Malgré la lueur d’espoir qui illumine quelque peu le sombre tableau des dernières années, l’organisation prévoit une reprise plutôt timide. « Les perspectives de l’industrie papetière s’amélioreront peu à peu, grâce à des hausses de prix et une modeste reprise de la demande », a expliqué récemment par voie de communiqué Michael Burt, directeur associé, Tendances économiques industrielles, du Conference Board.
Ainsi, en 2009, l’industrie papetière a enregistré une perte annuelle qui avoisine le milliard de dollars, et ce, pour une deuxième année consécutive. Pour 2010, on devrait être en mesure de colmater l’hémorragie en limitant le manque à gagner à 139 millions de dollars. Comment les ténors qui gravitent autour de la sphère des pâtes et papiers y parviendront-ils?
Primo, en augmentant la productivité de leurs effectifs, et secundo, en adoptant des mesures draconiennes de réduction des coûts, ce qui entrainera vraisemblablement des suppressions de postes massives, voilà pour le diachylon.
On sera donc loin de surpasser les recettes qui ont atteint un sommet en 2000 dans ce secteur d’activités, mais les racines commencent tout de même à reprendre de la vigueur. D’ailleurs, l’organisme canadien prévoit que l’industrie devrait voir la lumière au bout du tunnel vers la fin de l’année en cours et afficher des bénéfices d’environ 366 millions de dollars pour 2011. Toutefois, on prédit que les marges de profit stagneront à 1,6 % durant les quatre années à venir.
Encore une fois, la forte concurrence asiatique jumelée à la vigueur de notre huard viendra mettre des bâtons dans les roues à cette industrie qui tente par tous les moyens de reprendre le rythme. La frilosité de nos voisins du Sud par les temps qui courent change également la donne. Après tout, les exportations vers les États-Unis équivalent à 44 % de la production, ce qui n’est pas peu dire.
Selon les plus récentes données du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), l’Estrie et la Montérégie toutes deux conjuguées représentent près de 9000 emplois dans le secteur de la fabrication du papier et les activités connexes, alors que leur capacité de production est de l’ordre de 1 368 000 tonnes. On parle donc ici d’un fleuron économique.
En Estrie notamment, les nouvelles sont plutôt réjouissantes. À East Angus, malgré la morosité du marché, Cascades continue de tabler sur l’élaboration de produits de papiers environnementaux. En effet dernièrement, M. Alain Lemaire, président et chef de la direction de l’organisation, de même que plusieurs confrères et dignitaires, ont procédé à la « pelletée de terre » protocolaire sur les terrains de leur usine estrienne.
Ce cérémonial a eu lieu dans le but d’annoncer un investissement de 10 millions de dollars afin d’ajouter un nouveau bâtiment qui accueillera un système de trituration, des quais de chargement et un entrepôt de vieux papiers. Cet ajout permettra à Cascades d’augmenter le contenu de fibres recyclées intégré à ses papiers Kraft qui passera de 43 % à 70 %, mais aussi de compléter le virage vert amorcé il y a quelques années, ce qui favorise une réduction de la consommation d’eau et d’énergie.
« Cet investissement s’intègre parfaitement à notre désir d’inclure un maximum de fibres recyclées dans nos produits, a mentionné M. Lemaire dans un communiqué. C’est une façon efficace de réutiliser localement une matière qui aurait possiblement fini au site d’enfouissement et d’assurer la pérennité de l’usine. »
D’ailleurs, les commentaires du maire de la municipalité, M. Robert G. Roy, allaient en ce sens également. « Cet investissement est tout à l’honneur de Cascades, qui a choisi cette usine pour investir d’importants capitaux afin d’assurer la survie de la première usine de papier Kraft du Canada », conclut-il non sans fierté.