18
Apr

Industrie du plastique et des matériaux composites – La Vallée de la plasturgie souhaite regrouper les joueurs

Partager :
Auteur:  

Selon le plus récent diagnostic sectoriel élaboré par PlastiCompétences, le comité sectoriel de main-d’œuvre de l’industrie des plastiques et des composites, cette industrie compte 442 entreprises et près de 23 500 travailleurs, dont une majorité, œuvrent spécifiquement dans le plastique. Trois régions du Québec employaient à elles seules, en 2008, 80% des travailleurs de cette industrie, soit Montréal, la Montérégie et Chaudière-Appalaches. Et c’est dans cette dernière qu’a été créé, en 2008, le premier créneau d’excellence Accord en plasturgie, la Vallée de la plasturgie.

« Il y a dans notre région une masse critique parmi les plus importantes au Québec », souligne Simon Chrétien, directeur général de la Vallée de la plasturgie. « Mais il y avait surtout une volonté des entrepreneurs de travailler ensemble et d’initier une démarche pour se donner des leviers et des outils pour être plus performants. Au départ, ce sont 17 entreprises qui se sont regroupées dans le but de se structurer, s’organiser, se donner une force. Ils ont initié une démarche de regroupement et parallèlement à ça, le gouvernement avait lancé la démarche Accord. C’est donc cette volonté de nos entrepreneurs de se regrouper et de travailler ensemble qui a donné naissance à ce créneau du programme Accord. »

Depuis 2008, la Vallée de la plasturgie appuie et accompagne les entreprises de la région dans leur développement, dans l’ouverture de nouveaux marchés et dans le rayonnement de cette industrie, qui figure parmi les cinq plus importantes au Québec en termes de parts du PIB. Promoteur de missions économiques aux États-Unis, au Mexique et même en Europe, la Vallée de la plasturgie a aussi fait partie des leaders qui ont organisé, en 2014, la première édition d’Alliance Monde Polymères à Lévis, une rencontre internationale qui a accueilli plus de 350 personnes et permis à la région de démontrer son leadership dans le domaine. Conférences, «speed dating» d’affaires, expositions et concours d’innovations, Alliance Monde Polymères a créé un momentum.

« Ça a permis de créer un bon engouement pour stimuler le volet innovation, et montrer l’importance d’innover dans une industrie qui semble souvent conventionnelle et traditionnelle. Ça a été un très beau coup, qui a donné une belle lancée », souligne Simon Chrétien.

Outre l’accompagnement et la création de synergies, la Vallée de la plasturgie a offert depuis sa création un appui au développement des ressources humaines, au développement de marchés, à l’innovation et au rayonnement de l’industrie. Parmi les services offerts, le créneau Accord en plasturgie travaille aussi de près avec les entreprises pour l’obtention du financement de divers projets ciblés.

Voir grand

La disparition en 2017 de la FEPAC, la Fédération des plastiques et Alliances composites, a laissé un vide à l’échelle de la province. L’Association canadienne de l’industrie des plastiques (ACIP) remplit toujours un rôle important, mais la nécessité d’un regroupement fort des joueurs québécois de l’industrie se fait sentir. La Vallée de la plasturgie a invité tous les intervenants de l’industrie à une table de concertation de la plasturgie ; y sont conviés les principaux organismes qui œuvrent dans le domaine des plastiques et composites : l’ACIP, PlastiCompétences, le Regroupement des industries composites (RICQ), les centres collégiaux de transfert technologique de Thetford Mines et de St-Jérôme et les principales institutions d’enseignement dans le domaine.

La Vallée de la plasturgie a aussi ouvert son membership à toutes les entreprises et organisations québécoises, pour créer une force de frappe et une synergie encore plus importantes, et mobiliser les gens de l’industrie à travailler ensemble.

« L’industrie québécoise de la plasturgie se démarque par son expertise, son innovation, et sa capacité à produire des pièces plus complexes et précises. On a aussi plusieurs centres de formation, avec des programmes techniques en plasturgie et en composite, en plus des universités. C’est un gros réseau d’innovation dans le domaine des polymères. »

Mais sur le plan international, l’industrie québécoise doit concurrencer avec de gros joueurs, notamment en Asie, qui ont des capacités de production élevées, à des coûts moindres. Et comme la plupart des industries au Québec, la plasturgie éprouve de la difficulté à recruter de la main-d’œuvre, alors que les carnets de commandes sont pleins.

