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La filière industrielle du lin : des éoliennes, composantes de voitures ou des planches à voile ?

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Le lin ne sert pas qu’à fabriquer des châles et des pièces de confection de haut de gamme. Le lin, c’est d’abord une fibre, donc une matière industriellement exploitable comme c’est déjà le cas en Europe où les débouchés de cette fibre sont aussi diversifiés que nombreux, du secteur de l’agroalimentaire, de l’écoconstruction à celui des transports.

Toutes les parties de la plante peuvent être utilisées pour faire, soit de la farine, des lubrifiants, des matériaux isolants, des matériaux composites, même des pâles d’éoliennes comme en Europe, des vélos, des raquettes de tennis ou des planches à voile !

La fibre du lin peut aussi entrer dans la fabrication de granules de bois ou de bûches énergétiques. Déjà, dans des pays comme la France, cette fibre entre dans la composition de kayacs ou de sièges d’automobiles.

« On a toujours traditionnellement valorisé le grain de cette fibre. Il y a aussi la fibre longue, la fibre courte et les anas qui constituent la partie bois du lin. Ces parties peuvent être valorisées dans des secteurs industriels différents », explique Alexandre Leclerc, conseiller à l’innovation et au développement au Centre local de développement (CLD) de la Mitis au Bas-Saint-Laurent. D’ici deux ans, une véritable filière du lin devrait être mise sur pied dans la MRC de la Mitis. Une étude technico-financière devra auparavant déblayer le chemin avant de concrétiser ce projet, de la production agricole jusqu’à la transformation de cette plante.

« Nous voulons innover pour le développement agricole de la région. Cette plante s’adapte bien à nos sols et est peu exigeante en engrais. On peut utiliser la machinerie normale que les producteurs possèdent sur leur terre. Pour les producteurs de céréales, le lin entrerait dans la rotation de leurs cultures », décrit Jean Côté, président du syndicat de base de l’UPA de la MRC de la Mitis.

L’objectif est de mettre sur pied un réseau d’agriculteurs, de chercheurs, de promoteurs et d’entreprises manufacturières, tant à l’échelle locale, que régionale et nationale, afin de créer une chaîne de valeur pour développer des nouveaux marchés pour des produits faits à partir de lin.

Une équipe de scientifiques de l’Institut de recherche en biotechnologie du Conseil national de recherches du Canada (IRB-CNRC) a gracieusement accepté de contribuer à ce projet par l’analyse de la qualité de la fibre produite. Les résultats obtenus à date au champ et en laboratoire ont confirmé tout le potentiel que représente la culture du lin pour la mise en place d’une filière agro-industrielle.

Les débouchés du lin

Il est intéressant de savoir que chaque partie de la plante de lin a plusieurs débouchés. La graine : alimentation humaine (huile, farine, lait, etc.), linoléum, produits de protection du bois, lubrifiants, etc. Les anas (partie « bois ») : granule ou bûche énergétiques, matières absorbantes (ex. : litières pour animaux), panneaux de particules, etc. La filasse (fibre longue) : fil pour l’industrie du vêtement, de la literie, de l’ameublement, des textiles industriels, etc. L’étoupe (fibre courte) : matériaux isolants (thermique et acoustique), matériaux composites pour remplacer les composantes de fibres de verre ou de carbone (composantes de voitures, de wagons, pales d’éoliennes, bains et douches, vélos, raquettes de tennis, skis et planches à neige, etc.), géotextiles, etc.

«À l’instar de plusieurs pays européens, il est possible d’envisager de multiples applications, par exemple dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’écoconstruction ou des transport, dans l’optique où les entreprises, pour demeurer compétitives, devront prendre le virage du développement durable et concevoir des produits à moindre impact environnemental, » selon Alexandre Leclerc, conseiller à l’innovation au CLD de la Mitis.

Hugues Groleau de la firme Ecosphère de Rimouski souligne la possibilité de remplacer la fibre de verre par la fibre de lin. « Le fibre de verre, évidemment si c’est du verre, il faut la faire fondre. Ça prend énormément d’énergie tandis que la fibre de lin a simplement besoin du soleil pour pousser ». Les kayaks fabriqués en fibre de lin sont plus solides que ceux faits de fibre de verre.

La France est le principal pays d’Europe à cultiver le lin textile, essentiellement en Flandre, en Picardie, en Normandie, en Bretagne et dans le Pas-de-Calais. La fibre de lin française est considérée comme la meilleure du monde.

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