En dépit des nombreuses révélations faites à la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction (CEIC), communément appelée Commission Charbonneau, le génie-conseil se porte plutôt bien au Québec.
De grands projets d’infrastructures (renouvellement et construction) et de développement nordique, notamment, font partie des tables à dessin des gouvernements et du génie de demain.
Au Québec, on compte 40 firmes de génie-conseil réparties dans quelque 400 bureaux. Ces entreprises engagent plus de 23 000 employés et sont actives dans plus de 200 pays à travers le monde. En 2000, on en recensait une centaine comptant au total près de 9 000 employés.
Chasse aux sorcières
Depuis la mise sur pied de la Commission Charbonneau, force est de constater que, dans le monde municipal, les projets tournent au ralenti et que les effectifs des firmes ont été réduits dans les derniers mois.
En 2002, l’État a révisé la réglementation relative à l’octroi de contrats pour les services professionnels dans les municipalités. Le but recherché : encadrer les conditions des appels d’offres et des contrats gré à gré et, du même coup, enrayer le phénomène d’élections clés en main.
« Bien que cette réglementation semble plutôt avoir eu certains effets pervers, observe Johanne Desrochers, présidente-directrice générale de l’Association des ingénieurs-conseils du Québec (AICQ), nous devons éviter de mettre toutes les municipalités et tous les employés des firmes d’ingénierie dans le même panier. »
En général, les clients font la différence entre les personnes et les entreprises. Le meilleur outil de développement d’affaires dans le secteur privé demeure la qualité du travail de la firme. Johanne Desrochers, présidente-directrice générale de l’Association des ingénieurs-conseils du Québec (AICQ)
Mais qu’en est-il dans le domaine industriel? Les PME sont-elles à l’abri de ce genre de trafic ? Les divulgations présentées à la Commission Charbonneau suscitent des questions de la part des clients et les incitent à s’assurer que leurs façons de faire rencontrent les critères de bonnes pratiques afin d’être à l’abri de tels problèmes.
« En général, poursuit la présidente de l’AICQ, les clients font la différence entre les personnes et les entreprises. Le meilleur outil de développement d’affaires dans le secteur privé demeure la qualité du travail de la firme. »
Le génie des affaires
Selon Jean-Pierre Trudeau, ingénieur et conseiller en recherche à l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ), dans l’avenir, les besoins se feront sentir dans le génie civil non seulement en raison de la construction d’importantes infrastructures tels le pont Champlain ou l’échangeur Turcot, mais également pour une mise à niveau des réseaux d’aqueduc et d’égouts, à Montréal notamment.
Si les professionnels du génie (on en dénombre au-delà de 63 000 au Québec) experts en génie civil, en mécanique du bâtiment et en métallurgie (dans le secteur industriel) sont toujours les plus recherchés, ceux du génie logiciel, du génie biomédical (les biomatériaux et le génie tissulaire, la biomécanique, l’électrophysiologie, le génie clinique, l’ingénierie de la réadaptation, l’instrumentation, l’imagerie biomédicale et les sciences de l’information en santé), du génie des bioressources et du génie technologique prennent néanmoins du galon.
De plus, la mécatronique, science qui allie mécanique, électronique et informatique, tend également à se frayer un chemin en raison de la forte demande des produits et systèmes réunissant ces trois disciplines.
Nouveau positionnement
On constate que les besoins sont en croissance et que malgré, les révélations qui ébranlent l’industrie actuellement, le génie-conseil québécois s’appuie sur une expertise technique développée depuis de nombreuses années.
« Ce savoir-faire est reconnu à travers le monde et n’est pas remis en question par des révélations touchant certaines pratiques condamnables », conclut madame Desrochers.
Qui plus est, « les firmes prennent conscience que même si la crise actuelle nuit au développement des affaires à court terme, elle représente une opportunité unique d’apporter des changements durables à plus long terme. Ces transformations pourraient même éventuellement avoir un impact positif sur le développement hors frontières, puisqu’elles pourraient permettre de répondre aux exigences de plus en plus élevées en matière d’éthique au niveau international ».
SAVIEZ-VOUS QUE?
Dans le secteur de la construction d’infrastructures, 70 % des ingénieurs sont formés en génie civil, en génie mécanique et en génie électrique. Ce sont les professions les plus recherchées et les domaines où ils sont les moins nombreux.