« Les entreprises vont devoir s’ouvrir à la robotisation, à l’automatisation », souligne Simon Chrétien. « Ça représente des investissements importants. Mais les entreprises doivent commencer à bouger pour se doter d’équipements plus performants, réduire leurs taux de rejet, faire des pièces avec moins de main-d’œuvre, moins de manipulation. Actuellement, on est avantagé du côté des pièces complexes et précises, mais l’Asie commence elle aussi à faire des pièces plus complexes, et pourra les faire en gros volumes à moindre coût. Donc, il faut se préparer à ça, il faut que les entreprises évoluent et se modernisent, optimisent encore plus leurs procédés, leurs façons de faire. »

Vers une stratégie nationale de la plasturgie

Alors que le Québec compte sur une stratégie nationale pour ses industries phares comme le bois, l’aluminium ou l’aéronautique, cette démarche se fait attendre du côté de la plasturgie. La Vallée de la plasturgie vient de compléter son plan d’action quinquennal, qui est présentement en évaluation, et s’apprête à élaborer le prochain plan. Simon Chrétien souligne que plusieurs pistes sont déjà sur la table, notamment la création d’une stratégie nationale.

Le directeur général de la Vallée de la plasturgie avait d’ailleurs commencé à élaborer les grandes lignes d’une telle stratégie il y a un peu plus d’un an, et avait approché le gouvernement libéral, qui semblait ouvert à l’idée. Mais arrivent les élections de l’automne dernier, et en pleine campagne électorale, le sujet a perdu de son intérêt auprès des élus.

« Je n’ai pas pu rencontrer la ministre du développement économique Dominique Anglade, mais j’ai rencontré des gens haut placés de son cabinet, qui m’ont fait comprendre que le plastique avait très mauvaise presse, et qu’un politicien en pleine campagne électorale ne touchait pas ce qui a mauvaise presse. Bref, on m’a dit d‘oublier ça. »

Avec l’élection du nouveau gouvernement de la CAQ en octobre, Simon Chrétien entend bien reprendre le bâton du pèlerin dès que les nouveaux élus auront pris leurs marques.

« Je leur laisse le temps de prendre leurs dossiers en main, et là, je m’apprête à les rencontrer pour voir s’ils ont une vision de l’économie différente que leurs prédécesseurs. »

Mauvaise presse

Campagne contre les pailles de plastique, interdiction dans plusieurs villes du Québec de sacs plastiques à usage unique, photos de la mer recouverte de bouteilles de plastique sur les réseaux sociaux, l’industrie du plastique est loin d’avoir la cote dans les médias, et dans l’esprit de bien des gens. Cette mauvaise presse est d’ailleurs à l’ordre du jour dans les rencontres prévues de la table de concertation.

Simon Chrétien reconnaît l’enjeu, mais il estime que les détracteurs du plastique s’attaquent à la mauvaise personne.

« Les environnementalistes dénoncent les bouteilles qui flottent. Ils n’ont pas tort, ces bouteilles ne devraient pas flotter dans nos rivières, nos lacs, sur l’océan. Mais il y a quelqu’un qui les a mises là, ces bouteilles. C’est une problématique de gestion des déchets, qu’on met sur le dos de l’industrie du plastique. »

Il souligne notamment qu’une grande partie du problème, à l’échelle internationale, vient des pays où cette gestion des déchets est particulièrement déficiente. Par ailleurs, l’industrie du plastique est fermement engagée à favoriser l’utilisation de résine de plastique recyclée. Toutefois, la variabilité de cette résine en termes de qualité est un frein important. Et l’industrie du plastique étant soumise aux exigences des donneurs d’ordres, elle ne peut d’elle-même solutionner ce problème, si les donneurs d’ordres exigent l’utilisation de résine vierge dans la fabrication des pièces.

« On s’en va dans le bon sens », souligne toutefois Simon Chrétien. « Il y a de plus en plus de possibilités, de technologies, mais on est encore loin de l’objectif qu’on souhaiterait atteindre pour différentes raisons. Mais ce n’est pas par manque de volonté des entreprises de l’industrie du plastique, qui doivent se soumettre de toute façon aux demandes des donneurs d’ordres. »

Les manufacturiers de plastiques se disent ouverts à faire mieux, mais encore faut-il qu’il y ait une demande en ce sens de la part des donneurs d’ordres.

« Il faut changer la mentalité des donneurs d’ordres, mais il faut comprendre qu’eux aussi ont des contraintes. Et il faut aussi que le consommateur soit prêt à accepter un produit fabriqué avec la résine recyclée. »

Par Claude Boucher

Lisez l’article complet

Voir toutes les nouvelles industrielles et manufacturières

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs