Dans une ambiance électorale à venir, le premier ministre du Québec, M. François Legault, a ouvert la session de l’Assemblée nationale avec le discours d’inauguration dressant les priorités gouvernementales pour les prochains mois.
En visant principalement une restructuration du réseau de la santé, M. Legault a également mis l’emphase sur l’importance de trouver des places de garderies, en plus de voir à la création d’un ministère de la Cybersécurité et du Numérique, de la promotion des produits fabriqués au Québec, de renoncer à extraire des hydrocarbures tout en reconnaissant le transport électrique, la filière des batteries et la production d’hydrogène vert. Le gouvernement entend s’attaquer au problème criant du manque de main-d’œuvre en aidant les entreprises à devenir plus productives dans les domaines en grande difficulté, soit la construction, les technologies de l’information et le génie.
Bref, ce discours a provoqué, à peine le micro fermé, beaucoup de réactions dans différents domaines. Le Magazine MCI a regroupé les commentaires des regroupements et des associations des secteurs industriel et manufacturier.
Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
« Le premier ministre a livré un important message, qui ouvre la porte à des changements positifs dans les milieux de l’éducation, de la santé et de la petite enfance, qui rejoignent d’ailleurs plusieurs principes et valeurs que nous réclamons depuis longtemps. Si l’énoncé des priorités gouvernementales d’aujourd’hui est louable sur le plan des communications, force est d’admettre qu’en contrepartie, cela fait longtemps que nous entendons de tels discours. Alors, dès demain, nous suivrons de près les actions qui seront mises en place sur le terrain pour que le tout se concrétise avec des ressources conséquentes pour prioriser l’éducation, augmenter le taux de diplomation, décentraliser le réseau de santé, lutter contre le temps supplémentaire obligatoire, reconnaître le travail des femmes, créer des places en services de garde et lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, pour ne nommer que ceux-là. Nous serons toujours disposés à mettre en place des solutions pour soutenir le personnel de l’éducation, de la santé et de la petite enfance, qui mérite depuis longtemps d’être reconnu à sa juste valeur. » Mentionne par communiqué M. Éric Gingras, président de la CSQ.
Conseil du patronat du Québec (CPQ)
Saluant les ambitions en matière d’éducation, d’économie verte, d’achat local et de virage numérique, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) est en accord avec la création future de trois pôles mondiaux en environnement pour la production d’hydrogène vert, le transport électrique et les batteries, revêtant un potentiel unique pour les entreprises d’ici. Le CPQ appuie également la création des zones d’innovation dans différentes régions du Québec et l’Internet haute vitesse partout d’ici un an.
Au niveau de l’éducation, puisque le gouvernement vise à rehausser le taux de diplomation au Québec à 90 % avec l’ajout de stages à la formation professionnelle et établissement d’un programme de mentorat pour les jeunes, M. Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ indique : « On souscrit totalement à l’objectif du gouvernement d’augmenter la diplomation des jeunes. La formation, l’éducation et l’amélioration des compétences sont des enjeux majeurs, et les entreprises sont d’ailleurs prêtes à y participer. Mais il faut rapidement s’attaquer au taux alarmant d’analphabétisme ».
Le CPQ est cependant d’avis que le gouvernement ne voit pas la gravité du problème de pénurie de la main-d’œuvre qui n’est pas solutionné malgré le fait que la problématique est pourtant l’enjeu numéro un des employeurs au Québec. Il semble que l’innovation, la transformation numérique et la requalification sont certes des éléments importants pour augmenter la productivité, mais ne demeurent que des solutions partielles étant donné l’ampleur de la situation. Le CPQ fait d’ailleurs allusion à la situation des travailleurs issus de l’immigration qui sont exclus de l’équation, malgré les demandes répétées des entreprises et des employeurs partout au Québec.
« En privilégiant trois secteurs d’activités au détriment de tous les autres, le gouvernement oublie que les besoins en main-d’œuvre ne concernent pas seulement ses propres services, la construction, le génie et les technologies de l’information. J’invite le gouvernement à avoir une vision plus large qui tiendrait compte des besoins de l’ensemble des secteurs économiques et de toutes les régions. Il n’y aura pas de prospérité sans capital humain », conclut M. Blackburn.
Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI)
Saluant la volonté de rendre le Québec plus autonome en fabriquant, cultivant, construisant et innovant davantage tout en promouvant l’achat local et la création d’un pôle mondial de transport électrique, de la filière batterie et pour la production d’hydrogène vert, La FCEI estime qu’il faut mettre à profit le talent des PME de tous les secteurs contribuant à l’économie du Québec. Pour y arriver, il faut réduire les embûches qui freinent toujours les entreprises, à commencer par la pénurie de main-d’œuvre.
