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Sep

La mécatronique dans le modèle d’affaires

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On parle souvent d’industrie 4.0 et de la place que peut – ou doit – prendre l’automatisation dans le modèle d’affaires des entreprises manufacturières du Québec. Ce qui est moins connu par contre, c’est l’existence d’une ressource appelée Mécanium, un Centre collégial de transfert de technologie (CCTT) rattaché au Cégep Beauce-Appalaches.

« La mission de Mécanium, c’est d’accompagner les PME dans la conception et la fabrication de solutions mécatroniques pour accroître leur productivité et leur compétitivité », indique l’ingénieur Yves Lepage, responsable lien éducationnel et R&D chez Mécanium, à l’occasion d’une entrevue au Magazine MCI.

La mécatronique, c’est en fait le summum de l’automatisation. « C’est l’Internet des objets (IdO) qui s’applique en usine. Ça vient avec la révolution industrielle, l’usine 4.0. Les automates, en plus de produire quelque chose, peuvent aussi se parler entre eux », explique celui qui est également enseignant en génie industriel au Cégep Beauce-Appalaches.

Il a donc pour mandat de faire du transfert de connaissances autant auprès des entreprises en phase d’automatisation qu’auprès des jeunes qui, demain, gèreront et opéreront ces usines.

Mécanium n’est pas là pour faire concurrence à des équipementiers, souligne M. Lepage. Par contre il arrive qu’elle utilise leurs produits pour concevoir et fabriquer de la machinerie de production sur mesure, selon les besoins de l’entreprise cliente.

À titre d’exemple, une entreprise a récemment fait appel à Mécanium après avoir élaboré un astucieux procédé de production automatisée qu’elle avait fait breveter. Le concept était là, mais encore fallait-il lui donner vie tout en protégeant le secret industriel.

« Alors ils nous ont approchés pour qu’on développe une machine qui exécute le procédé qu’ils avaient breveté », explique M. Lepage, soulignant que dans tous les cas et tout au long du processus, la propriété intellectuelle demeure possession du client.

D’autre part, faire affaire avec Mécanium dans le cadre de projets d’automatisation peut souvent s’avérer moins coûteux. « En étant un centre de transfert technologique, on a accès à des subventions de recherche », explique M. Lepage.

Jeunes formés au 4.0

Parmi les partenaires institutionnels de Mécanium, on compte le Centre intégré de mécanique industrielle de la Chaudière (CIMIC), qui forme des jeunes au DEP afin de devenir opérateurs d’équipement de production.

Ensemble, les deux organisations ont mis sur pied deux mini-usines fonctionnelles de fabrication de savon en barres. L’une a été « mécatronisée » pour mettre les étudiants en contact avec la réalité du 4.0 et l’autre continue de fonctionner selon les technologies du début des années 2000 afin que les jeunes soient également familiers avec la machinerie moins sophistiquée que l’on retrouve encore très souvent sur le terrain.

Dans l’usine mise au goût du jour, une foule de capteurs ont été installés afin de recueillir un maximum de données, notamment pour faire de l’entretien prédictif plutôt que préventif, ce qui est plus efficace et moins coûteux.

À titre d’exemple, un capteur peut détecter une vibration ou de la chaleur inhabituelle dans un roulement. « On a l’information par les capteurs qui, par l’Internet des objets, vont avertir soit le fournisseur ou un responsable à l’interne », explique M. Lepage.

Les étudiants apprennent également jusqu’où peut aller le contrôle de qualité de leurs barres de savon. « Une caméra regarde le savon et, par l’intelligence artificielle, peut détecter s’il est craqué, s’il y a un défaut de couleur ou des bosses. On peut analyser différents paramètres simplement en lui montrant des paquets de savons et en lui disant lesquels sont bons et lesquels ne sont pas bons », indique l’expert en automatisation.

Le nombre d’entreprises qui font appel à Mécanium pour mettre au point des machines d’automatisation de production est en hausse constante. Au point où l’organisation doit agrandir ses installations. Le gouvernement du Québec couvrira l’essentiel de la facture.

« Avec ce nouvel aménagement, Mécanium pourra encore mieux accompagner nos manufacturiers dans leurs projets technologiques. La recherche, l’innovation et la productivité sont au cœur de notre vision économique, et la mission de Mécanium s’inscrit dans cette vision! », a déclaré Lucie Lecours, ministre déléguée à l’Économie, à l’annonce de cette aide financière.

Décidément, le sens de l’innovation des Beaucerons ne se dément pas!

Par Eric Bérard

Consultez le dossier complet sur les modèles d’affaires dans la récente édition du Magazine MCI.

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