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Chaque jour, en comptant le ratio de naissances et de décès, c’est environ 200 000 nouvelles personnes de plus sur la terre qui nous rapprochent des 9 milliards d’habitants prévus pour 2050.

Si notre rapport à la nature était équilibré, durable et que les ressources en nourriture étaient illimitées, il n’y aurait évidemment aucune insécurité liée à ce chiffre vertigineux. Or, le monde est injuste. Environ 17% de la population mondiale est sous-alimentée et plus d’un milliard d’êtres humains n’ont toujours pas accès à de l’eau potable.

Au Québec, la très grande majorité des gens ne connaissent pas cette situation de faim. Avoir faim, au sens chronique, ce n’est certainement pas la même souffrance que celle ressentie lorsque nous sautons un repas ou que nous repoussons le souper de quelques heures.

Avoir faim au point d’en développer des carences alimentaires graves, voire mortelles, est une situation vécue surtout dans des pays beaucoup moins industrialisés ou dotés d’un système social beaucoup moins égalitaire.

Est-ce que la solution réside dans une politique de dénatalité, peut-être à l’échelle mondiale?

Devrions-nous faire moins de bébés, quitte à accepter plus d’immigrants en échange, afin de contribuer au décroissement démographique planétaire?

Bien des gens répondront que non, puisque les faits nous indiquent que le problème de la faim dans le monde en est plus un de répartition que de production.

Avec la mondialisation grandissante, nous constatons de manière presque instantanée l’état de la pauvreté dans le monde, cela par l’entremise des moyens de communication omniprésents. La faim du monde est proche : elle s’observe depuis notre simple téléviseur, de notre compte Twitter, en un clic de souris.

Toutefois, l’aspect économique du phénomène de la mondialisation a pour effet l’imbrication des conséquences de notre mode de vie à celui des gens en dehors de nos frontières.

En effet, notre mode de vie occidental, et encore plus celui nord-américain, fait preuve d’une incohérence incroyable : selon la FAO, c’est environ 1,3 milliard de tonnes de nourriture qui sont jetées chaque année, ce qui équivaut à environ 750 milliards de dollars par année. Imaginez si cet argent était plutôt destiné à l’aide humanitaire!

Mauvaise gestion des pêcheries, compétition féroce entre les supermarchés, consommateurs exigeants : toutes ces raisons et bien plus encore font en sorte que les restes d’un repas jetés à la poubelle ne sont pas le gros du problème.

De fait, le gaspillage se produit surtout en amont de la chaîne d’approvisionnement. Pour illustrer le problème, c’est moins de la moitié de la production alimentaire qui se rend jusque dans nos assiettes!

Lorsque l’on sait que l’alimentation est la principale cause du réchauffement climatique, il devient clair que ces pertes alimentaires constituent un problème à ne pas négliger.

Malgré tout, je ne peux m’empêcher de demeurer optimiste face à l’ampleur du phénomène. Bien qu’il ne soit pas réaliste de croire que le système capitaliste, à la base de ce gâchis en raison de ses impératifs de rentabilité à tout prix, se transformera demain matin, nombre d’ingénieux entrepreneurs et de créatifs citoyens militants pour l’environnement nous font entrevoir une lueur d’espoir.

Il est difficile de passer outre le mouvement croissant du dumpster diving, cette pratique d’aller chercher sa nourriture dans les grandes quantités d’aliments encore

comestibles jetés aux poubelles par les supermarchés. On peut se réjouir, par exemple, des chercheurs, tel Daniel-Yves Martin, travaillant sur un procédé visant à prendre les fruits et légumes jetés par les épiceries pour en faire de l’engrais.

On peut également se tourner vers la ville belge de Herstal, qui a octroyé une loi forçant ses supermarchés à donner leur nourriture destinée aux poubelles à des associations d’aide alimentaire.

Comme quoi parmi les 7 milliards d’êtres humains sur Terre, plusieurs ont le don de changer les choses!

Emmanuelle Gauthier-Lamer Enseignante en philosophie, Collège de Valleyfield

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