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Apr

Entreprises et Investissement. Investir n’est plus option, mais une nécessité !

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Avant de parler des solutions possibles, il nous faut émettre un constat : les entreprises canadiennes et québécoises investissent moins que les entreprises originaires d’autres pays développés. Selon Pierre Cléroux, économiste en chef et vice-président recherche et analyse à la Banque de développement du Canada (BDC), nous accusons un sérieux retard en termes de capitalisation et d’investissement. « Une récente étude menée par la BDC démontre un net manque de confiance des entrepreneurs canadiens face à notre économie. Cette méfiance explique en partie la crainte à investir. Pourtant, notre économie reprend du poil de la bête. Ce n’est donc pas un mauvais moment pour investir. Selon moi, la réalité économique actuelle est bien meilleure que la perception dont s’en font les entrepreneurs », précise-t-il.

Pierre Cléroux poursuit même son point de vue en affirmant que la croissance économique québécoise devrait être plus accentuée cette année, comparativement aux trois dernières, le tout étant mené par nos exportations.

Investir pour croître

Une entreprise qui songe à développer de nouveaux marchés doit inévitablement augmenter sa capacité de production. Pour ce faire, elle doit acquérir des équipements de pointe qui sont souvent fabriqués à l’étranger. La dévaluation de notre devise n’aide actuellement pas les choses. Néanmoins, selon Pierre Cléroux, les entrepreneurs canadiens peuvent adopter trois stratégies leur permettant de diminuer l’impact de la faiblesse du dollar canadien.

« Beaucoup d’entrepreneurs d’ici se tournent progressivement vers les fabricants d’équipements canadiens. Mais, il n’est pas toujours possible de remplacer un fabricant étranger par un fabricant domestique. Toutefois, plusieurs entreprises font cet effort supplémentaire pour dénicher des équipements équivalents. Ainsi, l’effet de la dévaluation est annihilé totalement. »

III G$

PRÉVISIONS D’INVESTISSEMENT DES PME CANADIENNES EN 2016

48 %

DES DIRIGEANTS DE PME INDIQUENT NE PAS AVOIR CONFIANCE EN L’ÉCONOMIE

La faiblesse du huard pourrait donc éventuellement sourire aux équipementiers canadiens et, par voie de conséquence, aux entreprises manufacturières de tout azimut.

Une négociation serrée des prix constitue également une stratégie que les entreprises canadiennes doivent envisager des plus sérieusement. En effet, toujours selon l’économiste en chef de la BDC, les fabricants américains, principaux partenaires économiques du Canada, sont bien au fait de la valeur de notre devise.

« Pour continuer à faire de bonnes affaires ici, les équipementiers américains consentent régulièrement de substantiels rabais. Cette approche fonctionne dans plusieurs cas et permet aux entreprises d’ici de maintenir des achats d’équipements étrangers. »

Tirer profit du taux de change

La troisième stratégie que propose notre expert économiste touche les entreprises exportatrices.

« La faible valeur du dollar canadien génère des revenus supplémentaires qui peuvent être utilisés à des fins d’investissement. On peut ainsi dégager le capital requis pour acheter l’équipement nécessaire. Ces gains permettent donc de compenser l’augmentation du prix des équipements », poursuit Pierre Cléroux.

Mais pour que ces investissements permettent d’atteindre le taux de croissance recherché, ils doivent être ciblés adéquatement.

« Au Québec et au Canada, les investissements en technologies font nettement défaut. Nous investissons moins par travailleur ici que de l’autre côté de la frontière. Nous pouvons disposer du meilleur équipement qui soit, mais si les procédures ne sont pas améliorées, si son utilisation n’est pas optimisée à l’aide de logiciels permettant d’en maximiser l’efficacité, nous perdons en termes de rendement. Il faut donc investir dans les technologies, celles qui entourent les processus de production et de vente. »

Pierre Cléroux avance même que les systèmes de gestion souffrent drastiquement du manque d’investissement.

« Ce constat vaut autant pour le Québec que le reste du Canada. Nous accusons aussi un retard à ce chapitre, ce qui diminue d’autant notre efficacité. Notre niveau de productivité a très peu augmenté au cours des dernières années, en partie dû au manque d’investissement. Investir n’est plus une option. C’est une nécessité si nous voulons maintenir notre niveau de compétitivité ! »

4/10

PROPORTION DES PME QUI RELÈVENT AVEC SUCCÈS LES DÉFIS DE LA CROISSANCE.

12 %

DES PME CANADIENNES AFFICHENT UNE CROISSANCE FORTE EN 2015.

29 %

DES PME CANADIENNES AFFICHENT UNE CROISSANCE SOUTENUE SUR LE PLAN DES REVENUS, DU BÉNIFICE OU DU NOMBRE D’EMPLOYÉS EN 2015.

Investir dans la qualité

Les coûts de main-d’œuvre sont élevés ici. Les entreprises qui songent à exporter ne peuvent concurrencer à ce niveau, notamment face à la Chine. Nous devons donc miser sur la fabrication de produits sophistiqués, à haute valeur ajoutée, misant sur l’apport de technologies de pointe.

« Certes, les produits chinois sont moins chers mais la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. La seule façon d’être compétitif est de miser sur la qualité. On ne peut concurrencer la Chine si l’on songe à fabriquer un produit bas de gamme à haut volume. C’est en investissant dans nos équipements et les technologies qui les soutiennent que nous pourrons passer en mode qualité », poursuit notre interlocuteur.

Mais parce que les marchés canadien et québécois sont relativement petits, et que certaines entreprises hésitent à se tourner vers l’exportation, de tels investissements leur semblent plutôt risqués. Pierre Cléroux y voit davantage une multitude d’opportunités.

« Selon une récente étude, les entreprises canadiennes exportatrices sont beaucoup plus optimistes face à la croissance économique et affichent des intentions d’investissement plus élevées que les autres. Au cours des prochaines années, la croissance ne passera pas par le Québec ou le Canada mais par l’étranger, car nos marchés sont à maturité. Des marchés comme les États-Unis ou encore certains pays d’Asie affichent une croissance élevée et constituent d’excellentes opportunités de développement pour nos entreprises. »

Somme toute, les moyens sont à la portée de nos entreprises afin qu’elles puissent atteindre le taux de croissance souhaité. Exportations, pour compenser la faiblesse du dollar et générer des surplus, et investissement dans l’équipement de pointe et les technologies, pour assurer une valeur ajoutée et rehausser notre compétitivité. Il semble bien qu’il soit possible d’y arriver sans y laisser sa peau ! Mais comme le dit le vieil adage : Qui ne risque rien n’a rien !

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