Le contexte économique du Québec et du Canada est marqué par l’incertitude et des défis importants tels que le ralentissement économique et une pression inflationniste.
Le secteur manufacturier n’est pas à l’abri ces difficultés. À titre d’exemple, selon les résultats d’un sondage mené par MEQ, 75% des entreprises sont affectées par la hausse des taux d’intérêt et 26% des entreprises ont dû retarder ou annuler un investissement à cause de celle-ci.
Ce contexte économique rend l’investissement difficile, mais encore plus essentiel.
Un environnement international féroce
Les chaines d’approvisionnement internationales sont toujours sous tension, notamment dû aux à la guerre en Ukraine et au conflit israélo-palestinien.
De plus, le secteur manufacturier québécois est en compétition directe face à des entreprises étrangères qui œuvrent dans des environnements d’affaires où les gouvernements offrent de généreux programmes. À titre d’exemple, aux États-Unis, l’Inflation Reduction Act (IRA) américain soutient l’investissement des entreprises de façon significative.
Une prise d’otage économique
Nos propres réseaux de transport ont été la cible d’arrêts de travail à répétition au cours des dernières années.
Le spectre d’une grève dans le transport ferroviaire, doublée par une possible grève au Port de Montréal, provoque une incertitude palpable et occasionnera des dommages importants à notre économie.
Pénurie de main-d’œuvre
La pénurie de main-d’œuvre affecte toujours les entreprises d’ici, particulièrement celles qui comptent moins de 100 employés. Près de 60 % de l’ensemble des entreprises manufacturières refusent encore des contrats, réduisent leurs soumissions ou encaissent des pénalités dues aux retards de livraison.
En d’autres mots, le secteur manufacturier est confronté à de nombreux défis.
N’en jetez plus, la cour est pleine!
La productivité, pourquoi?
Une action permet de répondre en grande partie aux nombreux défis des manufacturiers : l’augmentation de la productivité.
L’augmentation de la productivité permet d’atténuer les effets de la pénurie de main-d’œuvre, d’augmenter la compétitivité de nos entreprises ainsi que de réduire l’empreinte environnementale et de décarboner notre économie
Le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein?
Le secteur manufacturier québécois connait un retard de productivité comparativement à ses concurrents canadiens et américains.
Il faut cependant reconnaitre que la productivité par heure travaillée au Québec s’est améliorée par rapport à ses principaux compétiteurs lors des cinq dernières années.
Le verre est donc à moitié plein.
Le secteur manufacturier est résolument à l’ouvrage pour prendre le virage, mais beaucoup reste à faire. Chez MEQ, nous croyons fermement que l’augmentation de la productivité permettra au secteur manufacturier de jouer pleinement son rôle de locomotive économique et ainsi contribuer à soutenir notre économie.
Les gouvernements doivent faire plus…ou mieux.
Le secteur manufacturier doit pouvoir compter sur le gouvernement pour instaurer un environnement d’affaires compétitif. Le gouvernement américain l’a compris.
La mise en place de l’IRA, qui promet un soutien minimal de 369 milliards de dollars américains sur 10 ans, permet déjà d’attirer des investissements massifs aux États-Unis. Depuis son entrée en vigueur, elle a généré plus de 110 milliards de dollars américains en investissements privés et créé 170 000 emplois bien rémunérés. C’est sans compter les mesures protectionnistes, telles que Buy America, qui stimulent l’économie local.
Les gouvernements du Québec et du Canada peuvent poser des gestes pour concrétiser une vision ambitieuse d’un secteur manufacturier plus productif et qui contribue aux objectifs de carboneutralité. La hausse de la productivité doit s’inscrire au cœur des politiques gouvernementales, et ce, de façon cohérente et concrète.
À titre d’exemple, dans son dernier budget, le gouvernement fédéral a proposé de nouvelles initiatives, notamment un crédit d’impôt à l’investissement dans la chaîne d’approvisionnement de véhicules électriques, des clarifications à la mise en œuvre du crédit d’impôt de 15% à l’investissement dans l’électricité propre ainsi que l’amélioration du crédit d’impôt à l’investissement pour la fabrication de technologies propres qui inclut maintenant les minéraux critiques.
Il s’agit de bonnes nouvelles, mais encore faut-il que les annonces se réalisent par la suite. La lenteur de la mise en œuvre des cinq crédits d’impôt à l’investissement créés en réponse à la loi américaine sur la réduction de l’inflation est un exemple probant.
