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COVID-19 – La mobilisation remarquable des manufacturiers de la Mauricie Centre-du-Québec

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Historiquement, en temps de guerre, les manufacturiers ont été parmi les premiers à monter au front pour participer à l’effort de guerre. Le parallèle avec la situation qu’a créé la COVID-19 est évident. Si cette fois, c’est pour appuyer une armée médicale et scientifique que les manufacturiers ont réagi, dans un délai remarquable, reste que plusieurs d’entre eux ont fait des miracles pour participer à la lutte contre un ennemi invisible. Partout au Québec, les fabricants ont innové. Invention d’un nouveau lavabo portatif ici, remise au goût du jour d’un « ouvre-porte » qui s’actionne avec le pied là, conversion de production d’alcool à gel désinfectant un peu partout, passage à la production de textile, création d’une chaîne de production locale de blouses médicales réunissant fabricants de meubles et de vêtements… Les exemples du génie entrepreneurial à l’œuvre sont nombreux partout au Québec.

Les membres des Manufacturiers Mauricie Centre-du-Québec (MMCQ) ont été nombreux à se mobiliser, à s’entraider, à s’ajuster. Cette mobilisation extraordinaire, les MMCQ l’ont supportée en créant une communauté Facebook afin de briser les silos et de faciliter les mises en contact. Mais les vrais héros, ce sont les dirigeants qui se sont ajustés rapidement à la nouvelle réalité. Nous vous présentons ici quelques prouesses remarquables réalisées par certains de nos membres.

Convertir sa production : Passer de l’enseigne au bouclier protecteur – Les Enseignes professionnelles, Trois-Rivières

Le 23 mars, le gouvernement annonçait la fermeture de tous les commerces non essentiels. Déjà à ce moment, l’équipe des Enseignes professionnelles était à pied d’œuvre pour installer des écrans de protection dans les épiceries et les pharmacies. « L’idée est venue de l’un de mes contremaîtres. Il surveillait ce qui se passait en Europe, et voyait que les commerces là-bas installaient des écrans de protection. » se rappelle Sabrina Marchand, présidente des Enseignes professionnelles de Trois-Rivières. « Depuis le début de la pandémie, nous avons passé une des plus importantes commandes en matière première de polycarbonate et en deux jours, on se lançait dans la production d’écrans de protection, ce qui nous a permis de maintenir cinq personnes en poste pendant la crise. » Dès lors, le téléphone ne dérougit pas. Ses compétiteurs lui offrent leur aide. Ses clients lui passent des commandes. À travers tout cela, Sabrina Marchand note le support exceptionnel reçu par les entreprises de la région. Impliquée au sein des Manufacturiers Mauricie Centre-du-Québec, elle reçoit plusieurs commandes des membres de l’association. « On s’est sentis soutenus. On a aussi établi des collaborations avec nos compétiteurs. Cette crise nous a amenés à un endroit que je n’aurais pas pu imaginer. » Avec la reprise des opérations, l’entreprise reprend son carnet de commandes, qui était bien rempli avant la COVID-19 et roule maintenant à pleine capacité. L’entreprise continue de fabriquer et installer des écrans de protection afin d’adapter les espaces de travail des entreprises, en créant des écrans sur mesure, plus forte qu’hier d’un capital de collaborateurs établi.

De la promotion à la protectionGroupe DPI, Drummondville

« On a ouvert un « shift » de soir et on manque de personnel ». C’est ainsi que Danielle Tremblay, directrice générale, ouvre la discussion sur l’impact de la COVID-19. L’entreprise de Drummondville, spécialisée en fabrication d’affichage et de décors commerciaux, a complètement revisité son offre depuis le début de la crise. « En tout et partout, on a été fermés deux jours pendant lesquels on s’est demandé ce qu’on faisait. Nous étions considérés comme un service essentiel parce qu’on a Hydro-Québec et des épiceries parmi nos clients. Quelques jours plus tard, on lançait nos premières visières. » Depuis, l’entreprise a obtenu l’homologation de Santé Canada pour ces dernières, développé des visières pour enfants, avec autocollants qui les rendent personnalisables, d’autres pour casques de construction, un bouclier protecteur, des autocollants de distanciation pour plancher et des séparateurs de bureaux amovibles. « Il y a des jours où on a fermé à 1h du matin. Nous avons rappelé tous nos employés sauf deux qui ne sont pas à la production. On a pu faire ce virage parce qu’on a des gens qui sont là depuis longtemps et un président novateur, qui laisse beaucoup de latitude et tire tout le monde vers en avant. »

Créer un nouveau produit : Noovelia, Trois-Rivières – La technologie au service de la sécurité

« Comment aider dans le contexte avec l’expertise qu’on a? » Cette question, l’équipe de Noovelia de Trois-Rivières se l’est posée, comme plusieurs autres. La réponse est venue rapidement dans cette entreprise spécialisée en traçabilité et en automatisation. « Notre balise Kencee a été adaptée pour devenir une balise de distanciation physique nommée Kencee U2. Je travaille avec des génies. » explique Nicole Lebel, leader communication et marketing de l’entreprise. Cette balise, utilisée en usine, servait initialement à localiser avec haute précision l’emplacement de chaque pièce ou machine. Dans le contexte de la COVID-19, elle a été modifiée pour alerter les porteurs lorsque la distanciation physique n’est pas respectée, mais elle va plus loin. « En cas d’éclosion, cette balise permet de retracer avec précision tous les contacts que la personne infectée a pu avoir. » Respectant toutes les normes sur le respect de la vie privée, cette technologie aide à ajuster les réflexes tout à fait humains de rapprochement physique et à réagir avec une précision presque chirurgicale en cas de contamination pour protéger la santé des gens et la pérennité des organisations.

Du robot serveur au robot désinfecteurSir Steward, Drummondville

« Je pense que la crise va amener une conscientisation sur l’utilité de la robotique. Les robots ne sont qu’un outil qui aide les humains. »

Jonathan Auger, président-directeur général de Sir Steward, croit que la crise de la COVID-19 va faire tomber quelques barrières et il y contribue activement, avec Charlotte, un robot doté de lampes UV extrêmement puissantes, qui désinfecte toute pièce dans laquelle elle se trouve. Fruit d’une collaboration avec une entreprise spécialisée en désinfection, comptant plus de 25 ans d’expérience dans le domaine, ce robot était en développement depuis un an. « J’ai rencontré cette entreprise dans un salon à Hamilton il y a un an. Nous travaillions ensemble sur ce projet à temps perdu. Avec la crise, ce projet est devenu prioritaire. » L’entreprise de Drummondville, qui misait jusque-là davantage sur un robot livreur destiné à l’industrie hôtelière, développe un premier prototype de Charlotte, puis un second, amélioré, en quelques semaines. Une initiative qui suscite énormément d’intérêt. « Nous allons prendre les commandes à partir de juillet, mais pour le moment, je reçois énormément d’appels de grands joueurs qui sont très intéressés par notre robot-désinfecteur, dans tous les domaines.L’enjeu présentement est de sécuriser tout le monde : les employés comme les clients et Charlotte est un formidable moyen d’y arriver. »

Lancer une entreprise : Les Entreprises Prémont, LouisevilleFabriquer des masques chirurgicaux en six semaines

« On se faisait appeler de partout pour avoir des médias filtrants textiles dès le début de la crise. On a aidé beaucoup d’entreprises. Puis on a été approché par Dany Bergeron, Entreprise Prémont inc. Il voulait développer une machine de production de masques. Tout est allé très vite. On avait besoin d’une licence de vente santé : Delta cosmétique l’avait; il s’est joint au consortium. Au départ, nous avions intéressé des clients majeurs comme Rio Tinto, CN… En six semaines, on avait formé la compagnie, acheté un bâtiment, trouvé un premier client, embauché du personnel. Et aujourd’hui, on a 60 employés et on produit trois millions de masques chirurgicaux par semaine pour le système de santé. » Geneviève Hardy, ancienne présidente d’Hardy Filtration, une entreprise spécialisée dans la filtration d’air, déroule l’historique de l’entreprise Prémont de Louiseville, qui s’est écrit à vitesse grand V. Fruit de la collaboration des dirigeants d’Entreprise Prémont, Delta Cosmetics et Gestion Hardy-Girard, l’entreprise s’est créée « organiquement » sur la base des amitiés présentes, des expertises complémentaires et d’une volonté commune de participer à la lutte à la COVID-19.

S’alliant à deux joueurs du domaine de l’innovation, les associés rêvent maintenant de voir naître une production québécoise, ou minimalement nord-américaine, de membranes textiles à médias filtrants. « Cette crise nous a montré toute la complexité que représentent les approvisionnements outre-Atlantique. » rappelle madame Hardy. « Avec le support des entreprises et du gouvernement, tant québécois que canadien, nous serons en mesure et capables de créer une production suffisante pour tout le territoire canadien. »

Par Cynthia Rivard, directrice des Manufacturiers Mauricie Centre-du-Québec

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