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Congrès Québec Mines + Énergie – Une certaine reprise, de nouveaux projets et des écueils

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Le Québec est doté d’un vaste potentiel de ressources en graphite et en lithium, des minéraux qui sont utilisés, une fois transformés, pour créer les alliages requis par les batteries. Celles-ci servent autant pour l’alimentation des véhicules électriques que pour le stockage d’énergie. Cette capacité de stockage de l’énergie est essentielle à assurer la transition énergétique.

Une reprise

Quelques jours avant la tenue du congrès organisé par le MERN, l’Institut de la statistique (ISQ) a publié la mise à jour annuelle de son Recensement sur l’investissement minier. Après une forte baisse des investissements miniers qui a duré quatre ans, après le pic des 5 milliards de dollars (G$) d’investissements de 2012, ceux-ci ont atteint 3,05 G$ en 2017.

Cela représente une hausse de 18,7 % comparativement à l’année précédente. Selon l’enquête de l’ISQ menée auprès des établissements miniers, les investissements prévus en 2018 devaient atteindre 3,57 G$, une nouvelle hausse de 17,2 % et le niveau le plus élevé depuis cinq ans. Les dépenses en 2017 ont été concentrées au Nord-du-Québec (41 %), en Abitibi-Témiscamingue (36,0 %) et en Côte-Nord (19,4 %); les deux premières ont connu des hausses supérieures à 20 % en 2017, comparativement à l’année précédente.

La production minière a été lancée ou reprise à quelques endroits. L’exploitation de la mine de fer Goodwood par Tata Steel Minerals Canada a débuté à l’été 2017. Elle est située à 50 km au nord-est de Schefferville. Par ailleurs, une filiale de Minerai de fer Champion a relancé l’exploitation de la mine de fer du lac Bloom, située près de Fermont en Côte-Nord. La production commerciale a repris en 2018.

Par ailleurs, à La Corne en Abitibi-Témiscamingue, la production a été relancée par North American Lithium (NAL). Le site autrefois exploité par Québec Lithium était en mode de surveillance et d’entretien depuis octobre 2014, quelques mois à peine après son entrée en production. On y produit du concentré de spodumène, mais NAL prévoit redémarrer d’ici 2020 l’usine de transformation voisine de la mine afin de produire du carbonate de lithium à partir du concentré de spodumène.

Nouveau ministre

Présent au congrès lors d’un dîner tenu le 20 novembre, le titulaire du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) dans le gouvernement Legault, Jonatan Julien, a énuméré les nombreux dossiers dont il devra s’occuper dans les prochains mois. La mise en valeur des ressources minérales et énergétiques se fera avec la collaboration des communautés, des Inuits et des Premières Nations. « Nous devons et nous allons travailler main dans la main », dit-il.

À propos de la mise en valeur du potentiel minéral, Jonatan Julien a insisté sur l’efficacité administrative et règlementaire de même que sur la rapidité du traitement des demandes. Ayant travaillé au bureau du Vérificateur général du Québec, le ministre Julien est très soucieux de la performance administrative. Cette efficacité ne se fera pas au détriment de la protection appropriée de l’environnement, ajoute-t-il.

La stabilité de l’environnement d’affaires au Québec est la condition du développement minier. Le Québec arrive en 6e place du classement de l’Institut Fraser parmi les juridictions jugées les plus attrayantes pour les investisseurs. « C’est bien, mais on peut faire mieux », dit-il.

En matière énergétique, le Québec pourrait devenir « la batterie du nord-est du continent » en développant de nouvelles alliances avec ses voisins. « Il y a un appétit très réel pour notre énergie propre, renouvelable et abordable », indique M. Julien.

Le développement de nouvelles batteries de stockage d’électricité permettra de développer l’énergie éolienne dans les communautés qui ne sont pas desservies par le réseau de distribution d’Hydro-Québec, comme c’est le cas à la mine Raglan, au Nuvavik. « Nous voulons devenir des leaders en efficacité énergétique », ajoute-t-il.

