À la Banque de Montréal, l’économiste Alex Koustas indique que le début de l’année fut plutôt difficile. « Les exportations ont pris plus de temps que prévu à démarrer. Mais les derniers résultats démontrent que les choses commencent à s’améliorer non seulement dans le secteur manufacturier, mais aussi pour les exportateurs. »
À son avis, la vigueur de l’économie américaine et la dévaluation du dollar canadien sont les principales raisons d’une reprise si timide soit-elle.
Chez Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), la question que se pose son président, Éric Tétrault, est de savoir si les entreprises ont réellement tiré avantage de ces deux facteurs. Et la réponse est non. Trois raisons en seraient la cause :
Les soubresauts de l’économie mondiale de ces dernières années. « Je remarque que les manufacturiers québécois demeurent prudents face à la conjoncture économique. Pour développer de nouveaux produits, la stabilité économique doit être au rendez-vous. Ce qui n’est pas le cas ici. Est-ce que cette situation va changer ? Tous n’en sont pas convaincus encore. Il faudra attendre une certaine période pour voir les résultats. »
Un second facteur viendrait expliquer la raison pour laquelle les exportations ne sont pas au rendez-vous. « Le marché américain n’absorbe pas autant les manufacturiers canadiens en raison de la faiblesse non seulement de notre devise, mais de l’ensemble des autres monnaies à travers le monde. Les autres pays ont les mêmes avantages concurrentiels que nous comme c’est le cas avec le peso mexicain. »
Une dernière raison réside dans l’histoire du Québec. « Nous accusons toujours un retard en matière d’innovation et de productivité. Et plus nous avançons dans le temps, plus ça va devenir un facteur prépondérant pour expliquer pourquoi nous ne tirons pas avantage à plein des situations qui pourraient nous être favorables. Cette question va prendre de plus en plus de place au fil des ans. »
Pour sa part, Exportation et Développement Canada (EDC) indique que les exportations canadiennes aux États-Unis au cours des huit premiers mois de 2015 accusent un retard de presque 2 % par rapport à la même période l’an dernier.
L’aéronautique et la transformation alimentaire sont les secteurs qui affichent le meilleur rendement en 2015, selon MEQ. Pour la BMO, ce sont tous les secteurs d’activités, plus particulièrement la foresterie et l’automobile qui présentent la meilleure fiche.
Selon MEQ, l’aéronautique et la transformation alimentaire sont les secteurs qui affichent le meilleur rendement en 2015.
Quant au secteur du bois et les produits nécessitant un transport aux États-Unis, l’année 2015 fut quelque peu difficile. Au chapitre des machines-outils et des industries du plastique, caoutchouc et biopharmaceutique, il n’y a eu ni croissance ni décroissance, mais plutôt une certaine stabilité.
Selon Alex Koustas, les taux d’intérêt devraient demeurer stables en 2016, voire en 2017. « En raison de la vigueur du marché immobilier chez nos voisins du Sud, les perspectives s’annoncent très bonnes pour le secteur forestier. Même chose pour les secteurs des machines et des industries de produits lourds. La dévaluation du dollar canadien devrait favoriser l’activité industrielle en accélérant la demande canadienne. »
Chez MEQ, le discours est plus nuancé. « Nous devons passer d’un agenda gouvernemental d’austérité à un agenda économique. Il faut que le signal soit lancé, ce sont nos attentes. Au Canada, les accords de libre-échange doivent poursuivre leur route et il faut continuer de tout mettre en œuvre pour que les ententes aboutissent. »
Éric Tétrault croit que la confiance devrait être supérieure en 2016, mais s’attend à une très lente croissance.
Dans un communiqué, EDC précise que le secteur canadien des exportations s’est considérablement diversifié vers les marchés émergents ces dernières années, et cette tendance devrait se maintenir en 2016. D’à peine 5 % en 2000, la part des exportations canadiennes à destination des marchés émergents dépasse désormais les 12 %.
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