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Apr

Économie des régions. Un coup de pouce… suffisant ?

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Le budget de Québec, qui par son objectif premier d’équilibre budgétaire a des relents de conservatisme, annonce toutefois de bonnes nouvelles pour l’industrie manufacturière. Éric Tétrault, président de MEQ, n’a pas hésité à qualifier le budget Leitao de « budget manufacturier », tout en soulignant que les moyens demeuraient modestes. Les 375 M$ annoncés pour l’innovation dans l’industrie ont été bien accueillis.

Du côté fédéral, on retient surtout cette grande relance des investissements en infrastructure. Dans son premier budget, le ministre des Finances Bill Morneau donne un solide coup de barre avec des investissements prévus de 11,9 milliards de dollars en cinq ans pour le transport en commun, les infrastructures sociales et les infrastructures vertes. Le gouvernement Trudeau va plus loin et prévoit des investissements totaux en infrastructure de 120 milliards pour la prochaine décennie. Le maire de Montréal, Denis Coderre, a été jusqu’à comparer ce budget au New Deal du président américain Franklin D. Roosevelt, qui avait relancé l’économie des États-Unis suite au krash boursier de 1929.

Ces annonces seront-elles suffisantes pour permettre à l’industrie manufacturière de se relever des mesures défavorables des Conservateurs à Ottawa et du cafouillage à Québec qui, malgré des promesses de création d’emplois aux élections de 2014, a entrainé une perte nette de l’emploi au Québec ? C’est la grande question.

On peut espérer que les investissements directs en infrastructure d’Ottawa auront des impacts tout aussi directs. Le besoin de nouveaux grands chantiers est criant, tant au Québec qu’ailleurs au pays. Idem pour l’investissement en transport en commun, qui a un potentiel générateur d’emplois intéressant pour le Québec.

Mais les mesures du gouvernement Couillard suffiront-elles à redonner confiance à l’industrie et à relancer les investissements ? On le voit, dans l’article rédigé dans cette édition de MCI par mon collègue Richard Marcil, les chefs d’entreprises demeurent hésitants à investir, malgré les signes favorables.

Les régions ressources, Abitibi-Témiscamingue, Côte-Nord, Saguenay-Lac-St-Jean, continuent de voir leur développement ralenti par le prix des matières premières. L’industrie minière subit les contrecoups de la baisse du prix du fer. La Côte-Nord affiche d’ailleurs le plus grand déficit démographique, que certains qualifient même d’exode. L’économie de l’Abitibi-Témiscamingue, comme nous le souligne le maire de Rouyn-Noranda Mario Provencher dans notre portrait régional, continue d’être fragile. Le budget Leitao annonce une relance du côté forestier, ce qui devrait permettre une certaine reprise dans les régions, notamment avec les discussions Ottawa-Washington sur le bois d’œuvre.

On ne peut pas être contre la vertu, et l’objectif de déficit-zéro du gouvernement québécois est louable, compte tenu du taux d’endettement du Québec relativement à son PIB. Mais visiblement, les efforts de création d’emploi du gouvernement Couillard ont jusqu’à maintenant échoué, et même les grands investissements comme celui dans la Série C de Bombardier se sont soldés, à court terme, par des pertes d’emplois.

Les deux budgets du mois de mars apportent un vent d’optimisme quant à la relance économique au Québec et au Canada. Mais lorsqu’on tient compte des impacts négatifs des politiques centrées sur le pétrole et des effets économiques qui en ont découlé, ce vent sera-t-il suffisant pour remettre le Québec sur la voie de la prospérité? Les 12 prochains mois seront, selon moi, un excellent baromètre du résultat des mesures annoncées par Québec et Ottawa.

Claude Boucher Directeur de l’information MCI

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