La condition première de la réussite de son mandat sera le respect, insiste-t-il, tant envers les communautés et les promoteurs qu’à l’endroit des 1400 employés de son ministère. « Je suis en apprentissage, je travaille fort, j’adore le secteur et mes collaborateurs. Je suis très bien entouré, j’apprends vite, nous nous rencontrerons régulièrement et nous aurons des résultats », conclut-il.

Controverse en Abitibi

Le gouvernement Legault devra trancher sous peu le dossier du projet minier Authier que la compagnie minière australienne Sayona veut exploiter à La Motte, dans la MRC d’Abitibi. La mine à ciel ouvert, voisine de l’esker, s’étendrait sur un kilomètre de long par 600 mètres de large et 200 mètres de profondeur. Le site proposé est voisin immédiat de l’esker Saint-Mathieu-Berry, la source d’alimentation en eau potable de la ville d’Amos et de l’usine d’embouteillage d’Eska.

L’exploitant prévoit traiter 1800 tonnes par jour de minerai afin de produire du spodumène de lithium. Or, la procédure d’évaluation environnementale et les cinq étapes des travaux du Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) ne sont obligatoires qu’à partir de 2000 tonnes par jour. Les porte-parole de l’entreprise assurent évidemment que l’esker sera protégé et que ses études montrent que les activités n’auront aucun impact sur l’approvisionnement en eau.

En août dernier, le gouvernement Couillard laissait entendre qu’il était favorable à une audience du BAPE concernant le projet de Sayona. La position du gouvernement Legault n’est pas encore connue. Le 24 octobre dernier, la nouvelle ministre, Marie-Chantal Chassé, a refusé de confirmer l’engagement fait par sa prédécesseure, Isabelle Montpetit.

Le projet a été appuyé par le conseil municipal de La Motte, mais le maire Louis-Joseph Fecteau a démissionné le 11 septembre dernier, à cause de la controverse associée au projet Authier. Un scrutin visant à le remplacer devait avoir lieu le 16 décembre 2018.

Les diamants

L’atteinte de la profitabilité, dans un marché nouveau pour les compagnies québécoises, est parfois difficile. La valeur de l’action de la compagnie Diamants Stornoway a été malmenée sur les marchés, ces derniers mois. En publiant les résultats financiers le 14 novembre dernier, le PDG de Stornoway, Matt Manson, a annoncé son départ, prévu le 1er janvier 2019.

Le vice-président Patrick Godin le remplacera. La compagnie a déclaré des pertes de 37,6 M$ au 3e trimestre. La compagnie espérait produire 1,6 million de carats par année, mais a révisé à la baisse cette prévision, à 1,4 million de carats. En publiant ses résultats trimestriels en août dernier, l’entreprise dévoilait que sa situation financière ne lui permettait pas de satisfaire à ses obligations jusqu’au 30 juin 2019.

Le 2 octobre, l’entreprise annonçait un refinancement de 129 millions de dollars (M$) afin de poursuivre ses activités, notamment des congés de paiements sur des prêts contractés auprès d’Investissement Québec et du Fonds de solidarité FTQ. Diaquem, le bras financier du gouvernement du Québec dans ce projet, détient le quart des actions en circulation.

À la mine Renard dans la région des monts Otish, à 200 km au nord de Chibougamau, l’exploitation se passe bien, mais la teneur en carats et la grosseur des diamants ne sont pas encore au rendez-vous. Les résultats de production et de vente au 30 septembre 2018 ont été annoncés le 10 octobre. La teneur en carats et le volume récupéré ont progressé comparativement au deuxième trimestre.

Les diamants récupérés à la mine sont plus petits que prévu et leur valeur est moindre sur le marché. Néanmoins, sur une base normalisée, le prix des diamants de Renard s’est amélioré de 18 % entre la première vente en novembre 2016 et la fin de septembre 2018, indique l’entreprise dans son communiqué du 10 octobre.

Par Alain Castonguay

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