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Développements économique et durable : conciliables ?

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Le Plan Nord, annoncé le 9 mai dernier, est en effet un programme ambitieux en matière de développement : c’est l’exploitation du potentiel économique d’un territoire couvrant 1,2 million de km2, soit 72 % de la superficie du Québec et dont le chantier, nécessitant un investissement de plus de 80 milliards de dollars, se déploiera sur 25 ans.

Ce plan vise plusieurs secteurs : énergie, ressources minérales, forestières et fauniques, tourisme et finalement production bioalimentaire. L’établissement d’un réseau de transport intégré est également prévu pour répondre notamment à l’énorme besoin que les nouveaux chantiers devraient créer. En plus de viser la création et consolidation de 20 000 emplois par an, ce vaste programme mise sur le développement durable.

Il faut dire que la région du Nord du Québec est à l’heure actuelle tant affectée par les changements climatiques que sans l’aide de la communauté scientifique, le projet serait tout simplement impraticable. Bien que plusieurs organismes se spécialisent dans le génie du pergélisol, les changements climatiques touchent à ce point les régions nordiques que cette couche de sol glacée fond de manière accélérée, rendant instables les fondations sur lesquelles toutes infrastructures pourraient être construites.

Mais outre ces nouvelles technologies mises de l’avant, ce qui est au cœur de l’aspect vert du projet se résume surtout à la conservation de 50 % des écosystèmes et de la biodiversité sur une échelle de 25 ans. Une consultation publique visant la réflexion sur cet engagement a d’ailleurs été entamée. Or, c’est justement là où le bas blesse.

Chiffres perplexes

D’abord, côté protection du territoire, les chiffres laissent perplexes, car d’ici 25 ans, bien des choses peuvent changer, dont le gouvernement, et cet énorme délai ne semble pas refléter un réel effort de conservation dans l’immédiat. Ensuite, parce que cet engagement comprend la clause comme quoi le gouvernement semble organiser l’attribution des aires de conservation selon une priorité des avantages industriels et non pas tant d’une logistique d’équilibre environnemental.

Du moins, c’est que le droit de veto sur les zones à protéger que le gouvernement se garde laisse présager : « Québec se réserve le droit de retirer le statut de protection à des zones pour y permettre des activités industrielles » a annoncé le ministre Pierre Arcand le 12 août dernier.

Poudre aux yeux

D’autre part, la consultation publique semble malheureusement n’avoir été que de la poudre aux yeux : « Somme toute, bien que nous ayons accepté de participer de bonne foi aux processus de consultation du Plan Nord, nous constatons avec déception que le gouvernement n’a pas tenu compte de nombreuses recommandations que nous lui avons transmises depuis plus d’un an. Nous ne pouvons donc aujourd’hui en endosser le contenu » a affirmé Patrick Bonin, de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.

La conciliation du développement économique et du développement durable n’est certes pas simple, mais elle n’est pas non plus impossible. Les prémisses en sont d’augmenter le rendement et la productivité sans toutefois augmenter l’empreinte écologique. Il s’agit donc d’éviter une production polluante, l’épuisement des ressources limitées, la production de gaz à effet de serre, etc. Mais la réalisation de cette conversion, on le sait déjà, peut faire réaliser de grandes économies tant à l’entreprise qu’au citoyen.

Le problème à l’heure actuelle, est que l’aspect écologique est encore trop souvent inclus après-coup dans les projets d’envergure, soit parce que ce domaine demeure relativement nouveau et donc moins traditionnellement incorporé dans le calcul, soit parce que l’implication des citoyens se fait malheureusement trop souvent sur le tard, lorsque le projet est déjà depuis longtemps établi.

Plan inquiétant

Ce qui inquiète donc, avec ce Plan Nord, est que bien que le gouvernement ait fait preuve de volonté en appliquant le mot développement durable dans tous ses discours sur le projet, dans les faits, la consultation publique qui aurait pu servir de véritable passerelle entre les attentes des citoyens et la tournure du projet n’aura pas eu de répercussions significatives dans la planification des aires de conservation.

Le Grand Nord est un des derniers territoires naturels au monde à être encore intact. Mais la conservation d’une bonne partie de son territoire est l’aspect du développement durable qui ne rapporte pas économiquement parlant, voire même ralentit le développement économique. Et c’est précisément là qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour concilier les deux.

Liens supplémentaires:

Plan Nord

Le Plan Nord (en vidéo)

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