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La naissance d’une laiterie indépendante suscite une vague d’enthousiasme

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Les dernières années n’ont pas été faciles pour le secteur agroalimentaire en Outaouais. En 2003, la crise de la vache folle a fortement contribué à la fermeture de l’encan d’animaux Outaouais-Laurentides, portant ainsi un dur coup aux producteurs de bovins de la région déjà touchés par la baisse drastique de la valeur de leur bétail.

La Laiterie Château, qui était dans le paysage régional depuis plus de 60 ans, devenait ainsi le dernier outil d’importance permettant de développer e secteur agroalimentaire Outaouais.

Ce qui était tant redouté survient en décembre 2006. La compagnie Nutrinor a fermé définitivement les portes de la vieille laiterie qui avait pignon sur rue à Buckingham, privant ainsi la région de plus de 20 millions $ en retombées économiques. Du même coup, une vingtaine d’employés et une dizaine de laitiers se sont subitement retrouvés sans emploi. Nul besoin de dire que la fermeture de la Laiterie Château a créé une véritable onde de choc. Rapidement, Nutrinor et Parmalat ont occupé l’espace tablette laissé vacant.

Quatre ans plus tard, la consternation a fait place à la mobilisation. Élus, entrepreneurs, gens d’affaires et simples citoyens ont uni leurs efforts pour donner une nouvelle laiterie à l’Outaouais. Les promoteurs du projet croient pouvoir gruger le tiers du marché régional aux géants de l’industrie laitière. Déjà, 5000 familles se sont engagées à consommer du lait de cette nouvelle laiterie. Une vingtaine de centres de la petite enfance a fait de même. Plus de 600 personnes ont déboursé 200 $ pour former une coopérative de consommateurs.

«La laiterie de l’Outaouais aura un impact significatif dans la mise en valeur de la filière agroalimentaire de l’Outaouais, assure Vincent Philibert, directeur de la Table de concertation agroalimentaire de l’Outaouais. C’est une excellente vitrine qui nous aidera à développer toute la richesse agroalimentaire de la région.»

L’Outaouais rural regorge de petits producteurs locaux dont les produits gagnent à être connus de la population urbaine, insiste M. Philibert. Les consommateurs sont de plus en plus conscientisés à l’importance de l’achat local et les supermarchés cherchent un moyen de répondre aux demandes de leurs clients. «Une entreprise comme la laiterie va attirer l’attention des consommateurs sur les produits locaux, ajoute-t-il. Ça va créer un enthousiasme régional et faire boule de neige. Ça va permettre de faire connaître les autres produits locaux de la région.»

Le président-directeur général de la Laiterie de l’Outaouais, Georges Émond, reconnaît que la compétition sera forte pour que son lait se trouve une niche sur les tablettes à côté du lait produit par les géants du secteur laitier. Il affirmait il y a quelques semaines, lors d’une visite des futurs locaux de la laiterie, que c’est le consommateur qui va décider du succès de son entreprise.

«Ça va prendre un consommateur pas mal entêté pour ne pas prendre le lait de l’Outaouais le jour où il sera sur les tablettes, à côté du lait des multinationales, a-t-il dit. On veut que les gens de la région soient fiers de leur laiterie et pour ça on va avoir des recettes spéciales pour certains produits. Notre force sera l’onctuosité. On sait déjà que notre lait au chocolat sera un produit exceptionnel et qu’on aura la crème 35 % la plus épaisse et la plus onctueuses sur le marché au Québec.»

Un secteur de 350 millions $

Les acteurs socioéconomiques de l’Outaouais reconnaissent depuis un certain temps le secteur agroalimentaire comme un levier économique pour le développement de la région. Ce secteur compte plus de 14 000 emplois et représente un produit intérieur brut de 350 millions $.

La plus importante industrie est sans contredit la production bovine qui représente plus de 40 % des revenus agricoles de la région. L’Outaouais compte l’un des plus importants cheptels de bovins au Québec avec 31 500 vaches de boucherie et plus de 8000 têtes de bovins de boucherie.

La fermeture de l’encan d’animaux en octobre 2003 et la quasi-absence d’abattoir dans la région affaiblissent ce secteur. «Le manque d’abattoir est un problème, explique M. Philibert. Il y a des projets dans l’air, mais rien de concret pour l’instant. En attendant, certains producteurs développent une mise en marché locale afin de se sortir du moule industriel.»

Pour sa part, l’industrie laitière représente près du quart des retombées. Plus de 5200 vaches laitières sont dénombrées en Outaouais. La région produit plus de 330 000 hectolitres.

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