimiques présents dans les sites d’enfouissement.

Le problème? Les sacs compostables sous l’étiquette EcoFilm et BioBag ne doivent en aucun cas être placés dans le bac de recyclage parce qu’ils ne sont pas compatibles avec la filière traditionnelle du recyclage du plastique. Voilà de quoi compliquer la gestion du recyclage, au moment où l’on commence à peine à maîtriser l’art du bac vert!

Les sacs biodégradables ne sont pas recyclables alors que les non biodégradables le sont. Toujours envie de recycler?

Que faire?

La solution réside-t-elle dans le retour au sac de papier? Même s’il est fabriqué à partir de ressources renouvelables et qu’il est recyclable et biodégradable, la fabrication et la distribution du sac de papier sont beaucoup plus énergivores que les sacs de plastique.

La tentation du sac réutilisable peut sembler une bonne issue, mais certaines conditions s’appliquent.

Attention aux sacs réutilisables en plastique (fabriqués eux aussi avec des produits dérivés du pétrole).

De plus, nombreux de ces sacs sont fabriqués en Chine et n’encouragent pas réellement l’industrie québécoise. Si en plus vous devez acheter plusieurs de ces sacs, car vous oubliez trop souvent les sacs précédemment achetés dans le coffre arrière de votre voiture ou à la maison, votre empreinte écologique ne sera pas tant réduite…

L’invention d’un sac selon un nouveau procédé combinant les avantages du sac de plastique traditionnel et du sac biodégradable serait une belle avancée technologique pour le Québec. Mais encore faudrait-il tout de même trouver des solutions viables et efficaces visant à réduire le nombre de sacs de plastique tant au Québec qu’ailleurs dans le monde.

En cette vague verte sur laquelle surfe le Québec actuellement, il est légitime d’attendre du gouvernement provincial des incitatifs pour les entrepreneurs plus «verts». Cependant, la réduction de la consommation des sacs de plastique est tout de même liée à la volonté du consommateur de prendre ou non un sac lors de ses emplettes. C’est d’abord et avant tout notre mode de vie qu’il faut changer…

Par Marie-Élaine Lambert, Enseignante de géographie au Cégep Marie-Victorin

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