Polytechnique Montréal, Neptune Cyber et Chantier Davie Canada Inc. annoncent l’amorce d’un projet de recherche et développement (R&D) d’une durée de 5 ans en matière de cybersécurité pour les infrastructures maritimes critiques.
L’accélération de la numérisation et de l’automatisation dans le monde maritime a créé de nouveaux défis pour les navires de transport et de frégates ainsi que pour la gestion des cargaisons et des infrastructures portuaires. Ils sont tous devenus de nouvelles cibles pour les cybercriminels, soit par la prise de contrôle du système de navigation à distance, la mauvaise localisation du navire, le piratage des communications, les virus et les rançongiciels. Ces menaces sont susceptibles de perturber les systèmes informatiques et électroniques qui gèrent les opérations des activités maritimes, fluviales et portuaires.
C’est pour cette raison que depuis le 1er janvier 2021 l’Organisation maritime internationale (IMO) exige des armateurs et exploitants, l’intégration de la gestion des risques cybernétiques dans leurs initiatives de sécurité lors de la première vérification annuelle des attestations de conformité. Il s’agit du premier cadre règlementaire en cybersécurité pour l’industrie maritime.
La création d’un Centre d’excellence en matière de la cybersécurité maritime du Canada visera le développement et la commercialisation de solutions innovantes de cybersécurité adaptées aux besoins du domaine maritime.
Polytechnique Montréal
Au cœur de ce partenariat novateur se trouvent deux chercheurs chevronnés de Polytechnique Montréal : Mme Nora Cuppens et M. José M. Fernandez, professeurs au Département de génie informatique et génie logiciel à Polytechnique Montréal. Renommés pour leurs travaux dans le domaine de la cybersécurité des infrastructures critiques, de la cyber résilience et de la cyber défense.
Au cours des six dernières années où elle œuvrait en France, professeure Cuppens a concentré ses recherches sur la protection des systèmes critiques, prenant part activement à deux chaires de recherche en cybersécurité des infrastructures critiques ainsi qu’en cyber défense des systèmes navals. Elle a joint Polytechnique Montréal en 2020 pour notamment y mener des travaux de recherche sur la cyber résilience des systèmes essentiels et la définition de métriques de cybersécurité pour de meilleures prises de décisions de sécurité. « Cette collaboration nous permet de bénéficier de l’appui de Neptune en cybersécurité maritime tout en ayant accès aux infrastructures et à l’expertise navale de Davie. Elle nous permettra de développer des solutions qui répondent réellement aux besoins du marché, en plus de former une nouvelle génération d’experts spécialisés en cybersécurité maritime, un atout très rare pour cette industrie, » selon Mme Cuppens.
« Mettre de l’avant un tel partenariat, avec la possibilité de créer une zone d’innovation comprenant ce pôle de cybersécurité maritime avec les partenaires du milieu, constitue une étape cruciale pour assurer la sécurité nationale et la stabilité économique du Canada comme du Québec; c’est la clé pour protéger nos infrastructures critiques et leur donner plus de résilience, en plus de former une relève hautement qualifiée dans un domaine névralgique, » ajoute le professeur Fernandez, qui mène depuis plus de douze ans des recherches sur la cybersécurité des infrastructures critiques dans plusieurs domaines tels que les réseaux électriques, les réseaux de contrôle de trafic urbain et l’aviation.
L’expertise de Polytechnique en matière d’évaluation des risques et de protection des cyber systèmes physiques dans d’autres types d’infrastructures critiques sera essentielle à la bonne exécution de ce projet pour l’industrie maritime.
Neptune Cyber
Neptune Cyber, une jeune entreprise québécoise en pleine croissance, est la seule entreprise canadienne à ce jour à offrir une gamme de produits et services exclusivement conçus pour le monde maritime. Elle aide les plus importantes sociétés du secteur naval et maritime au Canada et à l’échelle internationale à faire face aux menaces cybernétiques. Son expertise en matière de cybersécurité maritime permettra à l’équipe d’identifier les attaques cybernétiques les plus menaçantes. Celles-ci seront simulées sur la plateforme expérimentale de co-émulation de navires qui sera développée dans le cadre de cette collaboration. L’utilisation de l’approche de co-émulation, développée à Polytechnique Montréal, permettra ainsi à l’équipe de mesurer avec précision l’impact des cyberattaques, de développer et tester l’efficacité des contre-mesures défensives contre elles ainsi que la sécurité des systèmes informatiques maritimes à bord.
« La cybersécurité au sein de l’industrie maritime n’a pas suivi le rythme du secteur technologique. Par conséquent, compte tenu des progrès rapides des systèmes intégrés et connectés à bord des navires, et du risque d’attaque qui en résulte, il est urgent de trouver un meilleur moyen de comprendre, de modéliser et de planifier les risques auxquels l’industrie est confrontée aujourd’hui et à l’avenir. Ce projet est un excellent pas dans cette direction et il témoigne de notre engagement à long terme à créer un changement positif. »
Gwilym Lewis, PDG, Neptune Cyber
Chantier Davie
Cette contribution pluriannuelle s’inscrit dans le cadre des engagements de Chantier Davie Canada Inc. en matière de retombées industrielles et technologiques (RIT). La politique du gouvernement du Canada en matière de RIT exige que les soumissionnaires retenus pour des contrats de défense réinvestissent 100 % de la valeur de leurs contrats dans l’économie canadienne. Pour ce projet, Neptune Cyber Inc. et Chantier Davie Canada Inc. feront une contribution de 1,7 million de dollars, dont 500 000 dollars en espèces et 1,2 million de dollars en soutien et en équipements pour la durée de ce projet novateur.
Pour les partenaires, l’émergence d’une communauté d’intérêts dans le monde de la cybersécurité maritime représente un incontournable afin de faire face aux menaces futures. Ce partenariat est ainsi amené à s’agrandir éventuellement avec l’ajout d’autres partenaires industriels provenant du secteur maritime et de celui de la cybersécurité, de chercheurs universitaires et des centres collégiaux de transfert technologique (CCTT), sans compter les centres de formation pour le personnel maritime au Québec et ailleurs dans le monde.
Près d’une dizaine d’étudiants de niveau maitrise et doctorat seront formés dans le cadre de ce projet. Ils constitueront la première vague d’experts spécialisés dans ce nouveau domaine. Grâce à eux, les meilleures pratiques en matière de cybersécurité maritime pourront se partager à travers le monde. Des pratiques qui requerront l’émergence de normes et de certifications officielles, ainsi que des services et solutions de cybersécurité qui pourront s’offrir pour assurer la sécurité des opérations maritimes partout dans le monde.
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