Par Claude Boucher
Le Sommet international des transports électriques et intelligents IMPULSION, présenté en mars dernier par la grappe industrielle Propulsion Québec, a connu un succès retentissant, surpassant largement les éditions antérieures de l’évènement. Avec plus de 1500 participants, une quarantaine de conférences et ateliers, une présence sentie dans l’espace des exposants et plus de 850 rencontres B2B, l’édition 2023 d’IMPULSION aura été un jalon important pour établir le Québec comme joueur majeur dans l’électrification des transports.
Preuve éloquente du succès d’IMPULSION, Édition Innovation, l’évènement qui se déroulait sur trois jours au Palais des Congrès de Montréal aura attiré tout le gratin politique lié de près ou de loin à l’industrie des transports électriques et intelligents. À commencer par le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, dont la présence aura été annoncée quelques jours seulement avant l’évènement.
« On est rassemblé ici parce qu’on croit tous en l’importance de développer des technologies propres pour bâtir un meilleur avenir », a affirmé Justin Trudeau lors de la cérémonie d’inauguration d’IMPULSION. « Un avenir avec de bons emplois pour nos travailleurs et de l’air pur pour nos enfants. Notre gouvernement continue de positionner le Canada comme un leader mondial des technologies propres, y compris dans le domaine du transport électrique. Avec nos efforts des dernières années, le Canada est passé du 5e au deuxième rang mondial pour ce qui est de notre chaine d’approvisionnement de batterie lithium-ion. »
Justin Trudeau était accompagné de Philippe François Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada, ainsi que de Pascale St-Onge, ministre des Sports et du Développement économique Canada pour le Québec. Du côté provincial, l’évènement a pu compter sur la présence quasi permanente du ministre québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et ministre responsable de la région des Laurentides, Benoit Charrette, ainsi que celle du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.
« Cet événement organisé par Propulsion Québec fait rayonner notre énergie renouvelable et notre filière des véhicules électriques et intelligents », a dit Pierre Fitzgibbon. « Décarboner notre économie et électrifier nos transports sont des priorités pour notre gouvernement, et nous allons continuer d’encourager les filières qui renforceront la position du Québec comme leader en mobilité durable. »
Connu pour sa vision plus verte que l’administration précédente, le maire de Québec, Bruno Marchand, était aussi présent à IMPULSION.
La PDG de Propulsion Québec, Sarah Houde, peut fièrement dire « Mission accomplie ».
« Je suis vraiment très satisfaite, très heureuse. C’est un évènement mémorable. C’était comme l’apothéose de notre secteur, avec un nombre record de participants, la présence ministérielle, les rencontres d’affaires. C’était vraiment un grand succès. C’est le plus gros évènement qu’on a jamais organisé. Je perçois vraiment un message de reconnaissance de l’importance de notre secteur. On pense que ça vaut la peine de se déplacer pour notre évènement, c’était suffisamment important. Pour moi, c’est un gage de reconnaissance. »
Quant aux délégations internationales, IMPULSION a pu compter sur la présence marquée de grands joueurs, comme le numéro un mondial des moteurs de véhicules lourds Cummins, ou de leader mondial Alstom, ainsi que d’une forte délégation de France, qui était d’ailleurs à l’honneur lors de l’évènement, dans le cadre de l’année de l’innovation Franco-Québécoise.
« Nous partageons avec la France une forte volonté de faire la transition d’une économie verte », a dit Martine Biron, ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie. « Je tiens à souligner l’excellent travail de la Délégation générale du Québec à Paris, qui a réussi à créer un rapprochement entre les écosystèmes français et québécois dans le secteur des transports, avec la signature d’une entente, entre l’Agence de l’Innovation pour les Transports, un partenaire français, Propulsion Québec et Innovation en énergie électrique (InnovÉÉ). »
Sarah Houde de Propulsion Québec est aussi satisfaite de cette entente avec l’équivalent français de Propulsion Québec, l’Agence de l’Innovation pour les Transports.
« On a obtenu plus de déplacements de personnes importantes venues partager des choses, vraiment une belle délégation française qui a en retour aussi attiré de gros noms. Franchement, j’étais très satisfaite de cette idée d’avoir un pays à l’honneur, et c’est quelque chose que l’on pense reproduire à la prochaine édition. »
Une participation record
L’édition 2023 du Sommet international des transports électriques et intelligents a présenté un nombre record d’ateliers et conférences, et attiré un nombre tout aussi record de participants. Et cette présence était évidente tout au long de l’évènement, alors que la principale salle de conférence était remplie à pleine capacité.
Les ateliers et conférences auront touché une foule de sujets liés aux transports électriques et intelligents, depuis les actions politiques nécessaires à la transition énergétique, les infrastructures de recharge, la filière batteries vertes, l’hydrogène et le transport de marchandises.
Du côté des exposants, IMPULSION présentait une intéressante mixité d’acteurs gouvernementaux, institutionnels, industriels et commerciaux. On y retrouvait des manufacturiers comme Nova Bus ou Alstom, des fournisseurs de composantes comme Siemens, CLÉO, la filière électrification des transports d’Hydro-Québec, d’importants joueurs du côté financier, mais aussi une intéressante zone Start-Ups et un espace réservé au réseautage et rencontres d’affaires. Et alors que l’achalandage de ces salles d’exposants laisse souvent à désirer lors de grandes conférences, les exposants à IMPULSION auront eu des journées bien remplies.
Des annonces importantes
Outre l’annonce de l’entente de collaboration entre Propulsion Québec et l’Agence de l’Innovation pour les Transports du ministère français de la transition énergétique, IMPULSION aura été l’occasion pour différents ministères, organismes et entreprises de faire plusieurs annonces importantes.
Parmi celles-ci, l’annonce d’une subvention du gouvernement québécois de 6 millions $ à FLO (AddÉnergie) pour le développement d’une nouvelle génération de bornes de recharge rapide de grande puissance et d’une nouvelle plateforme de bornes de niveau 2 pour véhicules électriques. Cette annonce a été faite par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, ministre responsable du Développement économique régional et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Pierre Fitzgibbon, et le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et ministre responsable de la région des Laurentides, Benoit Charette, en ont fait l’annonce aujourd’hui, en compagnie du président et chef de la direction de FLO, Louis Tremblay. La nouvelle génération de bornes de recharge rapide de grande puissance (de 120 kW à 320 kW) permettra à FLO de répondre à la demande croissante des marchés canadien et américain.
« Cette aide vient concrétiser un projet de plus de 23,8 millions », a souligné le ministre Fitzgibbon. « L’entreprise a développé une nouvelle génération de bornes rapides de grande puissance, et une nouvelle plateforme de borne de recharge de type 2 pour les VÉ. Ça va aider FLO à devenir encore plus compétitive, à poursuivre sa croissance et à se positionner encore plus avantageusement dans le marché en Amérique du Nord. »
Le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, a du même coup confirmé un investissement de 60 millions $ dans le Circuit électrique, pour l’achat et l’installation de 367 bornes de recharge supplémentaires pour le réseau public. Ces nouvelles bornes s’ajouteront au réseau qui en compte pour l’instant 1200.
Propulsion Québec a aussi conclu un autre partenariat avec Technum Québec, la zone d’innovation de Bromont de l’industrie électronique. Cette collaboration permettra un meilleur maillage entre les différents fournisseurs de véhicules et composantes et l’industrie électronique québécoise en plein essor. Au-delà des transports électriques et intelligents, le PDG de Technum Québec, Normand Bourbonnais, parle de transports électroniques.
« On a la plus grande usine de capteurs senseurs indépendantes au monde, à Bromont, Teledyne Dalsa, on a la plus grande usine d’assemblage de semi-conducteurs en Amérique, IBM, on a le plus grand centre de recherche en système électronique au Canada, et quand on regarde ce que ce centre développe, c’est le plus grand en Amérique aussi. On est très bien positionné dans le corridor nord-est américain, comparativement à ce qui se passe dans le corridor automobile ontarien. On travaille à mettre ce corridor en place, et il y a de beaux projets sur la table. »
Une annonce controversée
Une annonce a toutefois fait sourciller les participants à IMPULSION : celle de l’usine de batteries de Volkswagen, qui sera construite non pas au Québec, mais en Ontario. Cette annonce du ministre de l’Innovation, des sciences et du développement économique du Canada, Philippe François Champagne, en a pris plusieurs par surprise, IMPULSION étant dédié à la grappe industrielle québécoise. Québec était au rang des candidats pour recevoir cette usine, mais devant l’incapacité de fournir les quelque 900 mégawatts d’énergie nécessaires, le fabricant s’est tourné vers la province voisine. Mais malgré cette déception, les principaux joueurs québécois ont rappelé que cette usine ontarienne aura inévitablement besoin de composantes québécoises.
« GM est venue du côté de Bécancour. Volkswagen en Ontario. Il y en a d’autres à venir », a souligné le ministre Champagne. « Ce qui est important, c’est que c’est le même écosystème. »
Plusieurs déploraient toutefois un déséquilibre entre l’aide fédérale en Ontario et celle accordée au Québec dans la filière des véhicules électriques. Faudrait-il une meilleure coordination pancanadienne dans l’électrification des transports? Malgré l’existence d’un organisme canadien, Accélère Canada, Sarah Houde estime que oui.
« Il y a définitivement du chemin à faire. C’est un travail qui est loin d’être terminé. On travaille le reste du Canada, mais on reste sur nos marchés prioritaires, les États-Unis avec l’exportation. On travaille avec notre organisme sœur, Accélère Canada, qui va prendre le flambeau. Notre mandat, chez Propulsion Québec, est panquébécois. »
Un bilan positif
Sarah Houde de Propulsion Québec était visiblement fière du succès de l’édition 2023 d’IMPULSION, du travail accompli par son équipe et des résultats concrets obtenus, tant du côté gouvernemental que de celui des entreprises.
« C’est un travail de longue haleine d’entretenir les relations politiques pour que ça se traduise en engagements. Il y a quand même eu des annonces pendant notre évènement, mais des évènements comme IMPULSION contribuent à planter des graines pour l’avenir. Ce qu’on a récolté dans les annonces faites lors d’IMPULSION, c’est le résultat des graines qu’on a plantées il y a bien longtemps. »
Il faut souligner ici le travail impeccable pour coordonner un évènement d’une telle envergure de la jeune équipe de Propulsion Québec, un organisme qui, faut-il le rappeler, n’existe que depuis 2017. Le Sommet international des transports électriques et intelligents, IMPULSION, reviendra en 2025. Pour en savoir plus sur IMPULSION et Propulsion Québec, nous vous invitons à visiter le www.propulsionquebec.com