Depuis quelques années, la valorisation des déchets prend une place de plus en plus importante dans la gestion environnementale. Les Entreprises Berthier inc. (EBI), spécialisée dans la gestion des matières résiduelles, n’a pas laissé passer sa chance d’y contribuer activement.
Fondé en 1960, EBI se destine tout d’abord au génie civil. Ce n’est qu’au cours des années 70 que l’entreprise adopte le virage vers la gestion des matières résiduelles, tout en continuant ses travaux en génie.
« Vers la fin de la décennie 2000, nous avons réalisé que nous consommions beaucoup de diesel, un carburant qui coûte cher et dont le prix est très variable. D’un autre côté, nous produisions déjà du gaz naturel, plus propre et moins dispendieux. La déduction devenait évidente : pourquoi ne pas utiliser le gaz naturel dans nos véhicules ? », explique Olivier Sylvestre, petit-fils du fondateur d’EBI et directeur du développement du transport au gaz naturel.
Des premiers essais d’un camion au gaz naturel comprimé (GNC) sont alors effectués en 2011, pendant une période d’un an. EBI avait alors développé une station de ravitaillement mobile, installée sur une remorque. Couronné du succès, l’essai mène l’entreprise à transformer sa flotte de camions et à mettre à profit son expertise en génie civil pour construire ses premières stations de ravitaillement publiques et privées.
« En 2013, 50 camions de notre flotte fonctionnaient au GNC. L’an dernier, on en comptait 110. Actuellement, 116 de nos camions utilisent le GNC. Parallèlement, nous avons développé notre réseau de stations, qui compte désormais 4 stations à Berthierville, Montréal-Est, Joliette et Saint-Félicien, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les trois premières disposent de bornes de ravitaillement publiques. Pour ce qui est de la station de Saint-Félicien, il s’agit d’une station privée, dédiée aux besoins de notre client. »
Cette station a d’ailleurs été installée et rendue fonctionnelle en trois jours à peine. Elle est de plus opérable à distance. L’entreprise est donc en mesure d’intervenir rapidement si des anomalies ou des bris surviennent.
Le 12 avril dernier, lors de notre visite des installations de l’entreprise à Berthier, nous avons eu l’opportunité de découvrir l’ampleur du procédé de valorisation mis en place par EBI. Non seulement permet-il à l’entreprise d’être auto-suffisante en matière de carburant pour la majorité de sa flotte de camions, il contribue également à alimenter toutes les installations de Berthier en énergie électrique.
Au site d’enfouissement, on récupère le biogaz résultant de la décomposition de certaines matières résiduelles. Le gaz ainsi récupéré est acheminé à la centrale de génération où il est purifié et comprimé. Une partie du produit final est réinjectée dans le réseau de distribution de Gaz Métro. L’autre est quant à elle utilisée pour alimenter sept puissantes génératrices qui produiront l’énergie électrique nécessaire au bon fonctionnement du complexe en entier.
« La totalité de l’électricité que nous produisons à la centrale de cogénération est vendue à Hydro-Québec. Nous disposons d’une entente qui nous garantit la vente de 9,4 MgW par année, pendant 25 ans », souligne Olivier Sylvestre.
La centrale de cogénération est ainsi appelée puisqu’elle permet également de générer la chaleur nécessaire pour réchauffer les bassins extérieurs qui recueillent les eaux usées, permettant ainsi leur traitement à l’année longue.
Le site d’enfouissement de Berthierville reçoit trois types d’intrants : les déchets, destinés au site d’enfouissement technique, les boues de fosses septiques, qui seront traitées à l’usine de traitement des eaux usées sise sur le site-même, et les déchets organiques, qui serviront au compostage.
« La plate-forme de compostage permet de produire un compost qui, avec l’ajout des eaux de ruissellement, nous permettra de produire un fertilisant utilisé en agriculture. Pour ce qui est des boues de fosses septiques, nous les épaississons afin d’en solidifier une partie qui est acheminée au compostage. La fraction liquide restante est quant à elle acheminée à l’usine de traitement des eaux usées. Le site d’enfouissement technique permet de son côté la production du biogaz, source de tout notre développement. »
Le processus de valorisation de la biomasse, mis en place par EBI, lui permet donc d’être auto-suffisante en matière d’énergie, tant pour son imposante flotte de camions que pour assurer le bon fonctionnement de ses installations. Il permet également à certaines entreprises industrielles et à certains transporteurs de faire leur part en matière d’environnement.
N’est-ce pas le chimiste Lavoisier qui affirmait, à la fin du 18e siècle, que Rien ne se perd, rien ne se crée ? EBI démontre tout le contraire grâce à son génie inventif !
Richard MarcilJournaliste