C’est en tout cas ce que soutient le Comité sectoriel de l’industrie du caoutchouc du Québec (CSMO). La création de produits à forte valeur ajoutée répondant à des besoins spécifiques est la meilleure manière de contrer la production chinoise axée sur de gros volumes, avance l’organisme qui estime que les investissements en matière de recherche et développement sont encore trop marginaux.
«Les investissements technologiques sont incontournables pour les entreprises qui veulent maintenir leur capacité de production. Il en va de même pour les efforts particuliers à consentir en matière de recherche et de développement dans l’optique de maintenir une supériorité technologique», mentionne le CSMO dans son profil sectoriel 2007 en donnant comme exemple l’Allemagne qui a maintenu et augmenté leur budget grâce à cette stratégie.
L’industrie du caoutchouc et du plastique à Québec concentre treize entreprises principalement spécialisées dans la fabrication et le rechapage de pneus. Quelques-unes sont orientées vers des productions plus ciblées comme le manufacturier Chaussures Régence Inc, fabricant de chaussures haut de gamme destinées au grand public et à l’industrie. L’entreprise qui disposait d’une usine à Québec a transféré, en 2005, toute sa production en Asie en raison du manque de main-d’oeuvre et du dumping exercé sur le commerce de la chaussure. Une délocalisation nécessaire qui lui a permis de demeurer compétitive tout en développant de nouveaux marchés.
L’acquisition en 2004 de la division commerciale Acton, fabricant de bottes de plein air, de couvre-chaussures et de bottes de travail sécuritaires pour l’industrie, a permis au manufacturier de repositionner sur ce marché très concurrentiel.
«Ce volet de nos activités nous situe dans un créneau spécifique qui nous différencie des concurrents», explique Alain Drolet, Vice-président de la division Acton. Dans un contexte de compétition mondiale, il est impératif d’innover pour ne pas se faire rattraper. Nous misons beaucoup sur la recherche en développant des modèles uniques, tant au niveau design que du point de vue technologique, grâce à une équipe de designers qui travaillent constamment sur l’élaboration de produits plus performants».
Ce virage a été payant selon M. Drolet qui estime entre 15 et 20% l’augmentation des ventes de l’entreprise par année. Si les bottes de cuir s’exportent bien du côté des États-Unis, ce n’est pas le cas des bottes de travail soumis à des frais de douane élevés. La division commence à ouvrir le marché en Russie, mais se concentre surtout sur le marché Nord Américain qui offre encore beaucoup de potentiel.
Selon Alain Drolet, la crise économique actuelle ne touche pas de plein fouet le marché de la chaussure. «Nous avons remarqué qu’en période de crise, les gens n’achètent pas de biens à long terme mais continuent à se chausser et se vêtir, ce qui sauve la mise. Par contre, tout notre approvisionnement se fait en dollar américain et la hausse du prix des matières nous affecte énormément. Il faudra sans doute réajuster nos tarifs dans les mois à venir», conclut-il.