La mode est à l’écologie et à la protection de l’environnement. À tel point que le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec a mis sur pied Transition énergétique Québec, tandis qu’à Ottawa Ressources naturelles Canada publie de nombreuses données à ce sujet, dont un rapport étoffé de 59 pages en juin 2018. Plusieurs programmes québécois favorisent l’adoption de meilleures pratiques en entreprises, tels qu’ÉcoPerformance, Chauffez vert CII, Biomasse forestière résiduelle, Technoclimat, Remise au point des systèmes mécaniques des bâtiments… Et ce, souvent avec la participation d’organismes tels qu’Hydro-Québec et Énergir (le nouveau GazMétro).
« Le problème, justement, est qu’il y a beaucoup de choix, de possibilités. Et que les gens dans les industries qui nous contactent n’ont souvent aucune idée de ce qu’ils devraient faire. Nous effectuons environ 150 interventions sur le terrain par année, dans les entreprises, pour déterminer ce qui peut être fait », précise Éric Le Couédic, directeur des démarches d’accompagnement en efficacité énergétique de l’Association québécoise pour la maîtrise de l’énergie. Ces visites et les courts rapports d’évaluation qui sont produits par la suite sont offerts gracieusement aux entrepreneurs grâce à une aide gouvernementale.
Contrairement à la plupart des états sur la planète, les sources d’énergie sont nombreuses au Québec, relativement abordables et facilement disponibles, particulièrement l’hydroélectricité. Et c’est justement ce qui incite à moins se soucier d’économie d’énergie, selon la plupart des spécialistes consultés : « Durant les derniers mois j’ai visité plusieurs pays, nous avons des projets aux États-Unis, en Nouvelle-Écosse, en Saskatchewan, en Alberta et beaucoup en Ontario. Même si nous sommes au Québec notre marché est principalement ailleurs, parce que le coût de notre énergie ici est bas et qu’il ne fluctue pas beaucoup, contrairement à la plupart des endroits dans le monde », constate Martin Larocque, pdg de Sigma Stockage d’Énergie.
Cette entreprise ayant reçu plusieurs prix internationaux depuis 2014 a développé une technique d’accumulation d’énergie particulière. Plutôt que d’utiliser des batteries à la durée de vie limitée, Sigma Stockage d’Énergie la conserve avec de l’air comprimé. « Notre système est mécanique, il a une durée de vie de plus de 20 sinon 30 ans, dont l’efficacité ne diminue pas avec le temps. Quand on est en situation de surplus d’électricité, des compresseurs accumulent de l’air dans des réservoirs pour l’utiliser plus tard et la chaleur alors créée est également récupérée. Donc, nous avons deux sources d’énergie potentielle, disponibles quand on en a besoin et tout ce qui est émis dans l’environnement n’est que de l’air », souligne Martin Larocque. À l’été 2019 Hydro-Sherbrooke devrait commencer à utiliser un tel système qui emmagasinera l’énergie produite en période de surplus pour le libérer lors des pointes de consommation.
Mais pour accumuler de l’énergie certains préféreront la produire eux-mêmes, ce à quoi les nombreux membres de l’association Énergie solaire Québec adhèrent. Le répertoire que l’on peut consulter à l’adresse https://esq.quebec/repertoire/ compte des architectes, des entrepreneurs, des électriciens, des installateurs, ainsi que des fournisseurs de produits divers. Patrick Goulet, son directeur, qui travaillait chez Hydro-Québec avant de prendre sa retraite, en est à préparer une nouvelle activité de visites d’installations solaires qui aura lieu à la fin mai dans la région de Lanaudière. Au programme : des fermes et serres, des chalets et une maison autonome montreront ce qu’il est possible de réaliser afin de répondre à ses besoins énergétiques.
Hydro-Québec participe à de tels projets d’autoproduction d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables, telles que l’hydraulique, l’éolien, le photovoltaïque, la bioénergie et la géothermie. Des particuliers, des producteurs agricoles ainsi que des clients d’affaires de petite puissance peuvent fournir à la société d’état leurs surplus d’électricité, pour ensuite bénéficier de crédits lorsqu’ils en ont besoin lors des pointes de consommation. La société d’état leur sert alors de réserve de puissance en plus de leur permettre de réguler leurs coûts d’électricité.
Mais avant d’installer des éoliennes, des canalisations géothermiques sous terre et de garnir son toit de panneaux solaires peut-être que la meilleure solution à envisager s’avère l’un des Trois R (Réduire, Réutiliser et Recycler). « Nous vivons une situation exceptionnelle à l’échelle mondiale, où l’énergie au Québec est peu dispendieuse, ce qui fait qu’il est difficile d’intégrer, de justifier d’autres solutions. Donc on va analyser en entreprise les besoins et les pertes en énergie pour ensuite suggérer des économies diverses : des luminaires améliorés, des détecteurs de présence pour chauffer ou climatiser en fonction du nombre de personnes présentes, de l’éclairage naturel, une meilleure isolation… On peut aussi récupérer l’énergie thermique produite par des appareils, remplacer par le gaz naturel l’électricité pour certains usages, choisir des presses électriques plutôt que des hydrauliques, qui sont plus rapides et efficaces, etc. Nous travaillons avec les gens, selon leurs besoins particuliers, en utilisant d’abord de la matière grise avant de faire de gros achats », ajoute Éric Le Couédic de l’AQME.
Et parlant de matière grise, quelques organismes soulignent l’excellence de projets énergétiques, tels le concours Énergia organisé par l’AQME depuis 1989. Ou encore l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable, qui par ses actions et recommandations module les efforts et avancées réalisés dans différents secteurs énergétiques.
Alors si vous avez l’occasion d’effectuer des travaux de modernisation à votre édifice industriel, que vous devez renouveler d’importants équipements, pourquoi ne pas en profiter pour le faire avec un souci énergétique? Vous pourriez générer une partie de vos besoins en énergie, l’accumuler pour l’utiliser lors des pointes de consommation ou miser sur la réduction à la source afin d’optimiser l’efficacité générale de l’entreprise. D’importantes économies peuvent en découler, en plus de faire de vous un meilleur citoyen corporatif, le tout avec la collaboration d’organismes et de fonds spécialisés.
Par Frédéric Laporte