Tout d’abord, les spécialistes interrogés s’entendent certainement pour dire que la clef du succès réside dans la préparation de surface.
« En 2016, les produits de peinture abondent et chaque fabricant propose des produits équivalents. Il faut évidemment avoir les connaissances requises pour déterminer le bon produit pour chaque application, mais, ce qui fait LA différence est sans aucun doute, la préparation de surface. C’est prouvé : dans 75 % des cas, les défectuosités prématurées des revêtements sont causées par une préparation de surface inadéquate ou insuffisante », rapporte Marc-André Vaillant, chargé de projets pour Dion Peinture Industrielle, une entreprise spécialisée en préparation de surface et en peinture industrielle située à Rouyn-Noranda.
La préparation de surface est une opération qui consiste à éliminer les défauts physiques et tous les contaminants présents sur la surface, tels que les huiles, les graisses, la rouille, la calamine, les sels et autres composants chimiques.
« La méthode de préparation de surface la plus répandue et aussi la plus efficace est le décapage au jet de sable. Par contre, il existe une multitude d’alternatives à cette méthode, tout dépendant de la qualité de préparation requise. La préparation de surface est obligatoire aussi pour créer un profil d’ancrage nécessaire à l’adhésion du revêtement, garantissant ainsi une durée de vie supérieure au travail effectué », précise Marc-André Vaillant.
« En somme, on doit s’assurer que le revêtement métallique sera protégé contre les attaques du milieu environnant??, poursuit Pierre Charbonneau, chez Evotech. ?? », poursuit Pierre Charbonneau, chez Evotech. « Par exemple, chez Hydro Québec l’objectif est de conserver la flotte de camions pour une période de 14 ans. Ainsi, après sept ou huit ans d’usage, la société d’état fait repeindre ses camions pour ainsi assurer un autre sept-huit ans d’utilisation », confie le directeur des ventes et du marketing de cette entreprise.
Il existe trois principales façons de préparer les différentes surfaces de métaux avant d’appliquer la peinture, nous explique Renaud Gilbert, consultant indépendant et expert dans le domaine. À commencer par la moins coûteuse et aussi la moins efficace, qui consiste à nettoyer manuellement la surface avec un solvant.
« Ensuite, il y a le décapage au jet au moyen de différents abrasifs comme le fameux sandblast, une méthode qui, en plus de nettoyer, vient créer un patron d’ancrage ; et la façon chimique qui, avec des nettoyeurs qui opèrent simultanément, nettoie la surface métallique à l’aide d’une préparation chimique, laquelle provoque une phosphatation. Cette dernière est la meilleure technique puisqu’une fois terminée, elle laisse une couche de conversion qui favorisera l’adhésion. »
Avant de commencer son travail, M. Gilbert incite l’applicateur de peinture à se poser trois questions fondamentales.
« Premièrement, toujours prendre en considération le type d’environnement auquel sera exposé son produit final pour choisir le bon revêtement. Deuxièmement, une fois que le fabricant nous a recommandé le produit qui répond à nos besoins, il faut absolument respecter la fiche technique à la lettre pour obtenir la performance escomptée. Troisièmement, ne pas hésiter à discuter avec l’équipe technique pour assurer une préparation et une application adéquates. »
La pratique en peinture industrielle au Québec est une spécialité relativement bien encadrée.
« Les fabricants de peinture doivent respecter différentes normes (ex. : ISO et ANSI) pour contrôler la qualité des produits et l’applicateur doit, quant à lui, respecter les normes de préparation de surface et d’application recommandées. Les deux acteurs principaux concernant la préparation de surface sont SSPC (The society for protective coatings) et NACE (The national association of corrosion engineers), deux organisations très actives dans le développement technologique des revêtements de protection contre la corrosion et qui offrent beaucoup de formation aux professionnels de l’industrie », ajoute M. Vaillant.
Par ailleurs, dans le domaine, au Canada, on suit les mêmes exigences que le marché américain. Les normes californiennes, précise Renaud Gilbert. Sans pour autant juger de quel continent détient les meilleures normes, le consultant indépendant distingue les deux approches, toutes deux visant à réduire les émissions de composés organiques volatils (COV) dans l’atmosphère.
« En Europe, on a préféré revoir la composition des produits et ainsi remplacer une grande partie des solvants par de l’eau. En Amérique du Nord, on a préféré diminuer autant que possible les taux de solvants dans les produits et nous utilisons désormais des produits très faibles en COV, voire parfois nuls. Cependant, il ne faudrait pas oublier que certains produits vendus en Amérique du Nord proviennent de sièges sociaux basés en Europe… »