4
Apr

Innover pour la sécurité des travailleurs

Partager :
Auteur:  

La négligence extrême est rare, mais il suffit parfois d’un petit détail pour faire basculer la vie d’un travailleur.

La prévention est la meilleure arme dont puissent se munir les entrepreneurs, mais encore faut-il savoir détecter les dangers, ce qui n’est pas toujours évident. « Personne n’est à l’abri d’un oubli. Notre rôle n’est pas juste celui d’une sorte de police. Nous sommes aussi là pour informer les employeurs et les aider dans leurs démarches d’intervention. On peut cibler les endroits où agir », mentionne Louis-Pierre Ducharme-Tremblay, porte-parole à la CSST. L’organisme n’est pas le seul qui peut leur venir en aide, il existe aussi plusieurs consultants en analyse de risques.

Jocelyn Morier, directeur de projet chez Morier Technologie, est un de ceux-là. Il arpente les usines et repère les endroits, les machines et les façons de faire problématiques. Ses conclusions étonnent parfois ses clients. « Les gens sont surpris quand je leur annonce qu’une telle ou une telle machine n’est pas sécuritaire. C’est que dans les faits, elle pouvait l’être au moment de l’achat, mais avec certaines modifications ou avec le temps et les nouvelles normes, elle ne l’est plus. » Quelquefois, ce n’est pas l’équipement qui est directement en cause, mais les employés eux-mêmes qui, pour gagner du temps, prennent certains risques.

« Avec des outils appropriés, un travailleur devient plus compétent, donc plus motivé et par conséquent, plus productif. » Donald Gagné, président-directeur général de Ganterie BCL.

Pour remédier à la situation, il faut selon M. Morier, que les solutions proposées soient simples, qu’elles ne diminuent pas la production, dans la mesure du possible, tout en respectant les normes de sécurité. « Il ne faut pas que le travailleur ait le goût de contourner le système de sécurité. On doit se mettre dans sa peau. Mon rôle est de toujours innover, d’adapter des équipements de sécurité pour qu’ils deviennent invisibles. »

En matière d’innovation, les choix ne manquent pas : rideau optique, tapis qui détecte le poids, etc. Yves Gagnon, vice-président de Conception Interal, est un de ces entrepreneurs qui a développé quelque chose d’assez unique en matière de sécurité du travail. Il a conçu un logiciel de cadenassage dynamique. « Notre logiciel lie les équipements entre eux. Si l’environnement d’un équipement a changé (ajout ou suppression d’une machine), le logiciel désapprouvera la procédure de cadenassage. Cela permet d’envoyer une sorte d’alerte à l’employé en lui disant : attention quelque chose a changé, vérifie ta procédure. »

Sécuritaire et productif

Tout ce matériel, ces modifications, ces nouveaux équipements ont évidemment un prix, parfois même substantiel. Ces frais ne sont toutefois rien à comparer de ce qu’il en coûte lorsqu’un accident de travail survient. Cela est d’autant plus vrai depuis la mise en application de la loi C-21 en mars 2004. « C’est une loi qui a du mordant. Elle donne la possibilité de poursuivre un employeur pour négligence criminelle lorsque survient un accident de travail qui aurait pu être évité par la mise en place d’un plan de sécurité. Cette loi a changé la donne et pousse les employeurs à ne plus faire preuve de procrastination », mentionne M. Morier.

Pour Donald Gagné, président-directeur général de Ganterie BCL, les équipements de sécurité ne sont pas juste une dépense, ils peuvent aussi favoriser et augmenter la production. « Un bon gant permet d’obtenir une meilleure adhérence. Le travailleur va plus vite, mais ne force pas tout le temps. Il est moins fatigué et se blesse moins. À mon avis, c’est une chaîne. Avec des outils appropriés, un travailleur devient plus compétent, donc plus motivé et par conséquent, plus productif. Les équipements de sécurité peuvent permettre des économies, mais il faut le voir globalement. »

Les gants que fabrique BCL sont évidemment spécialisés, comme pour le monteur de ligne d’Hydro-Québec par exemple, sans quoi l’entreprise n’arriverait pas à concurrencer ses compétiteurs asiatiques. Encore là, pour arriver à mettre sur le marché des produits uniques, l’entreprise innove et investit dans la recherche et le développement. « On s’assure que nos gants répondent aux nouvelles normes de sécurité et on utilise les fibres les plus performantes. »

Mais pour M. Gagné, toute l’innovation du monde ne sert à rien si elle n’est pas au service de son utilisateur. « Notre mission est de favoriser la production, mais aussi la protection. Beaucoup plus que les acheteurs, ce sont ceux qui utilisent nos produits qui sont importants. Il faut continuellement s’adapter, aller dans les usines pour voir comment les employés travaillent. Si on n’aime pas un produit, il faut découvrir pourquoi. C’est de l’amélioration continue.»

SAVIEZ-VOUS QUE:

  • La CSST a émis près de 100 interdictions de vente d’équipements non conforme aux règles de sécurité ?
  • Un jour sur quatre, un Québécois perd la vie au travail et toutes les six minutes, un travailleur est blessé ou mutilé à la suite d’un accident du travail?
  • Les quatre types d’accidents les plus fréquents : les chutes, les accidents avec les chariots élévateurs, une mauvaise application de la procédure de cadenassage et les pièces en mouvement?

LIENS INTERNET Vous voulez connaître ceux qui œuvrent dans le domaine de la sécurité? Voici une liste des exposants présents lors du dernier grand rendez-vous de la santé et sécurité au travail.

  1. http://grandrendez-vous.com/index.php?option=com_content&view=article&id=14&Itemid=20&lang=fr
Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs