Toutefois, les mesures gouvernementales de rétention de la clientèle immigrante sont parfois mal adaptées à la réalité internationale.
Au Canada, le terme «immigrant» a une signification bien particulière. Selon Me Philippe Rousseau, de LJT Avocats, « les résidents permanents ont, au terme d’une procédure d’immigration, obtenu le droit de vivre de manière permanente et peuvent donc travailler où ils le souhaitent et pour tout employeur. À l’inverse, les travailleurs étrangers temporaires (TET) sont des résidents temporaires autorisés légalement à travailler au pays, mais pendant une période déterminée ».
De plus, un principe régit toute forme d’immigration économique (catégorie qui regroupe notamment les travailleurs qualifiés et les gens d’affaires) : les offres peuvent être comblées par des nouveaux arrivants lorsqu’il n’y a pas de travailleurs canadiens disponibles et aptes à remplir ces fonctions.
La main-d’œuvre étrangère répond à un besoin spécifique, mais peut également avoir des avantages stratégiques pour l’organisation. Ainsi, l’entreprise désirant renouveler son offre à l’international ou encore accéder à des occasions d’affaires dans d’autres pays peut bénéficier de talents étrangers et améliorer son positionnement à l’exportation.
« Il est contraire à toute logique et on fait preuve d’une déconnection complète de la part des gouvernants de demander à une entreprise d’attendre trois voire six mois avant de pouvoir bénéficier des services d’un travailleur étranger » Me Philippe Rousseau, LTJ Avocats.
La lutte à l’embauche ne se déroule pas uniquement au plan local. Le Canada et le Québec sont désormais en concurrence mondiale. Une société québécoise peut en effet se retrouver en compétition avec une entreprise chinoise ou indienne, par exemple.
Dans ce contexte, les délais de traitement pour l’obtention des autorisations de travail, dont en particulier l’avis relatif au marché du travail (AMT), constituent un problème majeur pour les manufacturières.
« Il est en effet contraire à toute logique, et on fait preuve d’une déconnection complète de la part des gouvernants, de demander à une entreprise d’attendre trois, voire six, mois avant de pouvoir bénéficier des services d’un travailleur étranger », s’indigne l’avocat.
Il existe cependant des exceptions pour obtenir plus rapidement un permis de travail, telles les ententes de libre-échange (dont l’ALENA) ou encore certaines dispositions touchant le transfert entre entreprises appartenant à un même groupe.
Par ailleurs, un registre des professions en demande au Québec favorise une procédure accélérée (fast track) pour l’embauche de travailleurs étrangers quand l’offre locale ne peut répondre aux besoins.
La liste des professions admissibles au traitement simplifié de Services Canada et du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) comprend une quarantaine de professions de niveaux technique et professionnel, comme celles d’ingénieur en mécanique, de technicien en génie civil, mais aussi d’adjointe de direction, de directeur du marketing ou encore de vérificateur comptable. Ces demandes sont analysées en priorité et évaluées selon des critères épurés.
Recruter à l’international représente souvent une tâche inhabituelle pour un employeur. Placement en ligne – volet international, un service d’Emploi-Québec et du MICC, présente les profils de candidats intéressés par le Québec et donne accès plus rapidement à une main-d’œuvre de qualité.
Par ailleurs, il semble que la plupart des secteurs d’activité soient touchés par cette problématique. L’aéronautique au premier chef mais également tout le domaine manufacturier se doivent d’apprivoiser cette solution.
« Certains secteurs, croit Me Rousseau, en fonction de leur développement futur, vont avoir un besoin massif de travailleurs étrangers. Pensons notamment aux exploitations minières du Nord québécois en se fondant sur l’exemple des besoins de l’Alberta dans le cadre de l’exploitation de ses ressources naturelles. »
L’immigration aujourd’hui ne se limite plus au seul pays d’accueil. «Outre la question des besoins locaux en main-d’œuvre, de conclure Me Rousseau, il s’agit également du reflet de l’internationalisation des échanges et de la production où les phases de développement et de production sont réparties sur plusieurs continents. »
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