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Jul

Entre l’incertitude et l’ingéniosité pour nos entrepreneurs

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La pandémie de la COVID-19 que nous vivons depuis les dernières semaines a provoqué des turbulences sans précédent chez nos entrepreneurs. Le Québec n’y a pas fait exception. Ces secousses risquent d’être ressenties pour encore des mois. En dépit de ce contexte d’incertitude difficile, des entreprises ont décidé de prendre le taureau par les cornes et tirer profit au maximum de leur volonté pour se démarquer sur le marché.

Pour certains experts, il faut savoir tirer profit de la situation pour le moins exceptionnelle que le monde traverse. Ce sont les entreprises qui démontreront au mieux leur savoir-faire et leur résilience qui s’en sortiront grands gagnants.

Georges Abdul-Nour, professeur de génie industriel à l’École d’ingénierie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), croit que la pandémie de COVID-19 donne raison aux spécialistes qui ont vanté l’importance pour les entreprises manufacturières de miser sur l’agilité et de prendre le virage de l’Industrie intelligente, le fameux 4.0.

« Avant, nous pouvions prévoir des réactions aux turbulences possibles en fonction des risques, grâce aux probabilités. Mais cela ne comprenait pas l’imprévisible, comme cette pandémie planétaire. Ceux qui s’en sortent bien ont déployé leur stratégie de résilience. Ils étaient prêts à réagir rapidement et à se sortir de cette situation. Par exemple, leurs pratiques manufacturières, axées notamment sur le juste à temps, leur ont permis d’éviter de se retrouver en manque de liquidités », déclare M. Abdul-Nour.

Selon lui, les entreprises qui feront face dans la période post COVID-19 aux problèmes de fonds de roulement et à la disponibilité de liquidités, devront nécessairement prioriser leurs projets en misant sur des entrées rapides d’argent pour s’en sortir.

« Il faut donc qu’ils s’ajustent à la perturbation de leur chaîne logistique et évaluent les opportunités qui se créeront après le coronavirus et ainsi adapter leur offre », précise aussi le professeur.

Devant les coûts astronomiques que coûtera cette relance, M. Abdul-Nour croit que les gouvernements devront intervenir pour appuyer les entreprises manufacturières qui sont aux prises avec des problèmes de fonds de roulement.

L’économie se relève peu à peu

Après plusieurs semaines de déception, quelques signes encourageants ici et ailleurs dans le monde, notamment au Québec, indiquent que l’économie commence à se remettre de la pandémie. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) indiquait à la fin du mois de mai que 38 % des petites entreprises canadiennes étaient ouvertes. Cette proportion s’élevait à 43 % au Québec. C’était dans les provinces de l’Ontario (34 %) et de la Colombie-Britannique (36 %) que le niveau d’activité des petites entreprises demeurait le plus bas.

Il va sans dire que l’industrie de l’aéronautique et de l’aérospatiale vit des moments très difficiles avec la crise de la COVID-19. Les ventes de l’industrie aérospatiale québécoise avaient le vent dans les voiles l’an dernier. Selon les chiffres compilés par Aéro Montréal, les ventes ont atteint plus de 17,8 G$ et ont connu une croissance de 15,9 %.

« Grâce à notre écosystème unique et diversifié, le Québec a réussi à confirmer sa position de chef de file au sein de la chaîne d’approvisionnement mondiale en aérospatiale et plus que jamais, je crois qu’il est important de se rappeler que cette industrie stratégique peut jouer un rôle majeur dans la relance de l’économie du pays », a mentionné la présidente-directrice générale d’Aéro Montréal, dans son infolettre du 20 mai dernier.

Les deux extrêmes de la crise

Malgré tout, la crise de la COVID-19 a frappé pour certaines entreprises. PCM Innovation, qui offre des solutions en outillages pour l’aérospatiale et le transport ferroviaire, admet que le reste de l’année 2020 s’annonce difficile après avoir vécu une année 2019 couci-couça.

« L’aérospatiale va vivre des impacts à moyen terme de la situation. Dans notre cas, il faut dire que 2019 avait été une année annonciatrice de défis, parce qu’il y avait les difficultés importantes de Boeing, avec son [programme] 737 MAX, évidemment Bombardier aussi avec ses défis. Nous, on est fournisseurs directement de ces gens-là au Canada, mais aussi de leur chaîne d’approvisionnement. Déjà, qu’il y avait un fléchissement en 2019 et la COVID est venue s’ajouter à cela », explique Jean-François Hamel, pdg de PCM Innovation, au quotidien Le Soleil.

M. Hamel a également indiqué que le volume de l’usine était de 50 à 55 % par rapport à son volume de l’an dernier et la production a dû être arrêtée pendant six à huit semaines.

À l’autre extrémité du spectre, Nolinor Aviation, qui est perçu comme l’un des plus grands transporteur aérien offrant des vols charters commerciaux spécialisés au pays, a dévoilé au début du mois de mai avoir pris possession de trois appareils, des Boeing 737-400, plus grands que ceux qu’elle détenait déjà. Ils viendront ainsi compléter sa flotte comprenant à l’heure actuelle 10 appareils 737-200 et un 737-300.

Avec cette annonce, Nolinor, basée à Mirabel depuis 2005, deviendra la seule compagnie aérienne au Québec à offrir ce type d’appareil sur le marché. « Le Boeing 737-400 est un ajout majeur à notre flotte. C’est un moyen de moderniser nos services et d’améliorer l’efficacité énergétique. Lorsque la crise sera passée, Nolinor Aviation sera en position favorable sur la ligne de départ », déclare Marco Prud’Homme, président de Nolinor.

Donner au suivant

D’autre part, d’autres organisations se sont donné pour mission d’aider d’autres PME qui se trouvent en difficulté. Par exemple, STIQ, dont la mission consiste à améliorer la compétitivité des chaînes d’approvisionnement manufacturières, a mis en place un projet d’accompagnement des PME manufacturières qui sont situées sur le territoire de l’île de Montréal.

Grâce à l’appui financier de la Ville de Montréal, l’initiative vise du coup à les aider à se doter d’outils et de solutions pour affronter la crise et se préparer à la reprise du secteur.

Il s’agit d’un projet d’assistance technique et de partage d’informations pertinentes et de bonnes pratiques d’affaires. Par le biais de visites personnalisées, virtuelles ou bien en personne, ou par appels téléphoniques, selon les consignes des autorités, STIQ partage son expertise avec les entrepreneurs afin de les aider à maintenir leur compétitivité en temps de crise, spécialement dans la phase de relance des activités manufacturières.

« Grâce à son expertise reconnue en accompagnement de PME, l’association s’est très bien positionnée, au cours des 30 dernières années, comme un acteur incontournable et stratégique dans le secteur manufacturier au Québec, dont dans la région montréalaise qui regroupe le quart de nos membres », explique le président-directeur général de STIQ, Richard Blanchet.

Par Alexandre Lampron

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