Que ce soit pour assouvir une folle envie de tondre la pelouse, ou pour cultiver son potager chez soi, en plein centre-ville, deux activités depuis fort longtemps réservées à la banlieue, verdir son toit représente une alternative écologique fort judicieuse par les temps qui courent.
Car en plus de permettre aux citadins de «verdir» leurs activités estivales, ces toitures végétales permettent surtout de donner un souffle de fraîcheur aux villes qui souffrent des maux de la pollution.
Bien que discret, le phénomène des toits végétalisés n’est pas nouveau. Concept remis au goût du jour en Allemagne il y a plus de 30 ans, il a continué d’inspirer d’autres pays depuis, comme le Japon, la Suède et les États-Unis. Par exemple, Tokyo, qui adopta en 2001 une des premières politiques de toits verts, oblige tout nouvel édifice de 1 000 m2 et plus à consacrer 20% de la superficie de son toit en verdure.
Bien entendu, plusieurs facteurs historiques ont poussé le Japon à agir de la sorte. Les résultats d’une concentration de la population en milieu urbain a engendré, entre autres, une augmentation de la température moyenne d’un peu plus de 2°C, sans parler du déficit de verdure par habitant, qui rend la vie en ville insupportable en été.
Il fallait donc agir. Nous ne sommes certainement pas en déficit de verdure comme l’est Tokyo, car Montréal compte plusieurs espaces verts. Mais pourquoi attendre sachant que tant de pays ont emboîté le pas?
Plus près de nous en Amérique du Nord, Portland, en Oregon, fait la fierté de ses citoyens. Si Portland est surnommée la soeur «jumelle» de Montréal pour sa vie nocturne et son activité portuaire, d’après Mathieu Perreault du quotidien La Presse (17 février 2007), il serait encore plus gratifiant d’en devenir la soeur «jumelle» pour ses qualités avant-gardistes en matière environnementale.
Car aujourd’hui non seulement Portland est la ville américaine qui encourage le plus activement l’installation de toits verts, mais en plus, elle offre des bourses et des congés de taxes aux promoteurs qui désirent les intégrer à leurs projets. À Montréal, par exemple, les mesures financières incitatives pour bâtir plus «écolo» sont encore inexistantes pour le moment.
La mobilisation citoyenne semble de mise pour agir rapidement car en attendant les décisions politiques, les statistiques parlent d’elles-mêmes.
Selon le Conseil de recherche du Canada, on évalue qu’avec seulement 6% de toitures végétales dans une ville, on peut réduire la température estivale de 1 ou 2 degrés. La diminution de chaque degré permet d’abaisser de 5% la demande en électricité pour la climatisation, une importante source de gaz à effet de serre.
Un projet de toits verts à l’échelle urbaine de Montréal permettrait, selon cette prévision, de faire baisser la température de quelques degrés l’été, sans parler des bienfaits d’une telle opération sur les réductions des gaz à effet de serre. C’est qu’on ignore trop souvent la capacité des végétaux à consommer les gaz et ainsi, purifier l’air.
En milieu urbain, ces toitures végétalisées contribuent efficacement à réduire l’effet d’îlot thermique, endroit où la température est plus élevée que l’environnement immédiat. Aussi, elles contribuent à régulariser l’écoulement des eaux pluviales, fléau incontournable des grandes villes.
L’augmentation des surfaces imperméabilisées tels l’asphalte, le béton et les constructions de toutes sortes rendent désormais difficile l’absorption de l’eau de pluie. L’épaisseur de terreau et la mise en place d’une membrane d’étanchéité diminuent, quant à elles, les écarts de température extrêmes et isolent le bâtiment des surchauffes estivales et du froid automnal et printanier.
Dans un élan de conscience environnementale, vous décidez de changer votre toiture?! Au Québec, deux entreprises – Soprema et Hydratech – se spécialisent dans la fabrication et l’installation de toits végétalisés.
Ceux pour qui les moyens financiers ne sont pas un obstacle voient deux possibilités s’offrir à eux. La première est le jardin de bacs ou le toit terrasse. Cette option est idéale pour agrandir son milieu de vie, histoire de boire l’apéro entouré de fines herbes, de tomates cerises, de framboises et de fleurs sur son propre toit. La seconde est le jardin complet dit «toit vert», une couverture végétale couvrant tout le toit. Dans ce cas, deux nouvelles propositions se présentent à vous, en fonction du substrat et du degré d’arrosage désiré, le toit de type intensif ou de type extensif.
Peu importe votre choix, il restera toujours une place pour la serviette de plage, histoire de faire bronzette longtemps!
En effet, ces types de toits augmentent de deux à trois fois la durée de vie normale des toits traditionnels.
Il y a de quoi nous motiver à faire preuve d’audace et à continuer de mettre de la pression pour que des politiques viennent appuyer les initiatives citoyennes.
Marie-Élaine Lambert Professeure de Géographie Cégep Marie-Victorin