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Les entrepreneurs miniers attendent avec impatience les changements qui seront mis en vigueur pour le régime minier au Québec. L’Association de l’exploration minière du Québec (AEMQ) a tenu son congrès annuel en novembre, à Québec.

Pour la première fois en dix ans, l’activité était indépendante de l’évènement organisé par la Division Géologie Québec du ministère des Ressources naturelles (MRN). Le MRN a présenté Québec Mines au Centre des congrès la semaine suivante. Malgré la tenue séparée des deux évènements, ils ont attiré plus de visiteurs que l’année précédente.

Le nouveau président du conseil d’administration de l’AEMQ, Philippe Cloutier, est également président de Ressources Cartier. Selon lui, le Québec est l’équivalent de Silicon Valley en matière d’exploration minière tant ses compétences sont avant-gardistes : techniques de forage, méthodes géophysiques, pratiques en santé et sécurité, politiques de développement durable, etc.

Lors du dernier atelier qu’il animait le 22 novembre, M. Cloutier a insisté sur la nécessité, pour les sociétés minières, de travailler à obtenir l’acceptabilité sociale de leurs pratiques. Le cas des projets uranifères en Côte-Nord ou à Baie-James sont des exemples probants de la difficulté d’obtenir l’appui des communautés En effet, il est loin d’être garanti pour tous les projets, et ce, même à l’étape de l’exploration.

Durant son mandat, Philippe Cloutier entend déterminer les conditions requises pour garantir le succès de ses membres : accès au territoire, gestion gouvernementale du patrimoine minier, transparence et prévisibilité du régime minier et environnement concurrentiel.

Par ailleurs, l’AEMQ se dit inquiète des intentions gouvernementales de protéger de vastes superficies dans le territoire du Plan Nord « alors que nous connaissons seulement 15 % du potentiel géologique présent dans le sous-sol québécois», affirme Valérie Filion, directrice générale de l’Association.

Investissements records

Selon les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) en novembre, les investissements devaient atteindre 5,4 milliards de dollars (G$) en 2012, une hausse de 37,2 %. Il s’agit d’une neuvième année consécutive de croissance des investissements dans le secteur minier. L’aménagement des complexes miniers représente la plus grande part de ce volume avec des investissements prévus de 4,6 G$, dont 3,2 G$ pour les immobilisations.

Parmi les projets les plus importants, notons l’expansion de la mine de fer du mont Wright par ArcelorMittal. La compagnie veut augmenter la production de 14 à 24 millions de tonnes de minerai de fer par année. Ce projet de 2,1 G$ bouleverse toute la communauté de Fermont, où le logement se fait rare.

À la mi-novembre, la société américaine Cliffs Natural Resources a annoncé qu’elle suspendait temporairement les travaux de relance de la mine du lac Bloom, autrefois exploitée par la société Consolidated Thompson Iron Mines. À cet endroit, Cliffs projetait de doubler la production de minerai de fer pour atteindre 16 millions de tonnes.

Le prix de la tonne de fer avait approché les 200 $ la tonne en février 2011, mais il a chuté sous les 100 $ ces derniers mois. Cliffs a d’ailleurs réduit sa production dans d’autres mines en Amérique du Nord.

À Québec Mines 2012, Éric Tétrault, porte-parole d’ArcelorMittal Canada, a rappelé que les coûts de production sont élevés au Québec et que la teneur en fer du minerai, à 30 %, est plus basse que la moyenne mondiale, à 50 %. Lors de son allocution, il a insisté sur la contribution de la société sidérurgique à l’économie québécoise et sur le caractère « équitable » du régime actuel de redevances minières.

L’entreprise multinationale est d’ailleurs partenaire de la société Baffinland Iron Mines, au Nunavut, dont le gisement de Mary River a une teneur en fer estimée à 64 %, ce qui est exceptionnel. On estime qu’il coûtera 4,1 G$ pour lancer la production à la terre de Baffin, à 1000 km au nord-ouest d’Iqaluit.

L’aciériste avait payé 433 M$ pour acquérir 70 % des parts en novembre 2010, mais vient d’en revendre 20 % à son partenaire à la mi-décembre en raison de son degré élevé d’endettement et des pressions des marchés financiers.

Chez Métaux BlackRock, le projet de mine de fer et de vanadium près de Chibougamau chemine bien, selon Daniel Bernard, ex-député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue et ex-directeur général de l’AEMQ. L’entrée en production exigera des investissements de 800 M$. Le PDG de BlackRock, Jean Rainville, a d’ailleurs déjà trouvé des clients en Asie et au Proche-Orient pour la future production du gisement.

Exploration au ralenti

Malgré ces investissements records, les sociétés d’exploration minière prévoyaient réduire leurs dépenses d’exploration et de mise en valeur en 2012, lesquelles étaient de 800 M$, comparativement à 834 M$ en 2011. Selon l’ISQ, les activités de forage représentent historiquement entre 32 et 38 % des budgets d’exploration.

Cependant, la hausse constante du prix de l’or depuis 2004 a favorisé la demande pour ce service dont le coût a conséquemment augmenté. Entre 2002 et 2011, le nombre de mètres forés a grimpé de 211 %, tandis que le prix au mètre foré a augmenté de 195 %. En 2011, l’ISQ rapporte que 2 167 000 mètres ont été forés pour une somme totale de 345,4 M$, pour un coût moyen de 159 $ le mètre.

Pour la société Forage Orbit Garant, la réduction de l’activité associée aux sociétés juniors d’exploration a été notable dès le 2e trimestre de 2012. L’entreprise établie à Val-d’Or, en Abitibi-Témiscamingue, a terminé son exercice 2012 avec des revenus records de 154,8 M$ au 30 juin 2012, en hausse de 21 % comparativement à l’exercice précédent, en plus d’une hausse de 5,4 % des mètres forés.

Toutefois, le nombre de mètres forés a chuté de 5,7 % en un an lors du trimestre terminé le 30 juin 2012. La situation ne s’était toujours pas rétablie au 1er trimestre de 2013 (30 septembre 2012), alors que le nombre de mètres forés avait baissé de 17 % sur le même trimestre de l’année précédente.

Lors d’un entretien en août dernier, le PDG, Éric Alexandre, avait confirmé que le ralentissement des campagnes de forage était visible chez les sociétés juniors, qui avaient suspendu ou reporté leurs programmes d’exploration. M. Alexandre ne prévoyait alors aucune embellie pour les prochains trimestres. La compagnie détient 224 foreuses, mais certaines d’entre elles étaient inactives à la fin de 2012.

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