La soudure de produits métalliques est omniprésente dans les entreprises du secteur de la fabrication industrielle. On aurait tendance à croire que c’est une activité exercée avec rigueur et en conformité avec les normes établies. Pourtant, un soudeur sur trois ne réussit pas à réaliser selon le devis une soudure de qualité du premier coup!
Selon Martin Daignault, inspecteur au Bureau canadien du soudage, « le surdimensionnement est certainement la principale erreur commise dans les départements de soudure. »
En effet, l’excès de soudure (cordons de soudure plus gros que les dimensions spécifiées) augmente le temps de soudage, exige davantage de gaz et de fil et plus de soudeurs. L’excédent de métal d’apport demande un surplus de travail inutile et sans valeur ajoutée, coûteux et polluant.
Outre la soudure excessive, l’ampérage trop bas (intensité du courant), les faibles ratios du temps de soudage effectif (facteur de marche), le meulage excessif ou encore les spécifications de soudage exagérées sont autant de paramètres entraînant des pertes de productivité.
De plus, les mauvais aménagements du poste de travail et le calibrage inadéquat des machines représentent d’autres facteurs d’inefficacité. Enfin, la clarté des plans (symboles manquants notamment) et le débit de gaz trop faible sont encore des défauts à corriger. On évalue que 95 % des problèmes proviennent du processus et 5 % sont dus aux soudeurs.
Viwek Vaidya, ingénieur, professeur à l’Université Concordia et président de Techno Vogue est en quelque sorte le père du soudage Lean au pays. En effet dans les années 1990, amené à valider la pratique de soudage de quelque 900 soudeurs (travaillant à la construction de frégates canadiennes) sur les chantiers de la Saint-John Shipbuilding au Nouveau Brunswick, M. Vaidya se rendit compte que le processus était déficient.
À la suite de cette expérience, il décida de lancer une méthode novatrice de contrôle du processus et des paramètres de soudage.
Le programme comporte cinq points principaux. « Il faut d’abord observer comment le soudeur soude et si la technique est appropriée », dit l’ingénieur.
« L’excès de soudure augmente le temps de soudage, exige davantage de gaz et de fil et plus de soudeurs; l’excédent de dépôt d’apport demande également un surplus de travail inutile et sans valeur ajoutée, coûteux et polluant. » -Martin Daignault, Inspecteur au Bureau canadien du soudage
« De plus, on doit mesurer le gaspillage (sur-soudage, consommation de produits d’apport, etc.). Par la suite, on évalue les principaux paramètres du soudage tels que la vitesse de soudure et de dévidage du fil et le facteur de marche du soudage. Enfin, on doit estimer la consommation de gaz (documenter les gaspillages observés) et la force pour dévider le fil selon les valeurs de référence. » Bref, il faut évaluer simultanément aussi bien les pratiques de soudage que le processus d’élimination des pertes.
« La diminution du gaspillage suite à l’intervention Lean est de l’ordre de 5000 $ à 8000 $ par soudeur par année », estime le président de Techno Vogue, tout en soulignant qu’« environ neuf mois de l’activité Kaizen sont nécessaires pour mener à bien un tel processus. »
Avec l’approche Lean, les résultats ne se font pas attendre. Ainsi, un simple diagnostic des pratiques de soudage peut aider à identifier les gains immédiats. Selon les projets réalisés dans plusieurs usines, on estime que l’application de ces principes entraîne des gains de productivité d’environ 40 %.
« La majorité des économies générées, informe Denis Martineau, Conseiller en technologie industrielle au Conseil National de Recherche du Canada (CNRC), concernait les procédés et l’optimisation de la conception ; le coût de mise en œuvre était très bas (temps d’ingénierie uniquement). La plupart du temps, il suffisait de déplacer l’équipement ou d’acheter quelques petites composantes. » Pourquoi fabriquer une seule pièce alors qu’on pourrait en fabriquer trois ?
Pivot essentiel de l’industrie, le métier de soudeur est le premier en importance en fabrication métallique. Dans un contexte de compétitivité internationale, l’adaptation Lean à la soudure pourrait permettre à plusieurs entreprises de mieux se positionner sur les marchés étrangers.
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