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Chanceux : un produit fabriqué dans Lanaudière

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L’hécatombe est si grande que même Emploi-Québec ne fait plus de prévisions au sujet des emplois concernant ce secteur, tellement il est devenu insignifiant.

Un produit fabriqué par des gens d’ici

Malgré ces nuages noirs qui planent sur cette industrie, il reste quelques irréductibles Gaulois qui sortent leur épingle du jeu. C’est le cas de l’entreprise Création style plus (CSP) à Saint-Paul et qui compte 24 employés. Elle réussit à survivre dans le domaine de la fabrication, car elle répond à une demande bien précise du marché. Elle confectionne des vêtements corporatifs.

«On fait des uniformes, des polos, des vêtements pour la police et les pompiers. On peut faire n’importe quoi pour répondre à plusieurs demandes différentes», souligne Sébastien Moreau, directeur de CSP.

Si cette compagnie s’en sort, c’est justement parce qu’elle est plus efficace sur le terrain que la Chine. Elle agit plus vite, en offrant une qualité supérieure et elle peut fournir le dépanneur du coin, comme la grosse compagnie.

«Mes vêtements, c’est du solide. Pas le choix quand c’est pour des gens qui travaillent dans des domaines physiques. Je peux aussi sortir la couleur que le client désire. Il veut tel rouge, il va l’avoir. Il y a des histoires d’horreur qui viennent de la Chine, comme une commande de casquettes rouges qui arrive en rose. C’est le retour du balancier, ce qui fait que les clients recommencent à faire des affaires avec des gens d’ici».

CSP doit aussi réagir rapidement quand ses fournisseurs ferment les uns après les autres. «C’est plus difficile de s’approvisionner. Un jour, c’est un fabricant de boutons, l’autre de fil ou de collets qui abandonnent les affaires. On ne sait jamais qui va être encore là demain, mais comme nous sommes maintenant plus connus, on s’en sort», explique Sylvie Roy.

Ce qui inquiète par-dessus tout les dirigeants de cette entreprise, ce n’est pas tant la concurrence chinoise que le manque de main-d’oeuvre. «Trouver une jeune couturière est plutôt rare, la moyenne d’âge est de 50 ans. On ne sait pas ce que l’on va faire d’ici quelques années et le gouvernement ne fait rien pour nous aider. Quand des entreprises comme nous ferment, on va chercher le personnel».

Concurrence

Évidemment le textile, ce n’est pas uniquement les vêtements. Il y a aussi tout le secteur industriel, touristique et du transport. De ce côté, la région s’en sort bien. Une dizaine d’entreprises fabriquent des bâches pour tous les usages, des toiles pour les abris d’auto, des auvents, des sacs, des glisse-neige en toile et bien d’autres articles de ce genre.

Par ailleurs, on ne compte pas non plus le nombre de petites entreprises de broderie qui ont pignon sur rue ou qui fonctionnent à même les sous-sols des maisons. Ce sont ces petits sous-traitants qui sont la pire concurrence pour Création style plus.

Conférence régionale des élus de Lanaudière

La débandade du secteur du vêtement est telle qu’il est bien loin d’un portrait tracé, il y a trois ou quatre ans, par la Conférence régionale des élus de Lanaudière (CRÉ). Dans un document référence en vue d’un plan de développement pour 2007-2012, les chiffres indiquent que le secteur du textile va bien dans les MRC d’Autray et des Moulins. Force est de constater que ce n’est plus du tout le cas.

«En 2004, il y avait six entreprises qui embauchaient 115 employés. En 2007, les six entreprises étaient encore là, mais embauchaient une cinquantaine de personnes. L’hécatombe s’est poursuivie cette année lorsque deux entreprises ont fermé», mentionne Pierre Daviault, commissaire industriel au CLD des Moulins.

Dernière fermeture en date, création Dades située à Saint-Paul. Cette entreprise, qui a vu le jour il y a 31 ans, avait comme mandat d’assembler des costumes de bain. Mais la faillite du fabricant Baltex et son rachat par la suite par d’autres intérêts ont sonné le glas de cette compagnie.

«Nous avons perdu notre principal client, Baltex, qui a été racheté par Christina. Cette dernière compagnie va en Chine pour la confection des costumes de bain», raconte Sylvie Roy, qui a bien voulu parler de cette entreprise en l’absence de son frère, Daniel Roy, le dirigeant de Dades.

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