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May

Du financement d’Investissement Québec pour combiner développement durable et rentable

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Par Eric Bérard

Il s’est passé beaucoup de choses chez Investissement Québec au cours des trois dernières années. D’abord, on y a intégré le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ). Puis, en mars 2021, l’organisation a lancé l’initiative Compétivert, destinée à offrir du financement et de l’accompagnement aux entreprises désireuses de réduire leur empreinte carbone tout en rehaussant leur compétitivité et leur rentabilité.

Le Magazine MCI a eu l’occasion de s’entretenir avec Mme Sylvie Pinsonnault, première vice-présidente, stratégies, innovation et développement durable chez Investissement Québec.

En entrevue, celle-ci explique que lors du lancement de Compétivert, la cible d’investissement était de 375 millions $ sur trois ans. Succès monstre : après un an seulement, Compétivert avait déjà investi 380 millions $ dans une centaine de projets.

Devant la popularité de l’initiative, la cible de financement a été portée à un milliard $.

« On voit que ça fonctionne, nos messages passent bien. Les entreprises embarquent », constate Mme Pinsonnault.

Dès le départ, l’initiative a intimement lié développement durable et développement rentable. L’un ne devait pas être favorisé au détriment de l’autre.

Financement et accompagnement

D’autre part, Compétivert ne fait pas qu’injecter des fonds dans des entreprises qui ont des projets de développement durable, elle les accompagne dans leur cheminement.

Ça a notamment passé par l’élaboration d’un outil de performance environnementale, un diagnostic qui aide une entreprise à déterminer par où il serait logique d’entamer son virage vert, en faisant un état des lieux afin d’établir les meilleures avenues à emprunter pour être à la fois plus productive et émettre moins de gaz à effet de serre.

« On est capables de démontrer là où il y a des sources de gains potentiels et en même temps de dire “si tu choisis cette priorité-là, ça pourrait réduire ton empreinte environnementale en matière de GES de tel niveau environ” », explique la spécialiste d’Investissement Québec.

Tout ça n’est pas né de l’esprit de fonctionnaires dans une quelconque tour d’ivoire, le milieu des affaires a été impliqué dès le départ.

« C’est comme ça qu’on a figuré Compétivert. On a fait des consultations avec des entrepreneurs dans le marché, et l’objectif c’est qu’il y ait le plus grand nombre d’entreprises qui adoptent des pratiques écoresponsables et des technologies propres », souligne Mme Pinsonnault.

« Notre message c’est qu’on peut combiner – contrairement à certains qui pensent que c’est l’un ou l’autre – la rentabilité avec le développement durable. »

Flexibilité de financement

L’une des clés du succès de Compétivert tient à flexibilité puisque différentes formes d’appui financier sont envisageables. Il peut s’agir de prêts, de garanties de prêts, ou encore d’investissement en capital-actions dans une jeune pousse (start-up) qui développe des technologies propres, mais qui n’a que peu ou pas d’équité pour obtenir un prêt auprès d’une institution financière traditionnelle.

Flexibilité aussi dans les modalités de remboursement. Dans certains cas, des moratoires peuvent s’étirer jusqu’à 48 mois. Cela signifie que les entreprises doivent uniquement payer les intérêts sur leur prêt pendant cette période et commencent ensuite à verser leurs mensualités sur les prêts accordés.

« On le fait en offrant du financement qui a des modalités très adaptées aux projets et technologies propres ou aux projets d’économie circulaire, alors on adapte vraiment nos modalités de remboursement en fonction des projets », illustre Mme Pinsonnault.

L’initiative est également bien au fait de la réalité du monde des affaires. « Les entrepreneurs n’ont pas beaucoup de temps. Ils ont de bonnes idées, mais leur temps est très précieux », dit Mme Pinsonnault, soulignant que c’est là que les experts accompagnateurs entrent en jeu.

L’expertise du CRIQ prend alors toute sa valeur puisque des professionnels comme des chimistes ou des ingénieurs peuvent se charger du volet accompagnement.

Lorsqu’on lui demande si le développement durable a toujours fait partie de l’ADN d’Investissement Québec, Mme Pinsonnault explique que la démarche a été évolutive.

« Ça fait partie du nouvel Investissement Québec. Quand on a intégré le CRIQ, on a intégré certains joueurs du ministère de l’Économie et c’était notamment pour se doter d’un nouveau plan stratégique. »

Les projets financés par Compétivert sont extrêmement variés. Cela va de la filière batteries – fabrication et recyclage – à l’aérospatiale avec des carburants plus propres en passant par les camions électriques ou autonomes ou encore l’agroalimentaire.

À ce chapitre, Compétivert a investi dans l’entreprise Entosystem qui, à partir de son usine de Drummondville, produit de la farine d’insectes protéinée destinée à la consommation animale et qui aurait l’avantage d’être hypoallergène. Un atout lorsque pitou a du mal à composer avec le pollen en saison estivale.

Notre gestionnaire invitée le martèle à nouveau : il n’y a pas de mal à faire de l’argent en automatisant ses procédés ou en les modifiant pour réduire son empreinte carbone.

« C’est vraiment Compétivert qui a été lancé dans le marché pour envoyer un statement très fort que ce n’est pas “je suis rentable ou je fais du développement durable”. C’est les deux ensemble, et nous on donne les moyens aux entreprises pour atteindre cet objectif-là », dit Mme Pinsonnault. Bref, on peut marcher et mâcher de la gomme en même temps.

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