Selon l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), ils représentent environ 35 000 cas de lésions professionnelles, soit 30 % des demandes d’indemnisation chaque année. Par ailleurs, lorsqu’on regarde les statistiques d’indemnisation au cours des dernières années, on peut remarquer une autre cause en augmentation croissante, celle du stress et des problèmes de santé mentale.
Selon la Commission canadienne sur la santé mentale, ces derniers ont fait augmenter les coûts d’indemnités monétaires de 700 % en cinq ans au Canada.
Sachant cela, on est en mesure de se poser la question suivante; est-ce qu’il y a un lien entre le stress au travail et les TMS?
Un TMS survient lorsqu’une structure (muscle, tendon, nerf) est sollicitée au-delà de sa capacité d’adaptation. Les facteurs de risques regroupent les facteurs biomécaniques (répétition, effort excessif, travail statique, posture contraignante), les facteurs psychosociaux (stress, charge mentale de la tâche, soutien social, manque d’autonomie, impression de ne pas être apprécié à sa juste valeur) et finalement, les caractéristiques individuelles du travailleur (âge, taille, poids, …).
Quant à lui, le stress se définit comme un déséquilibre entre les ressources d’un individu et les demandes de l’environnement auxquelles il doit répondre et devient problématique lorsque le travailleur n’a plus les ressources nécessaires afin de s’adapter. Les principales sources de stress au travail sont le manque d’autonomie décisionnelle, la surcharge de travail, le manque de reconnaissance et les relations interpersonnelles.
Lorsqu’un individu vit une période de stress, plusieurs réponses physiologiques peuvent apparaître.
Le stress peut provoquer des douleurs musculaires, un temps de récupération plus long, une inflammation des tendons et finalement, la perception de la douleur est augmentée. Conséquemment, après une journée de travail dans un environnement stressant, l’individu a plus de chances de ressentir des douleurs.
De plus, au niveau cognitif, la vigilance est réduite chez une personne qui vit du stress, la rendant moins attentive aux mouvements qu’elle fait et aux positions qu’elle prend, augmentant les chances d’adopter une posture contraignante. Diminuer le niveau de stress induit par le souci de production est un élément majeur pour un environnement de travail sain.
Inversement, un travailleur qui présente un TMS fait face à plusieurs sources de stress. La douleur, le processus de guérison, la pression du retour au travail ou encore la peur de ne pas être accepté par les pairs sont des situations qui peuvent être stressantes. Enfin, il ne faut pas sous-estimer la crainte du travailleur de subir une rechute lors de la reprise de ses tâches.
Pour les entreprises, diminuer le nombre de TMS est maintenant une priorité afin de s’assurer une santé organisationnelle; et si le programme de prévention des TMS passait par un volet prévention du stress au travail?
En effet, si au-delà de l’évaluation ergonomique, la formation, les étirements en milieu de travail, on mettait sur pied un plan pour arriver à diminuer le stress au sein de l’entreprise, en offrant, par exemple un programme d’aide aux employés (PAE) ou en donnant aux travailleurs l’opportunité de s’exprimer sur les situations qu’il jugent stressantes, d’utiliser leurs compétences et de les laisser participer à la prise de décision lors d’un changement ergonomique ou organisationnel.
On peut aussi adapter la charge de travail en fonction des éléments à la disposition des employés pour effectuer la tâche et dans une optique de diminution globale du stress, organiser des activités qui favorisent la gestion du stress et les bonnes habitudes de vie.
L’engagement de la haute direction est un élément primordial si on veut que cette démarche fonctionne et elle passe par la communication à tous les niveaux.
Ne négligeons pas ce lien présent entre les TMS et le stress en milieu de travail. Il est donc essentiel pour les entreprises de travailler sur un programme de prévention multidisciplinaire afin d’en réduire l’incidence.
Maggie Lambert, B.Sc. Kinésiologue, consultante Synetik mlambert@synetik-di.com