6
Jun

Écofiscalité et Développement Durable quant aux plastiques et emballages

Partager :
Auteur:  

Par Claude Boucher

Présenté par les Salons Industriels

Québec International présentait récemment une série de diners-conférences portant sur l’écoresponsabilité des entreprises, en partenariat avec Evnia, une firme spécialisée en écofiscalité. Les quatre formations présentées par Marlène Hutchinson d’Evnia ont permis aux participants de se familiariser avec les plus récentes règlementations, la responsabilité sociale des entreprises, la responsabilité élargie des producteurs, le pacte canadien sur les plastiques et l’écoemballage.

MCI s’est entretenu avec Marlène Hutchinson.

Q : Avant d’entrer dans le vif du sujet, qui est Evnia, et que fait votre entreprise?

M.H. : Evnia est une firme-conseil en écofiscalité. On aide les entreprises qui mettent en marché des produits et des emballages avec toutes les déclarations qu’elles ont à faire en lien avec les programmes de responsabilité élargie des producteurs à travers le Canada. Donc si on met en marché des produits emballés, on doit déclarer aux différentes provinces quel type d’emballage on a mis en marché et payer des frais pour s’assurer de la récupération et du recyclage de ces produits. La même chose pour différents types de produits, comme les contenants consignés, les piles, les peintures. Et chaque province a ses propres règlements, donc ça devient un peu complexe quand on vend partout au Canada, à qui on doit déclarer, qu’est-ce qu’on doit déclarer. On aide nos clients à se démêler dans tout ça. Et il y a beaucoup de changements règlementaires depuis les dernières années, il y a de plus en plus de programmes mis en place, et il n’y a pas d’harmonisation. C’est pour ça qu’on se spécialise depuis 18 ans dans cette niche-là.

Q : Vous avez donné quatre conférences. Est-ce que vous sentez au niveau de l’industrie en général, et plus particulièrement au niveau des plastiques, que l’industrie prend réellement conscience et prend réellement au sérieux cette question d’écoresponsabilité?

M.H. Oui. Ça fait 18 ans que je travaille dans le domaine, j’ai écrit trois livres en lien avec le sujet. Il y a 10 ans, je me disais que ça n’avançait plus, que les gens semblaient avoir bloqué. Mais après, ç’a recommencé. De plus en plus, les entreprises prennent en compte ce qu’elles mettent en marché. Il y a aussi une pression des consommateurs, parce que les gens sont plus sensibilisés. On a une génération qui pousse beaucoup sur cette question, les jeunes de 20 à 25 ans qui ressentent beaucoup d’anxiété face aux changements climatiques, et qui font des choix de consommation un peu plus responsables. Ça met de la pression sur les entreprises pour qui mettent en marché des produits à être plus conscientisées. Et en plus des consommateurs, ce sont les employés qui veulent travailler dans des entreprises qui ont un but, qui redonnent et qui adoptent les principes d’ESG, Environnement, Société et Gouvernance.

Q : Entre la conscientisation et l’action, est-ce qu’on y est?

M.H. : Pour certaines entreprises, oui. En fait, ce qu’on voit, c’est qu’il y a beaucoup de nouvelles entreprises qui sont déjà dans l’action, parce que les nouvelles entreprises pensent déjà à l’économie circulaire, à intégrer ces notions-là. Pour les plus grandes entreprises, c’est peut-être un peu plus complexe de faire ces changements-là. Ça fait tellement d’années qu’elles fonctionnent d’une certaine façon, que pour elles même si elles veulent faire des changements, c’est plus long et plus compliqué. Mais on voit qu’il y a quand même une volonté et un niveau d’action plus élevé, et qu’avec les années qui passent, ça va de plus en plus vite.

Q : Vos ateliers touchaient en particulier la gestion des plastiques. L’industrie du plastique se dit mal perçue, mal comprise, et qu’elle fait des efforts pour verdir ses opérations et offrir des produits plus écoresponsables. Est-ce que c’est une industrie et un milieu qui a encore des pas à faire, ou si on est sur la bonne voie, ici au Québec particulièrement?

