Deux projets majeurs pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean
Deux projets miniers sont désormais au stade avancé. Des retombées majeures sont attendues au Saguenay-Lac-Saint-Jean, particulièrement dans la zone industrialo-portuaire de Ville de Saguenay. Cependant, avec le projet de gazoduc mené par GNL Québec, qui inclut aussi la construction d’un terminal gazier sur le Saguenay, des inquiétudes sont soulevées à l’égard de l’augmentation du trafic maritime dans l’écosystème fragile de cet important affluent du fleuve Saint-Laurent.
Arianne Phosphate (TSX: DAN) a obtenu les permis requis pour démarrer l’exploitation de la mine d’apatite du lac à Paul, situé à 250 km au nord de Saguenay. L’électricité proviendra du barrage de la Chute-des-Passes, situé à 30 km du site minier. Le concentré sera ensuite livré par camion jusqu’au nouveau terminal de Port Saguenay. La mine à ciel ouvert sera exploitée durant 26 ans. La transformation quotidienne de 55 000 tonnes de minerai devrait permettre de produire trois millions de tonnes de concentré phosphaté par année.
Port Saguenay a reçu le feu vert des autorités fédérales au quatrième trimestre de 2018 pour la construction du terminal sur la rive nord de la rivière Saguenay. Arianne a travaillé avec divers partenaires pour concevoir une remorque plus légère grâce à l’intégration de l’aluminium. On augmentera ainsi la charge utile, ce qui réduira le nombre de camions sur la route. En complétant son financement d’ici la fin de l’année, Arianne espère démarrer la mine au deuxième semestre de 2021 et lancer la production commerciale en 2022.
Dans le cas de Métaux BlackRock (MBR), une société au capital privé, elle exploitera un gisement métallique dans la région de Chibougamau. La construction de l’usine de transformation a commencé en mai dernier sur un terrain boisé du port de Grande-Anse, dans l’arrondissement La Baie à Saguenay. Deux mois de travaux de terrassement et de préparation de terrain étaient requis pour recevoir la future usine de transformation du concentré de fer en fonte brute et en ferrovanadium.
À la mine, on vise à extraire annuellement quelque trois millions de tonnes de minerai. La production atteindra 830 000 tonnes de fonte métallique de vanadium, de titane et de magnétite. Le minerai sera transporté par le CN de Chibougamau jusqu’à la hauteur du complexe Jonquière de Rio Tinto (RTA), puis par la ligne ferroviaire Roberval-Saguenay propriété de RTA vers le port de Grande-Anse.
Le projet total est évalué à plus d’un milliard de dollars, dont 350 millions de dollars (M$) pour la mine et 650 M$ pour l’usine. Le gouvernement du Québec a déjà financé le quart de cet investissement, notamment pour les travaux requis dans le port de Grande-Anse, évalués à 63 M$.
Tout comme pour Arianne Phosphate, le financement n’est pas encore bouclé chez MBR. Les travaux au port de Grande-Anse ont d’ailleurs été suspendus à la fin du mois d’août et ne devraient reprendre qu’au printemps 2020.
Des problèmes
Pour certains projets miniers prometteurs en cours dans le Nord-du-Québec, les nouvelles sont moins bonnes. Chez Nemaska Lithium, la mine Whabouchi, au nord de Chibougamau, le démarrage est plus laborieux qu’anticipé. Les coûts de commercialisation de la mine et de construction de l’usine électrochimique de Shawinigan, d’abord estimés 1,1 G$, sont beaucoup plus élevés que prévus. Le 19 juillet dernier, Nemaska Lithium a signé une lettre d’intention avec le groupe londonien Pallinghurst, pour un premier placement privé de 200 M$. Une autre option de 400 M$ est aussi prévue.
Quant à la mine Renard de Diamants Stornoway, dont la production commerciale a commencé en décembre 2016, des problèmes d’exploitation au démarrage de la mine, puis la chute du prix du diamant ont causé de gros problèmes de rentabilité. Le 8 septembre dernier, Diamants Stornoway a demandé au tribunal de la protéger de ses créanciers. Le lendemain, la société Redevances aurifères Osisko, appuyée par trois autres créanciers garantis, a annoncé son intention de racheter la totalité des actifs, incluant la mine de diamants, et de prendre en charge les dettes et les obligations envers les créanciers garantis.
Des chiffres
L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) devrait publier les chiffres les plus récents sur la production minérale et les investissements miniers peu avant le congrès QM+É. En 2018, les investissements miniers ont totalisé 3,138 milliards de dollars (G$), une légère hausse de de 3 % sur l’année précédente. Depuis le sommet atteint en 2012 (5,13 G$), les investissements se maintiennent depuis 2015 à des sommes variant entre 2,5 et 3 G$.
Les travaux d’exploration et de mise en valeur ont atteint 498 M$ en 2018. Ces investissements ont surtout été réalisée dans le Nord-du-Québec (328 M$) et en Abitibi-Témiscamingue (132 M$). En 2017, la valeur des livraisons minérales a atteint 9,47 G$, une hausse de 17,0 % sur l’année précédente. Les données provisoires de l’ISQ estimaient que ces livraisons allaient atteindre 10,26 G$ en 2018 (+8,3 %) et 10,76 G$ (+4,9 %) en 2019.
Par Alain Castonguay