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Congrès de la FPFQ à Beaupré – Trois députés engagent le dialogue avec les producteurs de bois

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Il y a été notamment question de l’avenir de la ruralité et de la lourdeur des règlements qui encadrent l’activité sylvicole sur les terres privées. Les échanges étaient animés par Marie Grégoire, collaboratrice à l’émission Le Club des Ex à RDI. Elle a précisé les raisons de l’absence de Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin et co-porte-parole de Québec Solidaire, et qui était retenu à l’Assemblée nationale en raison des ennuis de santé de sa collègue Manon Massé.

CAQ

Éric Lefebvre, représentant de la Coalition Avenir Québec (CAQ), a été désigné pour parler en premier. Porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de forêts depuis octobre 2017, M. Lefebvre a été élu dans Arthabaska, au Centre-du-Québec, lors d’une élection partielle tenue en décembre 2016. Se décrivant comme un entrepreneur, M. Lefebvre lance: « S’il n’y a qu’un mot à retenir de ma présentation, c’est: partenariat. »

Il a d’ailleurs réutilisé ce terme à plusieurs reprises lors des échanges avec l’assistance. Il a insisté sur la nécessité de simplifier la bureaucratie et de réduire la lourdeur règlementaire. « Vous êtes des entrepreneurs, vous ne voulez pas passer votre temps à remplir de la paperasse », dit-il aux producteurs forestiers.

La Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques (loi 132) comporte certains irritants, selon ce qu’on lui rapporte. On peut simplifier la règlementation sans le faire au détriment de la protection de l’environnement, précise-t-il. M. Lefebvre se dit prêt à s’asseoir avec les intervenants concernés et il entend encourager les fonctionnaires responsables à aller rencontrer plus souvent « les gens sur le terrain ».

PQ

Le député de Berthier, André Villeneuve, a pris la relève de son collègue du Parti québécois (PQ), Sylvain Roy. Élu en décembre 2008, M. Villeneuve a été réélu en septembre 2012 et avril 2014. Il est porte-parole de l’opposition officielle pour l’agriculture et les pêcheries. Le PQ a toujours été prêt du monde agricole et des producteurs de bois de la forêt privée, indique-t-il. « Le Québec s’est bâti grâce à la forêt », dit-il.

Depuis l’élection du gouvernement libéral en 2014, le milieu a essuyé plusieurs revers. Il déplore particulièrement l’élimination du programme de création d’emplois en milieu forestier et la réduction des investissements en sylviculture. Il insiste aussi sur le retard pris par le gouvernement à aider les propriétaires touchés par l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE).

« Dès 2016, nous avons demandé de l’aide pour les 14 000 producteurs touchés par l’épidémie », dit-il. Un an plus tard, le gouvernement a finalement débloqué 10 millions de dollars (M$), et il a dû en ajouter en 2018. L’épidémie a progressé pendant l’année où les producteurs ont attendu les budgets, poursuit-il.

PLQ

Le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue à l’Assemblée nationale, Luc Blanchette, a pris la parole au nom du Parti libéral du Québec (PLQ). Titulaire du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) depuis août 2016, M. Blanchette a rappelé les gestes du gouvernement Couillard pour aider à la relance de l’ensemble du secteur forestier.

À la suite du quatrième conflit commercial touchant le bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis, entre 2001 et 2006, le nombre d’emplois dans le secteur forestier a chuté de 90 000 à 60 000, rappelle M. Blanchette, économiste de formation et qui travaille en Abitibi-Témiscamingue depuis plus de 30 ans. Toutes les forces vives du milieu forestier doivent se mobiliser, ce qui inclut aussi le monde municipal, poursuit-il.

À la suite du Forum Innovation Bois tenu à l’automne 2016, les cinq chantiers ont suggéré 39 mesures à mettre en œuvre pour assurer la relance du secteur et favoriser la reconversion industrielle. Le Québec a regagné 1200 emplois en foresterie entre 2016 et 2017, malgré la relance du conflit commercial par les États-Unis. Le gouvernement collabore avec la FPFQ pour mobiliser un plus grand nombre de propriétaires à produire du bois, insiste M. Blanchette.

Ruralité

Durant la portion du débat traitant de l’avenir de la ruralité, il a été beaucoup question de l’accès à l’Internet haute vitesse (IHV), qui est devenu une nécessité pour toutes les entreprises, et aussi de la fiabilité des réseaux cellulaires. Le ministre Blanchette a fait part des efforts du gouvernement en la matière. « On a besoin d’être connecté, en forêt, à la ferme et dans les mines », dit-il.

Déjà 300 M$ ont été consacrés à étendre la couverture du réseau, avec l’aide du programme fédéral-provincial. Il affirme qu’avec un autre investissement du même ordre, déjà prévu au budget 2018-2019, on pourra compléter les branchements. De son côté, Éric Lefebvre affirme que le bilan du programme « Québec branché » ne donne pas les résultats attendus. « C’est aussi important pour le développement des régions que l’électrification dans les campagnes » dans le siècle précédent, lance-t-il.

Le député de la CAQ donne l’exemple d’un fournisseur qui était prêt à installer la fibre optique dans l’une des municipalités de son comté, mais en ne branchant que le tiers du territoire. La municipalité a préféré refuser la subvention de 130 000 $ accordée par Québec branché. « Je comprends qu’on ne peut pas faire tout le Québec en une année. Mais on ne peut pas tolérer ainsi de créer deux classes de citoyens », dit-il.

Selon André Villeneuve, la première chose à faire pour aider les producteurs de la forêt privée est de travailler à les faire exclure de l’application des surtaxes à l’exportation, imposées par les États-Unis aux usines dont les approvisionnements sont récoltés sur la forêt publique.

Loi 132

Au sujet de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques (loi 132), Luc Blanchette affirme que la réglementation en cours d’élaboration devrait exclure 95 % des superficies détenues par les propriétaires privés. Les représentants de la FPFQ ont accueilli l’affirmation du ministre avec réserve, en disant vouloir attendre de lire le règlement final qui sera bientôt soumis.

Dans le même ordre d’idées, la FPFQ déplore « les réglementations environnementales qui ne reconnaissent pas la saine gestion faite par les 134 000 propriétaires de lots boisés du Québec ». Sans connaissance adéquate du milieu forestier, les représentants municipaux imposent des exigences qui deviennent des anomalies. « Ils ne s’en rendent même pas compte, parfois, c’est le principe de précaution qui les guide. Ce n’est pas toujours de la mauvaise volonté », indique Marc-André Côté.

On ne peut restreindre l’activité sylvicole tout en demandant aux producteurs de se mobiliser pour livrer plus de bois aux usines afin de compenser la baisse de la récolte sur les terres publiques, note-t-on. Les propriétaires entendent ce message ambigu: selon les chiffres fournis par la FPFQ, le nombre de producteurs forestiers enregistrés a chuté ces dernières années, passant de près de 37 000 en 2012 à un peu plus de 29 000 en 2018, malgré la vigueur de la demande pour le bois.

Par Alain Castonguay

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