27
Jul

La nouvelle place de l’automatisation dans l’industrie

Partager :
Auteur:  

Comment faire plus avec moins après cette période difficile pour les entreprises.

Avant et après

Depuis quelques mois déjà, un nouvel élément bouleverse le secteur manufacturier au Québec et à travers le monde : la COVID-19. Cette crise mondiale a eu des impacts à plusieurs niveaux et plus particulièrement au niveau de l’industrie manufacturière. Arrêts de production, chaînes d’approvisionnement affectées, diminution des carnets de commandes et distanciation sociale ont grandement touché les entreprises. Avant la crise, l’automatisation était vue comme la solution au manque de main d’œuvre auquel l’industrie québécoise fait face. Il s’agissait aussi d’un moyen de se démarquer au niveau de la compétition grâce à l’adoption de technologies et à l’augmentation de la productivité. Par contre, comme nous le savons, la situation a changé du jour au lendemain en mars dernier. Bien que ces raisons demeurent tout à fait valables, de nouvelles réalités apportent un nouveau point de vue sur la robotique.

La résilience des entreprises robotisées

Nous avons d’abord pu remarquer que les entreprises qui possédaient déjà de la robotisation ont pu continuer plusieurs de leurs opérations sans heurts. En effet, une ligne de production robotisée permet de minimiser les risques d’arrêts de production. Les robots peuvent fonctionner sans assistance et même avertir à distance si un problème survient. Des technologies d’accès à distance peuvent alors permettre, dans certains cas, de résoudre le problème sans même avoir à se déplacer. Dans un contexte où un nombre restreint de personnes peuvent travailler au même endroit, l’utilisation de robots permet également de bonifier le travail d’un opérateur.

Les chaînes d’approvisionnement de plusieurs entreprises ont aussi été grandement touchées par la fermeture des frontières. La recherche de fournisseurs étrangers permettait souvent de bénéficier de coûts moins élevés au niveau de la main-d’œuvre et de la productivité. Par contre, le contexte actuel a fait réaliser à bien des entreprises à quel point leur chaîne d’approvisionnement peut être vulnérable. Encore une fois dans ce contexte, la robotique peut s’avérer une solution intéressante. Les progrès de l’automatisation et de la robotique ont grandement augmenté la productivité de certains processus de fabrications, ce qui permet alors de relocaliser les productions au niveau national.

Qu’en est-il des emplois ?

L’impact de la robotique sur les emplois a toujours suscité beaucoup de débats. Bien que la crainte face à l’inconnu amène parfois des opinions réfractaires, les observations faites à la suite de l’implantation de la robotique en entreprise sont généralement positives.

Comme expliqué plus haut, l’investissement dans la robotique permet le retour de certaines productions au niveau local, créant par le fait même de nouveaux emplois. Face au manque de main-d’œuvre que nous vivons depuis quelques années au Québec, la robotique permet de combler les besoins des entreprises pour les postes qui sont actuellement vacants. Il est aussi possible d’offrir de nouvelles opportunités d’emplois liées à cette nouvelle technologie ! Ces emplois sont intéressants et spécialisés, ce qui stimule davantage la main-d’œuvre plus jeune et sélective envers les emplois “typiques” de journalier.

Combler le manque de travailleurs grâce à l’automatisation favorise également l’impact sur l’économie locale et aide à rétablir l’équilibre de « l’offre et la demande », tout en créant de nouveaux emplois à plus grande valeur ajoutée.

Au final, on remarque que la robotique permet non seulement d’augmenter la productivité des entreprises, mais au niveau du marché de l’emploi, les impacts positifs sont également intéressants.

Faire plus avec moins – Une révélation choquante

Lors de la crise, plusieurs entreprises ont dû trouver un moyen de continuer leurs opérations tout en respectant la législation mise en place pour le contrôle de la pandémie. Plusieurs ont dû mettre à pied temporairement leurs employés et même arrêter leur production. À ce moment, un sentiment de panique a parcouru les entrepreneurs qui pensaient à la survie de leur entreprise. Et on le comprend ! Par contre, cette situation a aussi révélé des occasions intéressantes.

Alors que des entreprises ont diminué leurs effectifs, certains gestionnaires se sont rendu compte qu’il réussissait à produire 70-80% de leur production standard avec 40-50% de leurs effectifs.

« Au départ, on a considéré ça comme une catastrophe et il y a eu un petit moment de panique. Panique qui a toutefois duré seulement deux jours avant qu’on ne réalise qu’il s’agissait plutôt d’une chance insoupçonnée de réviser les procédures, créer un environnement pour faire un retour aux sources, retrouver notre flexibilité et agilité d’antan, et faire retour aux bonnes pratiques », confie Yvan Thibault de Granit Design. L’entreprise possède entre autres une cellule robotisée pour la coupe de la pierre.

L’entreprise avait mis beaucoup d’efforts vers la croissance et avait, par le fait même, créé de nouvelles sources de gaspillage. Dans la méthodologie du Lean Manufacturing, on parle des 7 possibles gaspillages en entreprise. Aujourd’hui, il y a un 8e type de gaspillage qui devient de plus en plus d’actualité : le gaspillage humain ! En effet, lorsqu’on travaille dans l’automatisation et la robotique, on se rend vite compte de la complexité et de la versatilité des êtres humains. Nous devrions tous avoir recours à nos opérateurs très intelligemment, car l’utilisation d’une « machine » aussi complexe et pourvue d’intelligence est un grand gaspillage si elle est attitrée à une tâche simple, répétitive et à non-valeur ajoutée.

Le véritable gain de l’automatisation en temps de crise

Tout ceci nous amène à nous demander quel est le véritable gain de l’automatisation. Les entreprises cherchent souvent à calculer le potentiel d’un projet en robotique en fonction du salaire d’un opérateur. Par contre, il y a plus à considérer : temps de recrutement, entrevue, formation, charge RH, gain potentiel d’une tâche à valeur ajoutée, etc.

Lorsqu’on évalue une solution robotisée, le payback est un critère important : si le retour sur investissement est d’un ou deux ans, la décision est facile à prendre. Il faut toutefois considérer que les solutions robotiques peuvent durer et produire du rendement sur 5 à 10 ans.

De plus, considérant les impacts de la crise et la possibilité qu’une autre crise nous frappe, l’investissement dans l’automatisation et la robotique permet d’avoir un coussin de sécurité qui assurera à l’entreprise de minimiser les arrêts de production et de respecter plus aisément la distanciation sociale de ses employées.

Pour ces raisons, les entreprises devraient maintenant commencer à considérer un payback un peu plus long, ces projets leur apportant une tranquillité d’esprit et une résilience face à ce type de crise. Nous espérons toutefois ne pas avoir à en vivre une autre…

Par Catherine Bernier, ing. Jr, Revtech Systèmes

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs