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Formation : L’avantage de la proximité du terrain

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Dans ce sens, l’industrie peut compter sur la formation prodiguée tant au niveau collégial qu’universitaire. Lors de notre tournée en Abitibi-Témiscamingue, nous avons rencontré des intervenants du Cégep à Rouyn-Noranda.

Pour former les techniciens les plus chevronnés, peu importe leur champ de compétences, nos interlocuteurs sont on ne peut plus clairs : la proximité de l’industrie avantage la formation sur le terrain et suscite un plus grand intérêt de la part de la clientèle étudiante.

Stéphane Labrecque est coordonnateur aux services internationaux du Cégep de L’Abitibi-Témiscamingue. Il nous fait part de l’expertise qu’a acquise le département dans le domaine minier depuis 1998.

« Comme nous pouvons compter sur la proximité du terrain, nos programmes de formation minière sont développés sur une base d’alternance travail-études. Dans la plupart des programmes offerts, les étudiants auront accès à deux stages pratiques sur le terrain.

De plus, durant leurs six sessions de formation, ils auront accès aux différents laboratoires, ateliers, et même notre mini-usine minière. Pour nous, le savoir, le savoir-faire et le savoir-être, donc la responsabilité et la sécurité, sont des éléments indissociables. La pratique est donc la seule façon d’atteindre ce savoir-faire.

C’est pourquoi environ les deux tiers de la formation sont pratiques. Des formations en topographie, en arpentage ou encore en géologie nécessitent de nombreuses sorties sur le terrain afin que l’étudiant puisse acquérir ce savoir-faire si important. Car il ne faut pas l’oublier, l’industrie compte sur une main-d’œuvre qualifiée, mais surtout opérationnelle dès le jour 1 de l’emploi. »

Dans cette optique, le Cégep a donc conclu des partenariats avec différents intervenants du milieu. C’est le cas notamment de l’entreprise Abitibi Géophysique de Val-d’Or, où la formation en techniques géophysiques est entièrement donnée. Les étudiants y utilisent leurs équipements et exécutent des travaux pratiques sur le terrain de sociétés minières en pleine exploration.

Quelle que soit la formation vers laquelle l’étudiant se dirige, le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue prône une approche par compétences, où il s’agit en fait d’établir préalablement les compétences requises pour un poste ou un travail donné.

« Cette approche nous permet une évaluation plus pratique et une fois celle-ci faite, nous pouvons élaborer les modules de formation qui vont permettre aux étudiants de passer à un niveau supérieur. C’est également l’approche que nous préconisons pour les différents projets et mandats que nous avons obtenus à l’étranger.

Nous avons notamment participé au développement du centre formation de Copiapo, au Chili (Centro Internacional minero Benjamín Teplizky) et maintenons des liens étroits avec le Centre technologique minier (CETEMIN) de Lima, au Pérou, où nous avons participé à la mise en place de programmes de formation liés au secteur minier.

Plus récemment, nous avons développé des programmes de formation pour l’Instituto Médio de Geologia e Minas de Moatize, au Mozambique, où les compétences définies serviront à la formation de techniciens et, une fois certifiées, deviendront la norme au niveau national.

Il existe une grande ouverture et réceptivité des pays étrangers face aux compétences québécoises et, plus particulièrement, abitibiennes », a tenu à préciser Stéphane Labrecque.

Toutefois, les demandes sont nettement différentes selon le pays. Les compétences du Cégep sont reconnues mondialement et c’est pourquoi l’établissement accueille des étudiants d’un peu partout sur le globe. Les compétences recherchées sont intimement reliées au niveau technique et technologique atteint dans les pays respectifs.

« Ainsi, par exemple, lorsque nous recevons des stagiaires du Mexique, nous décelons chez eux un niveau de formation plus solide. Avec le temps, certains pays ont développé leur propre réseau de formation, ce qui fait que les demandes sont de plus en plus ciblées. On s’intéresse désormais à des procédés particuliers tels la séparation métallurgique, par exemple.

Grâce à nos divers programmes, nous pouvons procéder au transfert des compétences et ces stagiaires pourront à leur tour devenir des formateurs dans leur pays. Nous évoluons au gré de la demande qui, elle aussi, progresse », poursuit Stéphane Labrecque.

Dans certains pays, par contre, le domai-ne minier n’est qu’en émergence. La Côte-d’Ivoire et le Burkina Faso, pour ne nommer que ceux-là, n’ont peu ou pas d’historique minier. Il faut alors retourner à la base.

« Nous avons déjà quatre projets en marche en Côte-d’Ivoire où il nous faut mettre en place les dispositifs, encadrer et aider le personnel, définir le fonctionnement adéquat et choisir les meilleurs collaborateurs. Il nous faut également voir à ce que les formations disponibles dans les écoles soient à jour.

Au Burkina Faso toutefois, nous pouvons compter sur la présence de compétences sur le terrain, puisque plusieurs entreprises d’ici sont en place et opèrent des sites miniers », de nous dire le coordonnateur du service international.

On le constate donc, les formations offertes par le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue sont évolutives, adaptables, voire personnalisables à la demande.

Ici, on ne parle pas d’un programme général applicable à toutes les situations. Certes, la base est constante mais qu’il s’agisse d’étudiants étrangers venus parfaire leurs connaissances ici ou encore d’une équipe du Cégep en mission à l’étranger, les programmes sont adaptés aux réalités du pays, qu’elles soient géologiques ou topographiques.

« Nous ne pouvons prendre un programme d’ici et tout simplement dire voici ce qu’il vous faut. Ce serait une approche quelque peu colonialiste qui reviendrait à dire que ce qui s’applique ici peut s’appliquer partout ailleurs, ce qui selon moi, est bien peu probable. C’est pourquoi nous avons une carte de programmes très élaborée.

Les compétences qui y sont associées sont souvent similaires. Ce qui différera est le contexte dans lequel ces programmes et compétences seront implantés. Afin de développer le programme de formation adéquat, nous procédons préalablement à une analyse de situation de travail, qui nous permettra de bien cerner les demandes.

Et plus l’historique minier se développera, plus les demandes se raffineront. Des demandes de formation en DAO 3D (dessin assisté par ordinateur) comportant un module particulier pour adresser certains types de dessins 3D à une opération minière précise sont de plus en plus fréquentes.

Cependant, les demandes de formation en sécurité, santé, hygiène et secourisme sont récurrentes. Ces éléments sont communs à toute opération minière et les pratiques québécoises sont reconnues mondialement », de conclure Stéphane Labrecque.

En restant en étroite relation avec l’industrie, l’équipe du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue travaille activement, ici comme à l’étranger, à répondre adéquatement aux besoins auxquels elle est confrontée au quotidien.

Des besoins qui évoluent constamment au gré des percées technologiques qui touchent de plus en plus l’industrie minière.

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