Même si les ventes se maintiennent ou sont en hausse pour certains distributeurs de ces équipements, il n’en demeure pas moins que le secteur stagne. Allons-nous vers un nouveau cycle économique ?
« Le marché de la machine-outil est tributaire du secteur de la fabrication. Or, on a perdu plusieurs usines ces dernières années au dépend du Mexique. Pour passer à travers cette période, il faut se spécialiser et être vraiment dans la haute technologie. » -Sylvain Lortie, président de Outillage Industriel Québec
Le marché de la fabrication est en régression depuis une quinzaine d’années. Les ventes de machines-outils s’en ressentent. Seuls quelques distributeurs semblent néanmoins tirer leur épingle du jeu.
Selon Luc Marion de ProMax Machinerie, « on a connu des années extraordinaires, il y a 20 ans, mais dans les cinq dernières années, la tarte a considérablement rapetissé et le nombre de compétiteurs a augmenté. Tout le monde essaie d’avoir une petite pointe du gâteau. »
Le Canada est un pays importateur de machines-outils. « La Chine accapare à elle seule de 85 à 90 % de l’ensemble de la fabrication de ces équipements de la planète, estime Sylvain Lortie, président d’Outillage Industriel Québec. L’autre 15 % provient d’autres pays dans le monde. On voit même des machines américaines manufacturées en Chine. »
De plus, on constate qu’il se fabrique de moins en moins de ce matériel d’ateliers d’usinage chez nos voisins du sud. « Les coûts de fabrication sont de plus en plus élevés aux États-Unis, » poursuit M. Lortie.
« Auparavant, les pays les plus industrialisés (États-Unis, France, Allemagne, Angleterre, Japon) étaient d’importants fabricants de machinerie d’usinage. » Quant à la Chine, les machines ne sont pas autant de qualité de l’avis des principaux intervenants. Toutefois, on remarque une tendance à l’amélioration depuis quelques années.
Le phénomène est plus prononcé sur le vieux continent. Plusieurs fabricants ont connu ces dernières années des baisses notables de leur chiffre d’affaires et certains ont dû faire face à de dures réalités.
Contrairement à l’Europe, où les entreprises achètent parce qu’elles veulent augmenter leurs volumes de ventes ou encore ouvrir de nouvelles usines ou se préparer à répondre à une demande éventuelle, au Québec, on acquiert généralement de la machinerie en fonction d’un contrat, d’un besoin précis.
« Ici, on n’a pas cette mentalité et cet historique, croit M. Lortie. Les compagnies sont relativement jeunes; souvent, elles ont moins de 50 ans. Les entreprises européennes, quant à elles, possèdent plus de 75 ou 100 ans d’existence et ont eu le temps d’implanter leur structure. » Par ailleurs, on doit également considérer le taux de change dans les transactions.
« L’achat d’une machine, qu’elle provienne des États-Unis, de l’Asie, ou encore de l’Europe, s’effectue habituellement en devises américaines, indique Yan Deschênes, conseiller technique chez Garant Machinerie. Cette obligation affecte le coût des machines et en augmente le prix. »
De plus, une augmentation de capacité oblige les ateliers d’usinage à s’orienter vers des équipements plus technologiques permettant de gagner du temps et de remplir des mandats. « L’entreprise qui exécute beaucoup de sous-traitance n’a d’autre choix que de renouveler son équipement désuet ou manquant de précision, tout comme l’usine qui est en croissance, » estime M. Deschênes.
Quoiqu’il en soit, le parc de machines-outils se renouvelle au Québec. « Il y a toujours un marché pour les entreprises qui dépendent moins de la productivité ; ajoute le conseiller technique de Garant. Les usines qui veulent suivre doivent, quant à elles, se mettre à jour. »
De plus, la demande pour des machineries usagées serait fortement en hausse. Les PME qui ont des volumes limités peuvent plus facilement accepter un équipement remis à neuf.
Dans le contexte économique actuel, la perte de manufactures se fait notamment au profit de pays en émergence ; l’entreprise se voit obliger de revoir ses stratégies d’affaires.
« Le marché de la machine-outil est tributaire du secteur de la fabrication, conclut le président d’Outillage Industriel Québec. Or, on a perdu plusieurs usines ces dernières années aux dépens du Mexique. Pour passer à travers cette période, il faut se spécialiser et être vraiment dans la haute technologie. »
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