« C’est le quart des PME québécoises qui doit refuser des ventes et des contrats par manque d’employés. Il y a 207 125 postes vacants actuellement au Québec. L’enjeu a atteint une telle ampleur que ce sont 84 % des PME qui ne croient pas que le gouvernement du Québec ait pris suffisamment de mesures pour combler les pénuries de main-d’œuvre. Le premier ministre a affirmé que de nouvelles dispositions viendront, notamment sur la requalification des compétences, mais il faut faire plus pour aider les entreprises à reprendre leur rythme. Nous invitons donc le gouvernement à adopter d’autres mesures qui répondront aux demandes des dirigeants de PME sur la fiscalité des entreprises, l’accessibilité des crédits d’impôt et l’immigration », déclare M. François Vincent, vice-président à la FCEI pour le Québec.
L’association rappelle également la nécessité de réduire le fardeau fiscal des PME du Québec, la continuité du support pour les entreprises et les secteurs touchés par la COVID-19 et la diminution du fardeau administratif et réglementaire pour les PME.
Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)
Dans un communiqué paru le matin avant le discours de M. Legault, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) espérait aussi que la pénurie de main-d’œuvre et l’accès aux marchés publics occupent une place de choix dans le discours d’ouverture de la nouvelle session parlementaire.
« La pénurie de main-d’œuvre est l’enjeu économique de l’heure au Québec. Le manque de personnel constitue un frein majeur à la relance post-COVID et nous nous attendons à ce que le gouvernement en fasse une priorité de tous les instants. Pour véritablement remettre notre économie sur la voie de la croissance durable, des actions sont attendues sur tous les fronts : automatisation, éducation, immigration et requalification de la main-d’œuvre. Il en va de la capacité de nos entreprises de réaliser leurs projets d’expansion et de rivaliser avec leurs concurrents nationaux et internationaux. Les entreprises québécoises auront besoin de mesures concrètes et des ressources nécessaires pour s’attaquer au défi du manque de personnel », soulignait M. Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.
« Les entrepreneurs du Québec, particulièrement ceux qui dirigent des PME, attendent de pied ferme la modernisation des appels d’offres de l’État québécois promise depuis maintenant trois ans. Tant le gouvernement que le milieu des affaires s’entendent pour conclure que la règle du plus bas soumissionnaire doit être abolie. Cette règle archaïque nuit aux entreprises québécoises innovantes ainsi qu’aux contribuables qui gagneraient à ce que l’État fasse de meilleurs choix. Il est temps de placer l’innovation, la durabilité et l’impact environnemental au cœur de la stratégie québécoise des marchés publics, au bénéfice de tous », concluait M. Milliard.
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) salue plusieurs des annonces tout en attendant des mesures concrètes qui prendront en compte les syndicats : « Les syndicats ne sont pas contre le changement, bien au contraire, mais des décisions aussi importantes que celle de l’avenir de nos services publics doivent être prises en concertation avec celles et ceux qui y œuvrent. », déclare le président de la FTQ, M. Daniel Boyer. « Nous décrions les situations insoutenables dans les réseaux de la santé et de l’éducation depuis beaucoup trop longtemps, et nous demandons de faire partie des discussions parce que nous avons des solutions concrètes et réalistes à proposer. »
La centrale invite le gouvernement à prendre le temps et à mettre les ressources financières nécessaires pour faire les choses correctement. « Sans réinvestissement massif, on n’y arrivera pas », rappelle M. Boyer.
Manufacturiers & Exportateurs du Québec (MEQ)
Dans un communiqué paru la veille du discours de M. Legault, Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) demandait au gouvernement de mettre en place des mesures qui auront un impact direct pour pallier la pénurie de main-d’œuvre qui affecte durement le secteur manufacturier.
« Le secteur manufacturier doit faire partie des priorités du gouvernement. Les PME manufacturières ont besoin que ce dernier joue pleinement son rôle pour les aider à pallier la pénurie de main-d’œuvre à laquelle elles sont durement confrontées. Il faut maintenant miser sur des mesures qui ont un impact clair sur l’essor du secteur, car le Québec ne peut plus continuer de laisser de l’argent sur la table faute de travailleurs », selon Mme Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
Il y a à peine un mois, à la suite d’une tournée de consultations réalisée auprès d’entreprises manufacturières de 10 régions à l’échelle de la province et d’un sondage effectué entre le 19 mai et le 24 juin 2021 auprès de 401 entreprises manufacturières d’ici, MEQ présentait une conclusion explosive au sujet du manque de main-d’œuvre qui traine depuis plus de 3 ans de ce secteur : des pertes de plus de 18 milliards de dollars pour l’économie québécoise!
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