M.H. : Le gros problème avec les plastiques, c’est qu’il existe énormément de sortes de plastiques, et on continue d’inventer de nouvelles sortes de plastiques. Mais ce qu’on oublie, c’est qu’une fois que la fin de vie du produit est atteinte, qu’est-ce qu’on fait avec ce plastique-là? Il est là le gros problème : c’est qu’on met plein d’efforts dans la recherche et développement de nouveaux produits, mais on met beaucoup moins d’effort dans la recherche et développement de ce qu’on en fait autre que l’envoyer à l’enfouissement ou à la récupération. Si on mettait autant d’efforts des deux côtés, on aurait beaucoup moins de problèmes avec les plastiques. Car toutes les belles qualités du plastique comme produit deviennent tous ses défauts une fois qu’on a terminé d’utiliser ce produit. C’est un produit durable, léger, malléable, qui a une longue durée de vie. Ce qui est intéressant dans ce produit devient son côté néfaste, parce qu’une fois dans l’environnement, il reste là pour toujours. C’est vraiment là la problématique. C’est important en tant qu’entreprise qui met en marché des plastiques de s’assurer qu’il y a une fin de vie autre que l’élimination de son plastique.

Q : Tant à Ottawa qu’à Québec et même au niveau des municipalités, il y a une accélération du bannissement des plastiques à usage unique. Il y a aussi au niveau international des pas dans ce sens. Est-ce qu’on assiste à une espèce de momentum, où il semble y avoir des mesures mises en place et un resserrement de ces mesures?

M.H. : Comme le plastique est visible, et qu’on le retrouve beaucoup dans les fonds marins, c’est ce produit qu’on cible parce que c’est celui qu’on voit et qui se retrouve partout, et qu’il contient des produits chimiques avec une certaine nocivité. Alors tout le monde vise le plastique parce qu’il y a plein de produits qui sont carrément jetables et on se rend compte peut-être un peu trop tard qu’il y a beaucoup d’objets en plastique qui n’étaient pas nécessairement utiles à avoir dans une telle quantité. C’est beaucoup ça qu’on vise dans les bannissements. Et ce n’est pas qu’au Canada qu’on le voit. Il faut faire quand même attention et ne pas tomber dans l’extrême. Je comprends que les sacs de plastique qui sont de moins en moins utilisés, mais si on n’a pas accès aux sacs, et qu’on se ramasse avec une soixantaine de sacs réutilisables qui vont aussi devoir être éliminés, on déplace un peu le problème. C’est là où il faut faire attention, de ne pas que déplacer un problème pour en créer un nouveau.

Q : Vos conférences s’adressaient à des entreprises québécoises, mais vous travaillez aussi avec des entreprises d’ailleurs, et vous avez voyagé. Quelle note donnez-vous aux entreprises québécoises, tant au niveau de la sensibilisation que de l’action concrète?

M.H. : C’est difficile d’accorder une note générale, car c’est très variable selon le type d’industrie. Il y a des industries comme le secteur de la construction qui ont beaucoup de croutes à manger, contrairement à l’industrie de l’emballage de produits alimentaires qui font face à une plus forte pression du consommateur et des employés. Mais je crois que globalement au Québec, les entreprises sont bien outillées pour prendre les bonnes actions, parce qu’on a quand même beaucoup de subventions disponibles pour faire des changements, il y a le fonds Écoleader, Recyc-Québec qui offre des subventions. On est bien positionné au Québec pour faire ces changements-là, et c’est tout à notre avantage de le faire, parce que plus on va être en lien avec le développement durable et l’ESG, et plus ça va être facile de vendre nos produits et services ailleurs dans le monde, parce que tout le monde regarde ça maintenant. Et parfois, les entreprises ne s’en rendent pas compte, mais elles font déjà quelques actions.

Il faut juste continuer.

Vous pourriez aussi aimer…

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs