Lancées en janvier par le ministre des Finances, M. Eric Girard, les consultations prébudgétaires s’inscrivent dans le processus de préparation du budget 2021-2022 du gouvernement du Québec afin de permettre aux citoyens de s’exprimer sur les orientations budgétaires du gouvernement en répondant à un court questionnaire ou en allouant des rencontres avec de nombreux représentants d’organisations provenant de différentes sphères de la société québécoise afin d’échanger avec eux sur leur vision et leurs idées concernant le développement économique et social du Québec.
« Le prochain budget sera particulièrement important pour l’avenir du Québec. Notre gouvernement est à l’écoute de la population. Toutes les idées et propositions qui pourraient nous permettre de relancer l’économie et de mieux répondre aux besoins des citoyens seront les bienvenues, » annonçait M Girard.
Manufacturiers et exportateurs
Ainsi, Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) a présenté ses recommandations en vue d’accroitre la compétitivité des manufacturiers et relancer l’économie de la province.
« Dans le contexte actuel, le gouvernement du Québec doit miser sur l’innovation et la compétitivité de ses entreprises manufacturières, notamment en bonifiant les crédits d’impôt à la recherche et développement, et en se dotant d’une véritable politique publique qui valorise l’achat local dans l’attribution des contrats gouvernementaux. Il faut également trouver des solutions concrètes à la pénurie de main-d’œuvre, un frein important à la compétitivité des entreprises ainsi qu’à la reprise économique du Québec », déclare Mme Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
MEQ a proposé dans son mémoire dix recommandations regroupées sous trois volets :
Conseil du patronat du Québec
De son côté, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) a proposé une série de gestes qui permettront d’atténuer les incertitudes et les fragilités économiques, et qui renforceront la compétitivité, l’innovation, la productivité, le capital humain, l’investissement privé et la vitalité des économies régionales et locales.
« Si les gouvernements canadiens et québécois ont mis en place des mesures qui ont permis d’éviter un effondrement socio-économique, la reprise dans un contexte d’incertitude ne sera pas simple. Il faut miser sur des mesures qui amélioreront les conditions d’affaires et d’investissement des entreprises. Le CPQ place au premier rang des priorités le développement du capital humain, tant actuel que futur, et le rattrapage en matière d’intégration technologique et de virage numérique », a expliqué M. Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ.
Le CPQ propose de maintenir les aides directes aux entreprises sur les frais fixes et de soutenir l’intégration du numérique dans leurs activités. Afin d’assurer une équité fiscale pour les commerçants québécois, le CPQ est d’avis qu’il faut collecter la TVQ sur toutes les ventes en ligne. Pour la restauration, durement touchée, il est proposé d’éliminer les taxes de vente pour toute l’année 2021.
Pour encourager la reprise des investissements, notamment dans les secteurs stratégiques, il est proposé de rendre tous les actifs amortissables à 100 %. On suggère également l’idée d’établir une forme de régime d’épargne-actions, propre à dynamiser l’écosystème boursier pour les entreprises québécoises. Le CPQ insiste sur l’importance de ne pas alourdir le fardeau des entreprises, qu’il soit de nature fiscale ou réglementaire.
Une série de mesures est également proposée pour faire de la lutte aux changements climatiques un axe économique favorable à l’investissement, à la compétitivité des entreprises et à la croissance des PME. Par le biais du Plan pour une économie verte (PEV) du gouvernement, il est possible de stimuler encore davantage les investissements qui réduisent l’empreinte carbone. Le CPQ souhaite aussi que le gouvernement renforce son soutien financier dans le secteur des transports collectifs.
Le CPQ est aussi fermement convaincu que la formation et l’amélioration des compétences des travailleurs sont fondamentales dans le contexte actuel, alors que le monde du travail est en pleine transformation. C’est pourquoi il est proposé d’accroitre les possibilités de formation en littératie, en numératie et en compétences numériques tant en entreprise que pour les personnes sans emploi.
Fédération canadienne de l’entreprise indépendante – Québec
Comme les entreprises de moins de 20 employés représentent 86 % de l’économie de la province, la FCEI a réitéré toute l’importance de s’assurer que les politiques publiques du gouvernement soient arrimées avec leurs besoins. Aider celles qui sont encore très fragilisées par la COVID-19 et mettre un terme à l’injustice fiscale unique au Québec.
« Ce budget est l’opportunité pour le gouvernement du Québec d’inscrire les PME au cœur de sa stratégie économique, tant celles qui peinent à se relever en raison des restrictions économiques liées à la COVID-19 que celles qui doivent composer avec un système fiscal qui les défavorise. Ce budget ne sera pas comme les autres et il ne doit pas l’être. Il doit envoyer un signal fort que le gouvernement est prêt à adopter des actions importantes en faveur des PME, car c’est elles qui composent l’essentiel du tissu économique régional », déclare M. François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.
Au niveau de la fiscalité unique, puisque 66 % des entreprises ont réduit leurs heures rémunérées au courant de la dernière année et qu’en date du 18 janvier n’ont toujours pas retrouvée leur pleine capacité, la FCEI se questionne à ce sujet et espère une réduction : « Cette situation est très inquiétante parce que le Québec ne permet pas l’accès au taux d’impôt réduit pour les plus petites entreprises des secteurs des services et de la construction qui ne rémunèrent pas au moins 5 500 heures. Cela veut dire que, non seulement les plus petites entreprises paient trop d’impôts, mais aussi que plusieurs d’entre elles qui ont réduit leur personnel risquent de voir leur impôt augmenter au pire moment imaginable », explique M. Vincent.
Fédération des chambres de commerce du Québec
Après avoir sondé attentivement ses membres, la FCCQ a aussi adressé ses principales demandes budgétaires en lien avec la crise de la COVID-19. Elle remet en cause d’ailleurs l’urgence de la situation.
« Nous devons mettre toutes les chances de notre côté pour assurer le maintien en activité de nos entreprises et relancer durablement notre économie. Face à la crise sanitaire que nous connaissons, il conviendra de prioriser la mise en place d’aide directe avant le retour à court terme de l’équilibre budgétaire, » a déclaré M. Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.
Une aide disponible rapidement, ajoute l’organisation, notamment afin que les entreprises puissent rencontrer leurs frais fixes.
Quatre recommandations prioritaires
D’un geste commun, les quatre organisations, MEQ, CPQ, FCCQ et FCEI, ont fait connaître leurs quatre demandes prioritaires communes :
Les leaders syndicaux
Les présidents et la présidente des organisations, Luc Vachon (CSD), Jacques Létourneau (CSN) et Daniel Boyer (FTQ) et Sonia Ethier (CSQ) s’entendent sur le fait que le prochain budget devra préconiser l’investissement sans les services publics.
« La relance économique fait partie de nos priorités et cela passe par un réinvestissement important dans les services publics, mis à mal par les gouvernements précédents. Québec doit mettre en place une véritable politique industrielle et nous sommes prêts à mettre l’épaule à la roue », déclarent les leaders syndicaux.
« Un plan de relance crédible devra passer par l’instauration d’un véritable dialogue social afin de faire valoir les besoins et préoccupations des travailleuses et travailleurs en matière d’emploi, de formation, de protection sociale et de soutien du revenu. La pandémie nous donne l’opportunité de rendre la société québécoise plus juste, solidaire et plus verte », ajoutent les leaders syndicaux.
« Nous devons changer d’approche en matière de finances publiques. Il n’y a pas d’urgence à lutter contre le déficit. Québec doit également suspendre les versements au Fonds des générations et utiliser ces revenus pour remettre sur les rails notre économie », concluent Sonia Ethier, Luc Vachon, Jacques Létourneau et Daniel Boyer.
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