Le mouvement félicite la Caisse de se doter d’une première stratégie sur le climat, laquelle comprend des cibles précises de réduction d’intensité des émissions, établit un système de reddition de comptes et prévoit une augmentation des investissements dans les énergies propres. Sortons la Caisse du Carbone souhaite toutefois que la Caisse aille rapidement plus loin et s’engage à réduire ses investissements dans les projets et les compagnies d’hydrocarbures les plus polluants, à commencer par le charbon et les sables bitumineux. Les groupes membres de Sortons la Caisse du Carbone offrent d’ailleurs leur collaboration à la Caisse pour assurer une mise en œuvre transparente et une bonification de la stratégie annoncée aujourd’hui.
Pour Sébastien Collard, porte-parole de l’organisme Recycle ta Caisse, « l’annonce d’aujourd’hui constitue un premier pas vers la décarbonisation des actifs du bas de laine des Québécois. Moins il y aura de carbone dans le portefeuille de la Caisse, plus limité sera le risque d’exposition au phénomène de la bulle de carbone. » Sortons la Caisse du carbone rappelle que la mise en oeuvre de l’Accord de Paris implique que la vaste majorité des réserves de combustibles fossiles devra demeurer inexploitée, ce qui mènera à une forte dévaluation des actifs pétroliers et gaziers, cette dévaluation étant déjà en cours dans le secteur du charbon.
Le mouvement Sortons la Caisse du carbone accueille positivement le fait que la Caisse analysera systématiquement le risque climat dans ses décisions d’investissement, mais espère en même temps que les cibles d’intensité d’émissions annoncées aujourd’hui deviendront rapidement plus ambitieuses afin de réduire davantage notre exposition au risque d’éclatement d’une bulle carbone.
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-énergie de Greenpeace Canada, considère pour sa part que « le virage de la Caisse est bienvenu, mais elle doit aller plus loin pour être parmi les leaders mondiaux en matière de lutte contre les changements climatiques et protéger les investissements des Québécois. La Caisse doit s’inspirer des grands investisseurs les plus avant-gardistes au monde et annoncer rapidement qu’elle diminuera ses investissements totaux dans les combustibles fossiles, à commencer par le charbon, les sables bitumineux et les pipelines. »
Pour Karel Mayrand, directeur général de la Fondation David Suzuki au Québec, « Nous saluons le leadership de Michael Sabia et de la CDPQ sur la question du climat. Cette annonce lance un signal clair au secteur financier que la transition énergétique est inévitable pour tous les acteurs. Nous espérons maintenant que la Caisse se dotera d’une cible absolue de réduction de ses émissions afin de pouvoir atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Nous considérons la cible annoncée aujourd’hui comme un point de départ. »
Sortons la Caisse du carbone rappelle quelques exemple de grandes institutions financières qui ont amorcé un désinvestissement, dont le Fonds souverain norvégien, le plus important de ce genre au monde, qui a une politique de désinvestissement du charbon, qui a commencé à désinvestir des sables bitumineux et qui exclut plusieurs compagnies. De son côté, le plus important fonds de pension suédois (AP7) a annoncé qu’il exclut désormais de ses investissements une panoplie de compagnies, dont TransCanada et ExxonMobil, en raison du fait que leurs activités sont incompatibles avec l’Accord de Paris. La semaine dernière, BNP Paribas, la 8e banque en importance au monde a annoncé qu’en plus de réduire son soutien au secteur du charbon, elle cessait ses relations avec les acteurs dont l’activité principale est l’exploration, la production, la distribution, le marketing ou le trading de gaz et de pétrole de schiste et/ou de pétrole issu des sables bitumineux et s‘engage à ne pas financer de projet d‘exploration ou de production de gaz et de pétrole en Arctique.
Sortons la Caisse du Carbone rappelle que l’Analyse des investissements de la Caisse de dépôt et placement en 2016 dans les hydrocarbures par le groupe Recycle ta Caisse a révélé que la Caisse a procédé en 2016 à l’achat d’actions dans les compagnies d’hydrocarbures, avec une augmentation moyenne des parts sociales de 76% dans le secteur du pétrole et du gaz et de 119% dans celui du charbon, comparativement à 2015. Dans ce contexte, la valeur des placements dans ces trois formes d’énergies a connu, sur un an, une augmentation de 4,5 milliards et leur proportion dans le portefeuille global de la Caisse est passée de 4,9% à 6,2%. Plus spécifiquement, au niveau du portefeuille actions de la Caisse, la proportion dans les énergies fossiles passent de 7% à 9,7%.
Le mouvement Sortons la Caisse du Carbone a été lancé il en novembre 2016 an et est soutenu par la Fondation David Suzuki, Greenpeace Canada et Recycle ta Caisse. Il a l’appui de plus de 300 000* Québécoises et Québécois qui font partie des organisations citoyennes et syndicales s’étant prononcées en faveur d’un désinvestissement de la Caisse des hydrocarbures.
Pour consulter l’Analyse des investissements de la Caisse de dépôt et placement en 2016 dans les hydrocarbures par le groupe Recycle ta Caisse: http://bit.ly/RapportRTC-CDPQ
Pour consulter la pétition de Sortons la Caisse du Carbone: http://sortonslacaisseducarbone.org
Crédit photo: Jacques Nadeau, Le Devoir