La main-d’œuvre, pénurie structurelle
Malgré une légère diminution de la pression au niveau des postes vacants, la pénurie de main-d’œuvre est encore aujourd’hui le principal frein au développement du secteur manufacturier. En effet, à la fin de 2023, tout près de 14 000 postes étaient à combler dans les entreprises manufacturières québécoises.
La pénurie de main-d’œuvre n’affecte pas toutes les entreprises de la même façon. La majorité des entreprises ayant de la difficulté à pourvoir les postes vacants comptent moins de 100 employés, tandis que les entreprises de moins de 250 employés sont plus nombreuses à avoir dû refuser des contrats ou réduire leurs soumissions à cause du manque de personnel.
Dans ce contexte, il est primordial de mieux planifier l’immigration, en lien avec les besoins réels des entreprises et des manufacturiers du Québec. Cela passe notamment par des seuils d’immigration permanente suffisants et enlignés avec les besoins du marché du travail.
De plus, il faut considérer l’apport important des travailleurs temporaires dans le secteur. La diminution proposée par les gouvernements impactera de plein fouet nos entreprises.
Recours aux technologies
Bien que la transformation technologique soit bien entamée, l’intégration des technologies par les entreprises manufacturières représente encore un défi au Québec, surtout pour les petites entreprises. MEQ a effectué avec Desjardins un important sondage à cet effet, permettant ainsi de faire un premier état de situation dans le manufacturier sur cette question.
Seulement 8% des entreprises n’ont pas encore planifié ou débuté leur transformation. De plus, 68% des entreprises planifient investir dans des technologies de fabrication avancées au cours des prochaines années.
Cependant, les petites entreprises sont plus réfractaires à entamer le virage de la transformation technologique. En effet, 49% de celles-ci ne souhaitent pas ou sont indécises à investir dans des technologies de fabrication avancées au cours des trois prochaines années. Elles ont également une moins bonne connaissance que la moyenne des solutions à leur disposition, alors que 63% qualifient leurs connaissances de mauvaises ou acceptables.
L’automatisation et la robotisation sont des solutions efficaces pour augmenter la productivité. Pour MEQ, il est important que les gouvernements favorisent ces investissements et le nécessaire virage technologique, car ce sont des investissements qui permettront d’améliorer la productivité.
Compétence et formation
Pour bien réussir le virage technologique, il faut non seulement de la main-d’œuvre en quantité, mais aussi en qualité, c’est-à-dire avec les compétences requises.
À cet effet, une étude menée par l’Institut du Québec, en collaboration avec Manufacturiers et Exportateurs du Québec et Fondaction, révèle que le rehaussement des compétences, notamment chez les gestionnaires, s’avère une condition indispensable pour se transformer.
Cette étude démontre que les barrières à l’adoption de nouvelles technologies, surtout au sein des PME, s’expliqueraient principalement par la faible maîtrise des enjeux technologiques par les dirigeants, le manque de compétences pour identifier et implanter les technologies et, les difficultés d’adaptation de la main-d’œuvre.
La formation, afin de mieux identifier et intégrer de nouvelles technologies, nous apparaît comme l’outil à privilégier pour briser ce cercle.
Conclusion
Face à un climat économique exigeant marqué par l’incertitude, le ralentissement de la croissance et une concurrence internationale féroce, le secteur manufacturier québécois ne peut se permettre de rester statique. Le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada doivent aussi mettre sur pied des mesures cohérentes et pertinentes pour instaurer un environnement d’affaires compétitif. L’augmentation de la productivité est l’affaire de tous et l’ensemble des acteurs doivent en faire une priorité. C’est ainsi que nous allons, collectivement, réussir à réduire l’écart de richesse entre les québécois et nos voisins immédiat.
Le manufacturier, à titre de plus important secteur économique du Québec et de ses régions relativement à sa contribution au PIB du Québec, doit être au cœur des efforts pour augmenter la productivité. L’investissement dans la productivité est crucial pour maintenir sa compétitivité et assurer lapérennité du secteur manufacturier comme pilier de l’économie du Québec. En adoptant des stratégies ciblées pour améliorer la productivité, le secteur manufacturier peut non seulement survivre, mais prospérer, stimulant ainsi l’économie québécoise dans son ensemble.
Par Manufacturiers & Exportateurs du Québec (MEQ)
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